𝐂𝐀𝐙𝐈𝐄𝐋
Je vais tomber malade, c'est sûr. Je n'arrête pas d'éternuer, et ma gorge commence à gratter dangereusement. Je déteste être enrhumé. Déjà parce que ça m'empêche de respirer correctement, mais surtout parce que ça me rend encore plus fatigué que d'habitude. Et pourtant, c'est de saison. L'automne touche à sa fin, l'hiver approche à grands pas, et dans l'Oregon, l'hiver, c'est une épreuve à lui tout seul. Certes, on peut s'estimer chanceux d'avoir encore de la neige plutôt que de la pluie glaciale en continu, mais ça n'empêche pas le froid de vous transpercer jusqu'aux os.
L'année dernière, en plein mois de décembre, les routes avaient été bloquées par des montagnes de neige qui recouvraient entièrement les rues. Le lycée n'avait jamais été aussi souvent fermé. Et moi qui vis dans les bois, à l'extérieur de la ville, autant dire que venir en cours relevait parfois de l'expédition polaire.
— ATCHOUM !
Mon éternuement résonne dans toute la salle de classe. Quelques élèves sursautent, d'autres ricanent discrètement. Génial. Maintenant, je suis officiellement « l'abruti enrhumé » du jour. Comme si ça ne suffisait pas, je réalise que je n'ai plus de mouchoirs. Évidemment. Je commence à fouiller dans mes poches, espérant trouver un dernier mouchoir oublié... mais mes doigts ne rencontrent que du vide.
— Tiens.
Je relève la tête, surpris. Une main me tend un mouchoir propre, soigneusement plié. Orion Van Der Wynn. Rien que son nom mérite une médaille de courage pour le porter tous les jours. Franchement, je le plains déjà pour ses futurs entretiens d'embauche.
Sérieusement ? Personne dans cette salle n'aurait parié sur ce geste, pas même moi. Orion n'est pas exactement du genre à jouer les bons samaritains. Il parle peu, et quand il ouvre la bouche, c'est souvent pour envoyer balader quelqu'un. Il traîne une réputation pas très glorieuse, et la shérif de la ville a déjà dû l'arrêter pour quelques petits délits. L'année dernière, il a redoublé et se retrouve à refaire sa terminale avec nous.
Et pourtant, là, il est retourner devant moi, un mouchoir à la main.
— Merci, dis-je, un peu bêtement, encore surpris.
Il y a quelque chose chez Orion. Quelque chose que je ne saurais pas expliquer, mais qui m'empêche de détourner les yeux. Une présence. Un magnétisme étrange. Son visage reste impassible, puis il hoche brièvement la tête avant de retourner à sa place. Je me mouche rapidement, tentant d'éviter les regards.
Le cours de M. Langford reprend, mais mon esprit n'y est plus. Les chiffres, les équations, tout ça se mélange dans ma tête sans jamais vraiment s'y poser. Les maths ne sont clairement pas ma matière préférée, mais je n'ai pas le choix. Si je veux décrocher une bourse pour l'université, je dois m'accrocher. Et avec l'équipe de foot, c'est encore plus compliqué de trouver du temps pour bosser. Mon poste de coureur gauche m'a valu une place parmi les titulaires. Je suis rapide, c'est mon principal atout.
La sonnerie finit par retentir, interrompant enfin le supplice. Je pousse un soupir de soulagement en rangeant mes affaires. Pire journée de l'année. Enfin... peut-être pas totalement. En me levant, mes yeux croisent ceux d'Orion. Il m'adresse un sourire discret avant de quitter la salle. Un vrai sourire. Pas moqueur, pas forcé. Juste... sincère.
Peut-être que cette journée n'est pas si terrible, finalement.
— Caz, grouille-toi ! Je veux mes nuggets avant que tu t'évanouisses de faiblesse !
La voix impatiente de Suzane me sort de mes pensées. Ma voisine de table et meilleure amie depuis toujours trépigne déjà dans l'allée, son sac jeté sur l'épaule. Elle a sauté une classe en primaire, ce qui fait qu'à dix-sept ans, elle est déjà en terminale. On se connaît depuis qu'on est gosses, à jouer dans le quartier où on a grandi.
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𝐌𝐈𝐃𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐁𝐋𝐔𝐄
Fanfiction✷ * ⋆ . ·˚ * . Dans une petite ville où tout le monde se connaît, la mort soudaine d'une adolescente vient briser le calme de l'hiver. Une enquête est ouverte, les regards se croisent, les soupçons s'installent, et le silence devient lourd de...
