Chapitre 29 - Hello 1995

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Bonjooour !
L'heure de la rencontre est venue. Il est temps que Sirius fasse connaissance avec les amis de Remus... Alors à votre avis, dans ce Round 1 du combat Evan-Sirius, qui sortira vainqueur ? J'attends vos paris en commentaire !

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CW : alcool

31 décembre 1994

Dumbledore avait fait grand cas des informations rapportées par Remus et une partie de lui s'en était réjouie, fière d'avoir pu aider l'homme qu'il ne pouvait s'empêcher d'admirer. Le directeur de Poudlard lui avait promis de tenir compte de l'existence de ces groupes de loups activistes et qui s'opposaient à la magie noire dans sa lutte contre Voldemort, et Remus l'avait cru. Il n'avait cessé de se demander, depuis, comment allait Finn et où se trouvaient les trois fugitifs qu'ils avaient oubliettés, mais il s'efforçait de ne pas trop y penser. Il avait fait sa part du travail, il les avait libérés, c'était désormais à eux de se débrouiller pour rester libres. Pour son plus grand soulagement, Dumbledore n'avait pas mentionné la moindre nouvelle mission pour lui. Il s'était contenté de le remercier pour son travail et de le lui souhaiter une bonne fin d'année. Remus en avait profité pour demander des nouvelles de Harry, bien sûr, et le vieil homme lui avait assuré que tout allait bien pour lui. Aucun événement notable n'avait eu lieu à Poudlard pendant leur petit voyage, et seules les festivités de Noël venaient troubler la relative quiétude du château.

Remus et Sirius avaient passé les trois jours qu'il leur restait avant le nouvel an tous les deux, entre la caverne et la forêt. Ils avaient parlé, fait l'amour, mangé, refait l'amour, évoqué des souvenirs de Poudlard, s'étaient inquiétés pour Harry, refait l'amour, et avaient dormi. Et puis, rapidement, la nouvelle année était arrivée. Remus devait admettre que la perspective de cette soirée le stressait. Sirius était surexcité, bien sûr, et il ne voulait pas tempérer cet enthousiasme retrouvé, mais il avait la certitude de plus en plus forte que ce qu'ils faisaient était suicidaire. Il essayait de se raisonner, puis essayait carrément de ne pas y penser, sans succès. Il avait envoyé un message à ses quatre amis pour les prévenir qu'il serait rentré à temps pour la fête et leur demander l'autorisation d'amener quelqu'un. Naturellement, tous avaient accepté, Ella plus que tous les autres, et nul n'avait posé de questions pour l'instant. Mais Remus savait que viendrait un moment où il devrait trouver quelque chose à raconter à Evan, Mark et Micaela, et que ce quelque chose serait un mensonge. Il avait déjà élaboré avec Sirius une version simpliste de leur histoire à leur fournir : ils avaient été amis d'enfance, avaient eu une histoire à l'adolescence, puis s'étaient perdus de vue, chacun prenant un chemin d'études différents, et avaient fini par se retrouver par hasard à Londres quelques mois plus tôt. Il faudrait juste qu'ils jonglent entre leurs différentes versions, d'Ella qui savait que Sirius était en cavale à Evan qui savait qu'il s'agissait de quelque chose de plus complexe que de simples retrouvailles fortuites.
- On dira que je suis parti jouer dans un groupe pendant treize ans, avait déclaré Sirius la veille, lorsqu'ils avaient peaufiné les détails de leur mensonge.
- Non, n'importe quoi. On dira que tu étais parti étudier... je ne sais pas moi, l'histoire. Les maths. Un truc moldu.
- Les maths ? Tu déconnes, j'espère. Je n'ai même jamais fait d'arithmancie. Non, le groupe, c'est très bien.
Et ils s'étaient chamaillés ainsi jusqu'à se mettre d'accord sur une version alternative dans laquelle Sirius était parti étudier l'histoire ET faire de la musique en France, et était revenu l'année précédente en Angleterre. Remus avait également été contraint de se rendre dans Londres pour acheter la foutue veste en cuir réclamée par Sirius, qui avait menacé de le ridiculiser devant ses amis s'il refusait. Il avait accepté uniquement parce qu'il trouvait que le cuir le rendait extrêmement sexy.
- Refais-moi un topo, déclara Sirius en peignant ses cheveux du bout de ses doigts.
- Mark, assistant dans une maison d'édition en attendant de trouver un meilleur poste.
- Érotique, la maison d'édition.
- Détail, répliqua Remus.
- Pas pour moi.
- Ella, prof de littérature à la fac en attendant de publier un bouquin.
- Beaucoup de "en attendant" si je comprends bien, remarqua Sirius.
- Ne t'avise pas de leur dire ça.
Sirius leva les mains, innocent.
- Bien sûr que non, tu me connais.
- Evan, libr-
- Evan j'ai, c'est bon, coupa Sirius d'un ton catégorique.
Remus leva les yeux au ciel mais ne releva pas.
- Micaela, employée d'une boîte de comm mais j'ai jamais compris ce qu'elle faisait exactement.
- Avec qui tu as couché.
- Quel est le rapport ? répliqua Remus.
Sirius haussa les épaules avec un sourire amusé.
- Tu as ramené mon eye-liner ?
Remus poussa un petit soupir mais il fouilla tout de même dans son sac à la recherche du petit tube noir.
- Tu ne peux pas savoir combien j'ai galéré à trouver ce truc.
- C'est la fête. Tu sais depuis combien de temps je n'ai pas fait la fête ?
- On ne sera que six, tu sais.
- Peu importe la taille du public, répliqua Sirius en débouchant le tube d'eye-liner.
Et, simplement parce qu'il ne l'avait plus vu porter ce type d'attrait depuis treize ans, Remus le laissa faire sans protester davantage, attendri. Au final, Sirius s'était largement plus apprêté que lui, qui s'était contenté d'un pantalon droit et d'une chemise à carreaux. Lorsqu'il le contempla, debout dans la caverne, un large sourire aux lèvres, visiblement surexcité à l'idée de sortir de là pour aller faire la fête, Remus le trouva beau. Incroyablement beau. Il était à deux doigts de le saucissonner pour le garder avec lui au lieu d'aller le partager avec ses quatre amis. Vers dix-neuf heures, ils sortirent de la grotte et se retrouvèrent debout dans le froid, trop peu habillés pour le temps. Il faisait déjà nuit noire depuis un bon moment.
- On va transplaner jusqu'à la rue adjacente à l'appartement de Mark et tu te changeras en chien jusqu'au pas de la porte, dit Remus.
- Je sais, je sais, on a déjà parlé de ça dix fois. Allez, on y va ?
Sirius trépignait comme un enfant. Ils s'aggrippèrent l'un à l'autre, bras dessus bras dessous et, avec toute la concentration dont il était capable, Remus transplana. Le transplanage d'escorte lui avait toujours posé davantage de problèmes que lorsqu'il était seul mais il fallait croire qu'une grande part de lui avait également envie de faire la fête car il atterrit exactement à l'endroit qu'il avait visé. Une ruelle se matérialisa devant lui et il se tourna prestement vers Sirius, mais celui-ci avait déjà pris l'apparence de Patmol. Remus se crispa en constatant combien les rues alentours étaient passantes, mais cela n'avait rien d'étonnant, en réalité ; le jour du nouvel an, Londres était comme un volcan en éruption. Ils débouchèrent sur le boulevard adjacent. De la musique s'échappait des multiples fenêtres ouvertes, des groupes d'amis, de familles traversaient les rues d'un pas plus ou moins pressé, qu'ils se rendent dans un immeuble ou qu'ils aient prévu de faire la fête dehors. Ils étaient loin des quartiers festifs où se trouvaient bars et boîtes mais Londres ne dormait jamais. Remus avisa la rue d'un air un peu nerveux, mais nul ne prêtait attention au chien noir qui le suivait. Il n'était jamais allé chez Mark. Il était déjà passé devant son immeuble à deux reprises, lorsqu'ils l'avaient raccompagné chez lui après une soirée plus ou moins arrosée, mais il n'en avait jamais passé la porte. C'était lui qui avait l'appartement le plus grand, et c'était donc chez lui qu'ils avaient décidé de fêter la nouvelle année.

Les temps perdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant