𝐌𝐈𝐃𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐁𝐋𝐔𝐄

𝟐𝟔 - 𝐐𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐭𝐮 𝐬𝐨𝐮𝐫𝐢𝐬 𝐭𝐮 𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐠𝐧𝐢𝐟𝐢𝐪𝐮𝐞

𝐂𝐀𝐙𝐈𝐄𝐋

La maison de Riley tremble presque sous le poids de cette foule compressée, surexcitée, brûlante d'illusions et d'alcool. C'est étrange comme une seule nuit peut donner l'impression que tout va mieux, que les conflits s'évaporent, que les rancœurs se dissolvent dans les basses. Les gens dansent comme si rien n'avait jamais existé avant cet instant. Comme si le reste du monde était en pause.

Moi, je regarde.

Et je vois.

À l'autre bout du salon, légèrement à l'écart, Alek et Kyle. Pas ensemble. Justement. Séparés par quelques mètres à peine, mais un gouffre émotionnel entier entre eux. Ils se regardent. Longuement. Intensément. Comme deux aimants qui se repoussent autant qu'ils s'attirent. Très franchement, je ne vais pas les plaindre — ils ont été de parfaits connards — mais quelque chose en moi se serre quand même en les voyant. Peut-être parce que je sais ce que c'est que de vouloir quelqu'un qu'on n'a pas le droit d'aimer. Peut-être parce que j'ai failli perdre Orion à cause de toute cette merde.

Mon regard croise celui d'Orion. Il me fixe, sérieux, attentif. Il me voit me détacher du groupe et avancer dans la foule. Il ne comprend pas encore vers qui je me dirige, mais je sais déjà qu'il va paniquer. Alors, d'un simple regard, je lui fais comprendre que je lui expliquerai après. Il souffle. Résigné. Il me connaît trop bien.

Je traverse la pièce, bousculé par des épaules, des rires, des gens trop saouls pour faire attention. Et je m'arrête devant Alek, assis près d'une grande baie vitrée, le regard perdu sur la nuit.

— Salut, je lâche en m'asseyant à côté de lui.

Il sursaute à peine, me reconnaît, puis hoche simplement la tête.

— Comment va ta jambe ?

Je le fixe, incrédule.

— Non mais t'as un putain de talent pour dire les pires choses au pire moment, toi.

Il soupire, coupable.

— Pardon...

— Ça va... je reprends après une seconde. Elle va mieux. Je ne peux pas encore reprendre les entraînements. Et de toute façon, je ne sais même pas si je vais rejouer au foot. Je ne suis plus sûr d'être à la hauteur.

Il baisse la tête.

— Je suis vraiment désolé.

Je le regarde. Ce n'est pas l'Alek arrogant que j'ai connu. C'est un mec qui porte trop de poids sur ses épaules. Et d'un simple regard, je lui fais comprendre qu'il peut parler. Que je ne vais pas le frapper. Pas ce soir.

— Tu vois... j'ai toujours été jaloux de toi.

Je fronce légèrement les sourcils.

— De moi ?

— De tes amis. De ta relation avec ta mère. Du fait que t'as toujours quelqu'un derrière toi. Moi, j'ai jamais connu ma mère. De ton talent sur un terrain. Et... de ta relation avec Orion.

Son regard glisse malgré lui vers mon copain, au milieu du salon, en train de rire avec Cam et Luc. Mon cœur se serre légèrement.

— Je crois que je connaîtrai jamais ça.

Je le fixe un instant.

— Tu dis ça parce que Kyle ne peut pas venir te voir à cause de ton père ?

Il hoche la tête.

— Eh bah on l'emmerde, ton père. Franchement. Tu crois que c'est Dieu pour vous interdire de vous aimer ? Il va faire tomber la foudre ou quoi ?