Chapitre 27 - Aux oubliettes

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Bonjour bonjour ! 

Dans le chapitre précédent, Remus se retrouvait nez à nez avec Fenrir Greyback... Voilà qui n'était pas très réjouissant ! C'est l'heure de savoir comment il s'en sort à présent :) 

Bonne lecture ! 

*

24 décembre 1994

De loin, le visage de Fenrir Greyback lui avait paru menaçant mais vague, presque celui d'un fantôme dans le reflet du feu de joie. Les ombres qui avaient dansé sur son visage l'avait dépersonnalisé, relégué au rang de simple silhouette, comme Remus l'avait tant de fois vu dans les coupures des journaux dans lesquels il le traçait à l'époque. Désormais qu'il se tenait devant lui, son corps avait pris une réalité terrifiante. Remus avait eu l'impression que l'ombre était tombée sur lui, que Fenrir le dominait, mais en réalité, les deux hommes faisaient la même taille (il était rare que quiconque ne dépasse Remus). C'était son aura qui le dominait, sa large carrure, ses épaules deux fois plus grandes que les siennes. Remus avait cru ne jamais le rencontrer, mais il avait tout de même fantasmé cette rencontre, et il avait espéré être capable de cracher au visage de l'homme. Il n'en fit rien. Il resta muet, quelque chose l'empêchant de bouger, une peur profonde, un instinct de survie, peut-être.

- J'ai souvent entendu parler de toi, dit Greyback, dévoilant des canines pointues, si pointues d'ailleurs qu'on avait l'impression qu'elles avaient été volontairement limées (et peut-être que c'était le cas, songea Remus avec horreur).

Greyback était connu pour aimer mordre, et pas seulement pendant la pleine lune.

- Qu'est-ce que tu fais là, mon enfant ?

Ces termes, mon enfant, firent grandir l'effroi qui s'était logé dans la poitrine de Remus. Il voulut lui répondre qu'il n'était pas son enfant. Que son vrai père, à lui, était mort à cause de tout cela, de la lycanthropie. Qu'il ne l'ait jamais véritablement aimé n'y changeait rien ; il ne voulait pas de Greyback comme père non plus. Mais il ne pouvait rien répondre, il était figé. La seule chose que son cerveau était capable de penser était : comment vais-je me sortir de là ? Et aussi, brièvement : où est Sirius ? Loin, espérait-il. Greyback le contempla et eut un sourire amusé.

- J'ai lu tes prouesses dans les journaux, tu sais. Ton exclusion de Poudlard t'a-t-elle ouvert les yeux sur l'injustice de notre monde ? Sur leur injustice ?

- C'est moi qui ai démissionné, répondit Remus, ouvrant la bouche pour la première fois.

Greyback eut un rire sonore.

- En es-tu fier ?

- Non, admit Remus, la gorge nouée.

- Il fallait s'y attendre, en leur léchant les bottes comme tu l'as fait en acceptant ce poste.

Remus ne répondit pas.

- Je ne t'en veux pas, tu sais, reprit Greyback, sa lèvre supérieure se retroussant à chaque syllabe. Grandir dans leur monde laisse des traces.

De la bile sembla remonter dans la gorge de Remus. Ce terme, traces, était à la fois précisément bien choisi et ironique. De quelles traces parlait-il, au juste ? Des cicatrices qui marquaient son visage ? De la douleur, plus profonde et invisible, qui avait indéniablement marqué ses entrailles ? De la pauvreté et la misère, qui étaient encore visibles dans la maigreur de Remus ? Ou bien de ces traces, ces marques de canines, au creux de son cou, celles qui avaient induit toutes les autres ?

- Je me souviens de toi, dit Greyback. Je m'en souviens parfaitement. Et de ton père. Comment peut-on vivre avec un père qui nous méprise à ce point, Remus ? N'as-tu jamais eu envie de rejoindre ta vraie famille, le seul endroit où tu serais considéré, aimé, apprécié à ta juste valeur ?

Les temps perdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant