Chapitre 10 - La caverne

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Bonjoooour ! 

Chose promise chose due, Sirius Black, troisième du nom, est de retour ! Comment on gère des retrouvailles avec un homme en cavale dont on est encore amoureux ? Eh bien... on se débrouille. 

J'espère que ça vous plaira, 

Bookastic

*

1er octobre 1994

Remus se réveilla, contre toute attente, moins angoissé que la veille. Le souvenir de sa crise de panique le couvrait désormais de honte et il avait la singulière impression qu'il en avait fait beaucoup trop. Il repensa à Ella, qu'il avait dérangée en pleine journée, et à Evan, qui était allé lui chercher du thé en vitesse, et il se sentit mi-honteux, mi-coupable. Il s'efforça de ne pas trop y penser lorsqu'il s'engouffra dans sa salle de bain pour se préparer. Il avait paniqué, voilà tout. Cela arrivait à tout le monde. Et puis, il avait dormi et il s'était résolu à se réjouir du retour de Sirius, car il y avait quand même pire dans la vie que d'être amené à revoir une personne chère disparue pendant douze ans.

En réalité, Remus espérait que ses craintes seraient balayées dès son arrivée à Pré-au-Lard. Il espérait que, comme en juin, il lui suffirait de revoir Sirius pour que tout redevienne normal et naturel, fluide, comme c'était le cas avant la mort de James et Lily.

Il s'habilla, en apportant un peu trop de soin à son apparence pour un homme qui se rendrait bientôt dans une caverne en plein cœur de l'Écosse. Il enfila le tee-shirt de David Bowie que lui avait offert Sirius, même s'il n'était pas certain que ce dernier s'en souviendrait et qu'il trouvait cela un peu ridicule. Il mit une veste par-dessus (porte de secours), enfila ses lunettes de soleil et glissa dans son sac un sandwich, un paquet de pain de mie et une bouteille de jus d'orange, qui étaient les seules choses encore en vie dans son frigo mais qui conviendraient sans aucun doute à Sirius. Sur ce, il sortit de son appartement, s'efforçant de ne pas laisser son esprit l'emporter trop loin. Pour se rendre de Londres à l'Écosse, il lui faudrait transplaner à plusieurs reprises, car il ne se faisait pas vraiment confiance pour parcourir une aussi grande distance en une fois. Il avait réfléchi à quelques points stratégiques qu'il connaissait assez bien pour les visualiser correctement et il s'enfonça dans une petite ruelle derrière son immeuble. Avec un Crac sonore, Remus transplana jusqu'à Birmingham, non loin d'un corps de ferme à côté duquel il avait campé avec ses grands-parents maternels, l'été qui avait précédé son entrée à Poudlard (et avant que ceux-ci ne décèdent dans l'incendie de leur maison, l'année suivante). Puis, avec un nouveau craquement sourd, il transplana dans la région de Leeds, où vivait autrefois sa tante paternelle, qu'il détestait et qu'il n'avait plus revu depuis qu'il était en âge de s'opposer à son père (la région l'avait cependant suffisamment marqué pour qu'il s'en souvienne bien). Enfin, Remus transplana dans la campagne Écossaise, au nord de Pré-au-Lard. Il se rematérialisa à quelques pas du village et fut obligé de s'accroupir un instant, très étourdi. Il n'avait pas du tout l'habitude d'enchaîner les transplanages ainsi et la récurrence d'une opération aussi désagréable lui avait retourné l'estomac. Il se félicita de ne pas avoir mangé le matin même. Au bout de quelques instants, il se redressa, chassant d'un battement de cils les étoiles noires qui dansaient devant ses yeux.

Le papier de Sirius, comportant les indications pour se rendre à la caverne, était encore dans sa poche. Il l'en sortit et le relut rapidement, même s'il en connaissait désormais le contenu par cœur. Remus voyait, de manière très vague, la zone dans laquelle il devait chercher. Les Marauders s'étaient souvent aventurés dans la Forêt et aux alentours de Pré-au-Lard et il savait comment se rendre à la lisière est de la première. Il n'avait pas le souvenir d'un ruisseau, cependant, et encore moins d'un arbre à Botrucs. Il se mit en route, marchant un peu au hasard jusqu'à un point de la lisière de la Forêt. Il tendit l'oreille, guettant le son d'un ruisseau qu'il n'entendit pas ou le bruissement des feuilles d'un arbre empli de petites créatures. Il longea la lisière, s'inquiétant soudain de ne pas réussir à trouver Sirius, jetant régulièrement de petits coups d'œil alentour de peur d'être suivi. Il n'y avait personne, cependant. Les lands d'Écosse étaient vides de toute âme humaine, il se trouvait loin des routes et des chemins, de plus en plus loin du village de Pré-au-Lard en lui-même. La silhouette de Poudlard se détachait sur le ciel bleu, majestueuse et fière. Remus eut une pensée pour Harry, qui devait se trouver dans l'une des salles de classe pour le premier cours de sa journée, ou bien quelque part au dehors, dans les serres ou sur le terrain de Quidditch. Il pensa un instant à Maugrey Fol-Oeil, qui devait à présent occuper son ancien bureau, et s'efforça de ne pas trop s'attarder sur cette idée. Et puis, enfin, Remus aperçut un cours d'eau devant lui. Il pressa le pas, suivant le ruisseau en levant le nez vers les arbres. Il savait que les Botrucs élisaient généralement domicile dans les arbres qui étaient les plus prisés par les fabricants de baguettes - bouleau, saule, frêne, chêne... - et la Forêt Interdite était majoritairement constituée de saules de toutes sortes, ce qui n'aidait pas franchement Remus. Il était d'autant plus difficile de se mettre sur leur piste que les Botrucs étaient, par natures, très discrets. Leur apparence leur donnait l'air de brindilles et rendait très facile leur dissimulation parmi les feuilles d'un arbre. Remus soupira. Sirius n'était donc pas très doué pour trouver des indices accessibles. Au bout d'un moment, cependant, Remus aperçut une paroi rocheuse qui s'enfonçait dans la forêt, à deux pas du ruisseau. Fronçant les sourcils, il s'avança vers elle pour la longer un peu et, rapidement, y aperçut une excavation. Il regarda autour de lui. Il y avait pléthores d'arbres et peut-être que l'un d'entre eux comportait effectivement des Botrucs, mais il n'en voyait rien. Il s'avança à l'entrée de la caverne, y grimpa malhabilement. Un homme pouvait s'y tenir debout. L'entrée était grande et tournait rapidement, de sorte qu'on n'en voyait pas le bout.

Les temps perdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant