𝐎𝐑𝐈𝐎𝐍
Encore une fois, je me réveille du mauvais pied. La lumière grise du matin se dégage à travers les rideaux à moitié tirés, elle est agressive, froide, presque violente. Ma tête bourdonne légèrement, pas à cause de l'alcool, non, juste à cause de cette lassitude constante qui me colle à la peau depuis trop longtemps. Je tourne la tête sur le côté et mon regard tombe aussitôt sur lui.
Noam.
Nu. Étendu dans MON lit. Sa poitrine qui se soulève lentement, son bras jeté sans gêne sur mon oreiller. Une irritation brûlante monte aussitôt dans ma poitrine. Je serre la mâchoire. Il est encore resté. Putain.
Sans douceur, je le secoue, une fois, deux fois, jusqu'à ce qu'il grogne et entrouvre les yeux, encore naviguant quelque part entre le sommeil et la réalité.
— Quoi... ? marmonne-t-il d'une voix pâteuse.
— Je t'ai déjà dit que tu ne devais pas rester dormir, grogné-je. Putain, tu fais chier.
Il cligne des yeux, se redresse à moitié, les cheveux en bataille, le regard encore brumeux.
— Mais... t'as vu la tempête d'hier soir ? J'ai pas de voiture, je te signale.
Je le fixe sans répondre. Il finit par se lever, se traînant hors du lit, totalement à l'aise, beaucoup trop à mon goût. Je détourne légèrement le regard, écœuré malgré moi. Son excitation encore visible me fait lever les yeux au ciel. Pathétique.
Ça fait quelques mois que je couche avec lui. Juste pour vider ma libido. Rien d'autre. Pas d'attachement. Pas de sentiments. Et très honnêtement, je sens que cette mascarade touche à sa fin. Je ne suis pas un putain d'hôtel. Je l'ai toujours dit, et ma mère aussi.
Trois règles simples dans ma vie. Trois règles que je respecte à la lettre.
Je ne laisse aucun mec me baiser.
Je ne laisse aucun mec dormir dans MON lit.
Et je ne laisse aucun mec m'embrasser pendant qu'on baise.
Trop intime.
Noam s'habille enfin en silence, visiblement vexé. Tant mieux. Je m'adosse au mur, les bras croisés, l'observant ramasser ses affaires avec maladresse.
— T'es vraiment un connard, lâche-t-il finalement.
— Tu savais à quoi t'en tenir, je réponds sans émotion.
Il quitte la chambre en claquant la porte. Le silence retombe aussitôt, lourd. Je passe une main sur mon visage, fatigué, puis je me lève enfin pour m'habiller. Du noir. Toujours du noir. T-shirt noir, jean noir, veste en cuir noire. Mon armure quotidienne.
Le jour où j'ai compris que j'étais gay, c'était l'année dernière. La prof de biologie me faisait du rentre-dedans pendant que moi, je matais tranquillement le cul du prof de sciences dans le couloir. À ce moment-là, tout a été clair. D'une évidence presque violente. Lyra a été la première à le savoir. Je lui ai tout dit, sans détour. Elle a ri, m'a traité d'idiot, puis m'a pris dans ses bras. Ensuite, il y a eu Roselyn, ma cousine. Puis mes parents. Mon père l'a plutôt bien pris. Ma mère, elle, n'a même pas semblé surprise.
Et le reste du monde ? Je m'en suis foutu.
Les regards, les murmures, les suppositions... Rien ne m'atteignait vraiment. J'aspire la peur. Tout le monde sait que je démarre au quart de tour, et personne n'a jamais eu le courage de venir vraiment me chercher.
Quand je descends à la cuisine, l'odeur du café chaud flotte dans l'air. Ma mère est déjà debout, installée à la table, son mug entre les mains. Lyra est là aussi. Assise. Le regard rivé sur son téléphone. Elle a l'air... ailleurs. Trop silencieuse.
VOUS LISEZ
𝐌𝐈𝐃𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐁𝐋𝐔𝐄
Fanfiction✷ * ⋆ . ·˚ * . Dans une petite ville où tout le monde se connaît, la mort soudaine d'une adolescente vient briser le calme de l'hiver. Une enquête est ouverte, les regards se croisent, les soupçons s'installent, et le silence devient lourd de...
