𝟏𝟔 - 𝐉𝐞 𝐭𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐜𝐨𝐧𝐟𝐢𝐚𝐧𝐜𝐞

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𝐎𝐑𝐈𝐎𝐍


C'est étrange, ce truc qui me picore l'estomac.

Ce n'est pas une douleur franche, pas une vraie blessure, pas non plus une simple nervosité passagère. C'est un mélange instable, un battement trop vif sous les côtes, une tension douce et cruelle à la fois, comme si mon corps avait appris un nouveau langage sans me demander mon avis. Un langage qu'il ne parlait pas avant. Un langage qui a le goût de Caz, l'odeur de son pull, le son de sa voix quand il murmure mon prénom comme s'il y mettait quelque chose de fragile et de dangereux à la fois.

Je n'ai jamais ressenti ça.

Jamais.

Et pourtant, maintenant, ça ne me quitte plus.

Dès que je le vois, dès que je pense à lui, dès que mon téléphone vibre avec son nom qui s'affiche sur l'écran, ça recommence. Ce petit choc discret, ce resserrement au creux du ventre, ce besoin inexplicable de sourire même quand je n'en ai pas envie. Il me manque même quand il est à deux mètres. Il me manque quand je sais que je vais le voir dans une heure. Il me manque quand je viens à peine de le quitter.

C'est ridicule.

Et c'est terrifiant.

Parce que je suis censé être le mec froid. Le silencieux. Celui qui encaisse sans broncher. Celui qui s'en fout. Celui qui a appris trop tôt que s'attacher, ça fait mal, et que désirer, ça ne rend pas plus vivant, ça rend juste plus vulnérable. J'étais cette boule de nerfs toujours prête à exploser, ce type qui garde tout à l'intérieur jusqu'à ce que ça déborde quelque part, souvent mal, souvent trop fort.

Mais avec Caz... c'est différent.

Je ne suis pas violent avec lui.

Je ne suis pas dur.

Je ne suis pas fermé.

Je me retiens.

Et c'est peut-être ça, le plus choquant.

Depuis ce moment dans la vieille salle informatique, depuis sa main qui a tremblé quand il m'a dit qu'il était bi, depuis son aveu maladroit, ses métaphores absurdes sur le fromage de chèvre et le miel auxquelles j'ai pensé toute la nuit en souriant comme un idiot, quelque chose s'est déplacé en moi. Comme si une ligne invisible avait été franchie. Comme si je n'étais plus capable de faire semblant de ne rien ressentir.

J'ai envie de l'embrasser.

Tout le temps.

À chaque fois qu'il me regarde un peu trop longtemps. À chaque fois que son rire dérape. À chaque fois que sa main frôle la mienne par accident. À chaque fois que je vois ses lèvres bouger sans forcément entendre ce qu'il dit.

Mais je n'en fais rien.

Parce que Caz veut aller doucement.

Et je respecte ça.

Parce que je tiens trop à lui pour le brusquer.

Parce que ce qui existe entre nous est encore fragile, tremblant, incertain, et que la dernière chose que je veux, c'est l'effrayer. J'ai compris, dans ses silences, dans ses hésitations, dans ses regards qui fuient parfois avant de revenir plus forts, qu'il avance sur un terrain qu'il ne connaît pas. Qu'il est en train de se chercher, qu'il déconstruit quelque chose qu'il croyait immuable.

Et moi, pour une fois dans ma vie, je ne veux pas être un ouragan.

Je veux être un refuge.

Même si ça me brûle la peau de me retenir.

𝐌𝐈𝐃𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐁𝐋𝐔𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant