Chapitre 39 - Dans l'abîme

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Bonjour bonjour ! 

Je sais, tout ça n'est pas très gai, en ce moment Remus est dans une mauvaise passe... Mais que voulez-vous, tout ne peut pas toujours être tout rose ! J'espère que vous appréciez toujours votre lecture en tout cas :) 

*

CW : alcoolisme

15 juin 1995

Remus fut réveillé par des coups sonores frappés à sa porte. Il avait la sensation que ce bruit résonnait à ses oreilles depuis un moment déjà, comme si on s'était acharné sur le pauvre battant de bois depuis plusieurs longues minutes avant qu'il émerge du sommeil. Il cligna des yeux, aveuglé par la lumière du jour qui baignait son appartement dans un clair désagréable. Il repoussa les couvertures qui étouffaient son corps transpirant. Sa tête lui faisait mal, comme s'il avait dormi trop longtemps, comme si le sommeil avait écrasé son corps de tout son poids. Sans doute avait-il dormi longtemps, d'ailleurs, car il mourrait de faim et de soif, ses lèvres étaient sèches, et la lumière qui noyait son parquet était jaune, chaude, caractéristique de la pleine après-midi. Les coups s'interrompirent brièvement et une sonnerie se mit à résonner dans l'appartement, étouffée, sourde. Remus mit quelques instants à comprendre qu'il s'agissait de son téléphone portable, qu'il avait rangé dans un des tiroirs de son bureau avant de se rendre au ministère.

Le ministère. Les souvenirs de ce qui s'était passé lors de la pleine lune lui revinrent, brutaux, violents. Sa sensation de faim et de soif se transforma en nausée. Lorsque la sonnerie s'interrompit, elle fut remplacée par de nouveaux coups frappés à la porte.

- Remus ! appela une voix familière de l'autre côté. Remus, t'es là ?

Les coups redoublèrent de force.

- Remus, réponds-nous ! s'exclama une autre voix.

C'était Ella. Elle était manifestement accompagnée d'Evan. Remus songea que s'il les laissait frapper assez longtemps, ils finiraient par se laisser et par partir. Son téléphone sonna à nouveau. Sans doute étaient-ils inquiets. Pourquoi s'inquiétaient-ils pour lui ? Il ne méritait pas cette inquiétude. Mais eux ne méritaient pas de se faire un sang d'encre non plus, alors Remus ordonna à ses jambes de se mouvoir et il se força à se lever. Il fut pris d'un vertige lorsqu'il se mit debout et dut se rasseoir brièvement. Son pied heurta une bouteille en verre qui chuta contre le parquet avec un bruit sourd. Remus baissa les yeux pour découvrir une bouteille de Whisky moldu, à demi-vide. Il se sentait vidé. Vidé, et épuisé, malgré toutes les heures de sommeil accumulées. Est-ce qu'il avait bu ? Sans doute. Quand avait-il bu ? Il ne s'en souvenait même pas. Cela faisait près de cinq ans que Remus n'avait pas bu seul.

Lorsqu'il ouvrit la porte, Remus fit face à Ella et Evan, la mine inquiète.

- Putain, lâcha Ella en s'avançant vers lui. Pourquoi tu ne répondais pas ?

- Tu vas bien ? s'inquiéta Evan en scrutant son visage.

Remus supposa qu'il devait avoir une mine épouvantable. Il n'avait pas ôté ses vêtements de pleine lune, qui devaient puer la sueur, le sang, un relent animal et étranger.

- Ouais, marmonna-t-il. Désolé.

Sa voix était rauque, sèche.

- Je suis malade, ajouta-t-il pour se justifier.

Il vit Ella balayer l'appartement du regard, s'attarder un instant sur le lit défait, puis sur la bouteille de Whisky couchée sur le flanc.

- Tu dormais ? demanda-t-elle.

Remus hocha la tête, l'estomac lourd.

- Désolé, on s'inquiétait, ça fait deux jours que tu ne réponds pas au téléphone, dit Evan.

Les temps perdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant