Ça me fait mal de le voir torturé à l'idée qu'il n'ait pas réussi à me protéger. Je pense qu'il ne pourra pas s'empêcher de dire ce genre de chose pendant un moment... Je comprends, cela dit. Il s'était juré pendant des années que je ne serai jamais embarquée dans cette histoire...
J'ai encore une question.
"Sandro, pourquoi tu portes des lunettes ?
- ...Mes yeux sont devenus très sensibles à la lumière du soleil. C'est une partie très vulnérable du corps. C'est la seule qui a été impactée par la marque de Valentino.
C'est arrivé progressivement, comme pour ma mère qui se fragilisait avec le temps. Je n'ai perdu aucune de mes capacités de métamorphe, mais j'ai pris une once de leur vulnérabilité face au soleil.
Ça aurait pu être pire."
Probablement... Je trouve son sort horrible tout de même, mais il semblerait qu'il ait trouvé la résilience. Ça fait si longtemps qu'il va tout ça...
Je continue :« Quand tu as commencé cette conversation, tu envisageais qu'on s'éloigne l'un de l'autre ?
Je refuse de faire ça. Même avec le risque que ça comporte, je ne veux pas qu'on arrête de se voir.- Non, je n'ai pas envisagé qu'on se sépare définitivement. Cette option n'est plus envisageable, désormais...
Ce que j'ai voulu dire, c'est que cette journée que nous partageons aujourd'hui, de façon libre et légère, sera probablement la dernière.
Car à partir de maintenant, nous devrons nous cacher, à tout prix.
Je sais que je ne peux plus prendre la décision de t'écarter de ma vie pour de bon. Le lien se ferait sentir, nous aurions souffert physiquement et psychologiquement de l'éloignement.
Nous souffrions déjà... même avant de se marquer l'un l'autre.
En reparlant de la lumière du soleil, ça me rappelle que nous sommes, en théorie, assez libre des vampires en pleine journée. Mais nous ne pourrons jamais nous voir de nuit. Le clan de Valentino va comprendre tout de suite que je suis marqué, il vont le sentir immédiatement, et ils feront tout pour te trouver.
Je te conseille également de ne jamais être accompagnée par ta famille, ou tes amis, la nuit. Si par malheur, ils parviennent à te localiser, ils te mettrons la main dessus en supprimant sans scrupule tout obstacle sur leur passage.
Je veux croire qu'ils ne te feront pas de mal directement, parce que j'ai aujourd'hui un rang important, mais je ne garanti pas le sort de tes proches s'ils se trouvent sur leur chemin.
Avant la nuit, tu dois rentrer chez toi, seule. Inutile de prévenir ton père, ou ton frère, ou encore, Calvin... Connaître l'existence de cette menace les mettrons en danger, ainsi que leurs proches les plus vulnérables. Je connais la réputation de William et Stan Dern, ils vont vouloir te protéger jusqu'à la mort, alors qu'ils ne peuvent techniquement rien faire.
C'est à moi de te protéger. Si je ne peux pas le faire, personne ne le pourra. N'impliquons pas plus de personnes innocentes dans l'affaire.
Tu dois dire à James que tu ne me représentes plus, que tu as été manipulée, tout comme mon père qui ne savait rien. Et que j'ai disparu... À partir de là, ma tête sera mise à prix, mais nous n'avons pas le choix.
Nous allons avoir une vie très difficile, Louisa.
Je viendrai te voir, en journée. Je serai discret, autant qu'un criminel recherché... Tu ne sauras pas quand ni où me retrouver, c'est moi qui te trouverai. Cache ta marque, dissimule mon odeur. Si on ne t'approche pas de trop près, tu devrais arriver à garder ton secret.
Reprend ta vie comme si de rien était, ton boulot, tes habitudes, à la seule différence que tu ne pourras pas sortir la nuit, c'est trop risqué. Tu peux continuer à chanter si ça te fait du bien, mais tu devras le faire en plein jour.
- Ce n'est pas la même ambiance. Non, je ne vais plus chanter, c'est tout. Ce n'est pas grave. Nous, c'est plus important.
- Je suis désolé... J'ai tellement voulu éviter de t'imposer ça... Ta vie va changer, tu vas te sentir en danger en permanence... tu t'es retrouvée dans un piège, sans en avoir la moindre idée. Moi, ton compagnon, je t'ai piégé.
- Arrête de voir les choses de cette façon. Tu l'as dit, notre espèce fonctionne par deux. Nous ne pouvons « fonctionner » l'un sans l'autre. Je préfère vivre cette épreuve, aussi longtemps qu'il le faudra, que de ne jamais avoir vu ton vrai visage, Sandro. »
Il ne répond pas, mais son regard est doux. Le regard de mépris qu'il m'avait toujours adressé n'est plus. Je vois aujourd'hui les yeux d'un partenaire comblé d'être enfin entier. Nous sommes un.
Cette journée est évidemment passée à une vitesse injustement folle.
Nous avons profité l'un de l'autre autant que possible. J'ai passé mes dernières heures à ses côtés, dans ses bras... Nous avons ri, nous avons parlé, nous nous sommes donné autant d'affection que possible, baignés par le sentiment que nous ne seront plus jamais aussi sereins qu'aujourd'hui.
Cet état d'esprit nous rends encore plus fous l'un de l'autre. Nous n'arrivons pas à ne pas nous embrasser pendant plus de cinq minutes, et quand nous nous embrassons, notre envie intense de l'autre nous fait immédiatement basculer dans le plaisir de chair. Je n'ai jamais eu autant d'orgasmes en vingt-quatre heures, je me sens proche d'un record national...
Je veux passer ma vie dans son étreinte... Le lien nouvellement consolidé me pousse à vouloir respirer l'odeur de sa peau continuellement. Il est réellement mon obsession à présent. Tout son récit n'a rien enlevé de mon désir pour lui.
J'ai dû quitter Sandro, en pleurs.
Il m'a raccompagné jusqu'à ma voiture, nous nous sommes enlacés aussi fort que possible pendant de longues minutes. Nous nous sommes encouragés mutuellement pour cette nouvelle vie pleine de défis mais qui en vaut largement la peine.
Il m'a promis de venir me retrouver aussi souvent que possible, et j'espère de tout mon cœur qu'il tiendra cette promesse. Car je suis déjà la tristesse incarnée, seule ici dans mon appartement désespérément vide de sa présence.
Je ressens déjà la douleur de son absence comme une partie de moi qu'on déchire. Je le cherche instinctivement chaque minute, avant de me rappeler que ma vie sera dorénavant faite de ce sentiment permanent d'attente... Je vivrai chaque jour dans l'attente qu'il vienne réconforter mon cœur avec son étreinte, avec ses mots, avec son odeur...
Mon sort en est ainsi, je dois l'accepter. Malgré tout je m'efforce de voir la situation de manière positive. Un rayon de soleil surgira à un moment de ma journée, pour me rappeler que je ne serai plus jamais seule. Et je remercie la Déesse pour ça.
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Destins liés, 1. Rejetée
ParanormalLouisa aurait pu s'estimer chanceuse de rencontrer son compagnon avant l'heure, mais malheureusement, lui n'est pas décidé à accepter leur lien. Le rejet la hantera malgré le temps et sa détermination à se relever. Car en effet, il a certes préféré...