Chapitre 4 - Selfishness must always be forgiven

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Bonjour ! 

J'ai décidé de poster un nouveau chapitre aujourd'hui parce que... j'en avais trop envie (et c'est une excellente raison). Je vais essayer de poster deux fois par semaine quand j'en aurai le temps, et sinon on restera sur le vendredi ! J'espère que ça vous conviendra :) 

Bonne lecture ! 

*

23 juillet 1994

Remus caressa le papier crème du bout des doigts, les yeux fixés sur les mots qui habillaient la page du livre qu'il tenait entre ses mains.

Selfishness must always be forgiven you know, because there is no hope of a cure, murmura-t-il à voix basse, remuant ces paroles dans son esprit.

Elles résonnaient étrangement en lui sans qu'il ne sache vraiment dire pourquoi. Il était tombé sur cette phrase par hasard, s'égarant un peu trop longtemps dans le roman qui la contenait, et il se retrouvait désormais à la méditer avec la désagréable impression qu'il en manquait le véritable sens. Il referma le livre et contempla la couverture. Le titre - Mansfield Park - s'affichait en lettres brunes sur la couverture glacée. Ce n'était pas le genre de lecture que Remus appréciait. D'ailleurs, si Sirius ou James avaient pu le voir là, à lire du Jane Austen, ils se seraient incontestablement moqués de lui. Quoique James ne l'aurait sans doute même pas connue. C'était la couverture, en réalité, qui l'avait conduit à ouvrir le livre à une page au hasard et à la parcourir rapidement. Elle représentait le portrait d'une femme au regard vague qui lui avait brièvement rappelé l'un des tableaux qui se trouvaient dans le couloir de son ancien bureau à Poudlard. Ce n'était pas un beau tableau, mais cela avait suffi à attiser la curiosité de Remus. Il fallait dire que, depuis qu'il avait décroché de poste d'homme à tout faire dans la petite librairie d'occasion de Smith Street, il passait le plus clair de son temps à hasarder de livre en livre d'un air curieux. Il glissa le roman dans son rayonnage, à sa juste place, et se remit à la tâche. Un énorme carton de romans à ranger se trouvait à ses pieds et il doutait fort de trouver la place de les caser tous. La librairie était petite et des livres y étaient entassés jusqu'au plafond, tant et si bien qu'il était presque impossible d'y trouver ce que l'on souhaitait. Cela pouvait avoir un charme, mais nombreux étaient les clients qui s'étaient plaints d'avoir un livre en tête et d'être incapables de savoir où chercher. Le gérant de la boutique et son employé étaient tout aussi incapables d'aiguiller les clients en quête de lecture et Remus s'était mis en tête de mettre un peu d'ordre dans tout ça. Parce que, eh bien... il aimait l'ordre. D'une certaine manière. Il aimait en tout cas savoir où chercher les choses. Puisqu'il avait été embauché en grande partie pour ranger et nettoyer la boutique, autant qu'il le fasse bien. Depuis qu'il avait commencé, près d'un mois plus tôt, il se traînait un mal de dos désagréable qui le faisait presque regretter de s'être lancé dans une tâche pareille. Mais Remus devait bien admettre que cette tâche, presque utopique et insurmontable, lui occupait l'esprit. C'était exactement ce dont il avait besoin depuis que Sirius avait quitté le pays. Il devait faire quelque chose de ses mains et de son corps pour ne pas ruminer et il devait également, accessoirement, payer son loyer (qui était affreusement cher pour un studio miteux dans le centre de Londres). D'une certaine manière, Remus ne pouvait que se féliciter d'avoir réussi à décrocher un emploi aussi vite. Certes, c'était un emploi moldu, ce qui avait toujours été beaucoup plus facile à trouver un emploi sorcier et qui l'était d'autant plus depuis qu'il s'était inscrit au registre des loups-garous. À ce propos, Remus avait dû trouver une excuse pour justifier qu'il doive prendre des congés trois jours par mois, tous les mois mais, contre toute attente, le gérant de la librairie n'avait posé aucune question. C'était un homme un peu excentrique, souvent à côté de la plaque, si bien que Remus s'étonnait que son commerce tienne encore debout après toutes ses années. Il était à peu près sûr d'avoir aperçu une pile de factures même pas décachetées entre deux rayonnages. Toujours était-il que l'homme l'avait embauché sans poser de questions, sans s'intéresser à ses qualifications, et qu'il n'avait jusque-là rien eu à redire sur le travail de Remus. C'était... idéal, en somme. Remus était soulagé de pouvoir s'éloigner un peu d'un monde sorcier qui ne voulait de toute façon plus de lui que pour l'enfermer dans les cellules du ministère une fois par mois. Chez les moldus, la vie était plus tranquille. Il pensait moins à toutes ces choses qui lui torturaient l'esprit. Il était presque dans le déni. Mais il ne pensait pas moins à Sirius, non. Cela aurait été impossible. Depuis que l'homme s'était envolé un mois et demi plus tôt, ils s'étaient échangé des missives régulières bien que celles-ci mettent un temps fou à arriver. Sirius n'avait pas pu dire à Remus précisément où il s'était caché, mais compte-tenu de l'intervalle entre deux lettres et des oiseaux qui transportaient ses derniers, Remus était à peu près sûr qu'il se trouvait quelque part au sud de l'Amérique. Le savoir aussi loin était à la fois rassurant et déchirant. Dans ses premières lettres, Sirius n'avait cessé de lui demander de le rejoindre. Et puis il avait arrêté.

Les temps perdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant