Chapitre 30 - Une visite impromptue

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Hello ! 

J'espère que vous allez bien en ce début du mois de novembre ! De mon côté, vous l'aurez remarqué, j'ai pris de petites vacances, mais me revoilà ! 

J'espère que vous apprécierez les chapitres à venir ! 

Bonne lecture :)

*

Mi-janvier 1995

Remus n'avait pas réalisé tout de suite qu'ils avaient changé d'année. Il lui avait fallu attendre la mi-janvier pour poser les yeux sur un calendrier et se rendre compte qu'ils étaient désormais en 1995. Remus n'avait jamais fait grand cas du temps qui passe ou, plutôt, il s'était toujours efforcé de ne pas trop y penser. Il se connaissait assez pour savoir que la nostalgie était un poison dont il ne voulait pas dans ses veines (bien qu'elle s'y insinuât régulièrement malgré lui). Mais il y avait une chose étrange, cette fois, à l'idée d'être désormais en 1995 : c'était le constat du déroulement de l'année 1994. Cette année-là avait été si tortueuse, si remuante, si riche en changements et en rencontres et en découvertes et en émotions que Remus avait fini par être persuadé qu'elle ne s'arrêterait jamais. Le temps avait forcément dû être perturbé dans son déroulé pour que tant de choses puissent se tasser en une seule et même année. Et pourtant, le passage à l'année 1995 avait été la preuve indéniable que le temps n'avait pas changé de rythme. L'année 1994 était derrière lui et il la regardait avec la drôle d'impression qu'elle n'avait pas été réelle.

Ç'avait été l'année de ses retrouvailles avec Sirius.

Mais cela avait aussi été l'année où il avait un trouvé un travail qu'il espérait de long terme, l'année où il avait loué un appartement qu'il espérait de long terme, l'année où il s'était fait des amis qu'il espérait - ardemment - de long terme.

Tout cela était si inhabituel et si nouveau, après treize ans de vide, qu'il peinait à croire que c'était la réalité. Peut-être finirait-il par se réveiller. Peut-être n'était-ce qu'un très, très long rêve.

Pourtant, ce fut bien d'un rêve qu'il s'extirpa ce matin de janvier, le lendemain de son étrange réalisation temporelle, dans des draps chauds et moelleux, contre le corps chaud mais néanmoins moins moelleux de son partenaire de lit. Sirius ronflait à côté de lui. Il avait l'avant bras posé son front dans une position qui tendait sa peau sur ses côtes, faisant onduler le tatouage alambiqué qui courait sur son torse. Ses cheveux dissimulaient presque tout son visage, tombant entre ses lèvres et sur ses paupières. Comme souvent, Remus s'arrêta un instant pour le regarder. Cela faisait deux semaines que Sirius avait passé le pas de la porte de son studio, le soir du nouvel an. Il n'en était plus ressorti. On pouvait dire que Remus s'était largement ramolli. Il avait rechigné à ce que Sirius termine sa nuit chez lui après leur soirée chez Mark, et il avait eu raison : dès le lendemain matin, le trouvant endormi à côté de lui, il avait été incapable de le forcer à retourner à la grotte. Remus savait ce qui était en train de se passer. Après un voyage vers le nord de l'Écosse sans croiser un Auror, après une soirée sans embûches au cœur de Londres, ils baissaient tous les deux la garde. Plus le temps passait, moins ils étaient vigilants, et Remus savait qu'adviendrait un moment où ce manque de vigilance leur serait fatal. Cette pensée tournait en boucle dans son esprit, l'empêchant de dormir sereinement, se rappelant à lui dans des moments inopportuns, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Pourtant, il ne faisait rien. Il repoussait ces pensées dans un coin sombre de son cerveau, où se trouvaient déjà un milliard d'autres pensées désagréables qu'il avait reléguées là pendant des années. Et puis il claquait la porte de cette partie de son esprit et y plantait une chaise devant pour éviter que tout cela ne sorte. Ce qui n'empêchait pas lesdites pensées de faire un raffut phénoménal en tentant de s'échapper.

Les temps perdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant