𝐎𝐑𝐈𝐎𝐍
La sonnerie stridente du lycée traverse les murs comme une décharge électrique et me ramène brutalement à la réalité. Pendant une fraction de seconde, j'avais presque oublié où je me trouvais. Les néons, les tables alignées, l'odeur familière des couloirs, les voix surexcitées des élèves qui s'échappent déjà dans l'agitation de l'interclasse. Retour au quotidien. Retour aux cours. Retour à cette routine absurde qui donne presque l'impression que rien n'a jamais eu lieu, que Lyra n'a jamais existé, que rien ne s'est brisé.
C'est le cours d'anglais. Autrement dit, un supplice parfaitement ritualisé pour mon cerveau déjà saturé. La prof parle, sa voix flotte quelque part entre deux dimensions que je ne fréquente plus vraiment. Mes pensées sont ailleurs, collées à l'image de Caz, à son sourire du matin, à sa manière d'enfiler son sweat trop vite en descendant l'escalier. J'attrape mon téléphone sous la table et je lui envoie quelques messages rapides. Je te rejoins en maths. Survis sans moi jusque-là. Il répond presque aussitôt. Une connerie. Un cœur. Une phrase idiote qui suffit pourtant à me faire sourire comme un ado.
Quand le cours se termine enfin, je sors avec Mari et Roselyn. Elles parlent de je ne sais quoi, probablement de devoirs ou de la soirée du week-end. J'écoute d'une oreille distraite. Puis, au croisement du couloir, elles bifurquent toutes les deux vers leur salle d'histoire. Je me retrouve seul devant mon casier.
Je l'ouvre lentement, sans me presser. Le métal grince. Le froid du casier me mord les doigts alors que je récupère mes cahiers. Et c'est là que je les vois.
Au bout du couloir, trois silhouettes qui ne font pas partie du décor habituel. Costumes sombres. Postures droites. Regards froids. Les agents du FBI sortent d'une salle, encadrant un élève visiblement sous pression. Il baisse la tête, s'éclipse rapidement, presque en courant. Depuis leur arrivée, ils hantent les couloirs comme des ombres malvenues, interrogent, observent, dissèquent les élèves comme s'ils allaient miraculeusement découvrir la vérité sur la mort de Lyra dans les réactions nerveuses d'adolescents.
Peut-être que je ne suis pas objectif. Peut-être que mon dégoût est renforcé par un détail que je n'arrive toujours pas à accepter.
Le chef de cette équipe n'est autre qu'Alexander Jones.
Le père de Caz.
Quand Caz est rentré chez moi après l'avoir revu, il n'a presque pas parlé. Mais je voyais tout. La colère dans ses gestes. La tristesse dans ses silences. Le choc dans son regard. Il évitait soigneusement toute rue où son père pourrait apparaître, toute discussion qui risquait de le ramener à lui. Son père n'était censé être là que pour une chose : résoudre l'affaire de Lyra. Puis repartir.
Et c'était exactement ce que je souhaitais aussi.
Sauf que la réalité s'était montrée plus cruelle. Profitant de l'absence de la shérif, Alexander Jones avait osé se présenter chez Caz. Il voulait s'expliquer. Il avait été surpris de me voir là, mais n'avait rien dit. Et de toute façon, il n'en avait pas eu le temps. Caz lui avait claqué la porte au nez sans une hésitation. Sa mère était arrivée peu de temps après, furieuse. Le message avait été clair.
Je secoue légèrement la tête pour chasser ce souvenir et me dirige vers la salle de maths.
Quand j'entre, Caz est déjà là. À sa place. Juste devant moi. Comme toujours. J'inspire doucement avant de laisser tomber mon sac au sol et de m'affaler sur ma chaise.
— J'ai super faim, je lâche dans un soupir exagéré. Dis-moi que ton cours de bio n'était pas trop soporifique.
Il relève les yeux vers moi, ce sourire doux au coin des lèvres, et brandit brièvement son téléphone avant de le reposer sur sa table.
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𝐌𝐈𝐃𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐁𝐋𝐔𝐄
Fanfiction✷ * ⋆ . ·˚ * . Dans une petite ville où tout le monde se connaît, la mort soudaine d'une adolescente vient briser le calme de l'hiver. Une enquête est ouverte, les regards se croisent, les soupçons s'installent, et le silence devient lourd de...
