𝟑𝟎 - 𝐓𝐨𝐮𝐭 𝐞𝐬𝐭 𝐦𝐚𝐥 𝐪𝐮𝐢 𝐟𝐢𝐧𝐢𝐭 𝐦𝐚𝐥

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𝐂𝐀𝐙𝐈𝐄𝐋


En une semaine à peine, j'ai réussi l'exploit le plus débile de toute mon existence : faire tomber Orion amoureux de moi... puis réussir à le pousser assez loin pour qu'il me déteste. Record battu. Applaudissements. Médaille du pire petit ami de l'année. J'ai essayé de raccommoder. Je jure que j'ai essayé. Je suis allé devant chez lui, j'ai attendu dans le froid, les mains dans les poches, le cœur au bord de l'explosion, prêt à m'excuser encore et encore, prêt à tomber à genoux s'il le fallait. Il n'a pas ouvert. Je suis revenu le lendemain soir, encore plus fébrile, encore plus nerveux. Sa mère m'a regardé avec cette douceur triste qui fait encore plus mal que la colère, et elle m'a dit qu'il ne voulait voir personne. Personne. Ni moi. Ni les autres. Ce matin, il n'y a eu qu'un seul message. Un seul. Court. Sec. Tranchant. Trois mots qui m'ont retourné l'estomac comme un coup de couteau :

"Ne viens plus me chercher."

C'est tout. Rien d'autre. Pas un cœur. Pas un point d'exclamation. Pas une insulte. Juste une phrase froide, définitive. Et moi, je crève à petit feu avec ça dans la poitrine. J'aurais dû lui dire la vérité dès le début. J'aurais dû être honnête. Lui dire que j'avais parlé à Lyra. Lui dire qu'elle avait peur. Peur d'un danger réel. Peur de quelqu'un. Peur à en mourir, littéralement. Mais je me suis tu. Et maintenant, cette vérité m'explose à la figure, et Orion s'éloigne. Je le perds. Alors que je l'aime plus que tout.

— Toujours pas de nouvelles d'Orion ?

La voix de Riley me sort brutalement de ce brouillard intérieur dans lequel je m'enferme depuis des heures. Il est là, adossé aux casiers avec Roselyn et Mari, pendant que Suzane trifouille la serrure du sien à côté du mien. Le couloir est bruyant, saturé de voix, de pas, de rires, mais moi j'ai l'impression d'être sous l'eau, loin de tout. Je secoue lentement la tête. Non. Rien. Pas un message. Pas un signe.

— Il t'a écrit au moins ? demande Mari, le regard inquiet, la voix douce comme si elle avait peur de me briser encore plus.

— Non... je souffle en serrant un peu plus mon téléphone dans ma main. Rien du tout.

Roselyn hésite, puis elle s'approche un peu de moi, pose ses bras contre sa poitrine comme pour se donner du courage avant de parler.

— Je crois que... quand il est comme ça, il a besoin d'être seul, Caz.

Je lève les yeux vers elle, la gorge trop serrée pour répondre tout de suite.

— Il reviendra. Ne t'inquiète pas. Et quand il reviendra, vous pourrez enfin discuter calmement, pour de vrai.

Je voudrais le croire. Vraiment. Mais et s'il ne revenait pas ? Et si cette colère était plus forte que tout ce qu'on a construit ? Suz referme son casier dans un claquement sec.

— Seungmin a raison, ajoute-t-elle en nous rejoignant. Orion n'est pas du genre à bombarder de messages quand il va mal. Il se renferme. Il a besoin de silence. Il faut que tu le laisses respirer un peu, Caz. C'est la théorie de l'élastique.

Je fronce les sourcils, fatigué, paumé.

— La quoi ?

— L'élastique. Plus tu tires dessus, plus il s'éloigne. Mais si tu relâches la pression... il revient naturellement. Orion fonctionne comme ça.

Je souffle un rire sans joie.

— Tu viens vraiment de comparer mon copain à un élastique, Suz.

— Absolument, réplique-t-elle sans même ciller. Et maintenant, j'ai cours. Survis sans moi.

𝐌𝐈𝐃𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐁𝐋𝐔𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant