𝐂𝐀𝐙𝐈𝐄𝐋
Je suis réveillé depuis peut-être une heure, même si je ne suis sûr de rien : la douleur, les médicaments, le bruit des machines, tout se mélange dans une sorte de brouillard lent qui flotte autour de moi. Pourtant, à côté de ce brouillard, il y a quelque chose de plus clair, de plus solide. Orion. Installé sur le bord du lit, pas vraiment assis, pas vraiment debout, dans cette position étrange qu'il prend toujours quand il veut rester près de moi sans savoir où mettre ses mains ni son poids. Ses yeux glissent régulièrement vers moi, comme s'il vérifiait sans cesse que je respire encore.
Ma mère, elle, dort dans le fauteuil à côté, la tête contre son poing, le corps tordu mais enfin un peu relâché. Elle a dû rester éveillée presque quarante-huit heures en tout, je ne comprendrai jamais comment elle tient encore debout. Peut-être que la peur donne une énergie étrange aux parents. Peut-être que l'amour est un carburant plus puissant qu'on ne le croit.
— Tu fixes quoi, toi ? je murmure à Orion, la voix trop faible pour être vraiment crédible.
Il sursaute légèrement, puis un sourire lui traverse le visage comme une fissure qui laisse enfin passer la lumière.
— Toi. Je fixe toi. Et ton incroyable capacité à être canon même dans un lit d'hôpital.
Je souffle un petit rire, qui me fait immédiatement mal au thorax. Je grimace. Il se redresse un peu, inquiet.
— Doucement, Caz... essaie pas d'être drôle, c'est dangereux à ce stade.
— Laisse-moi vivre un peu, j'ai déjà survécu à une voiture qui m'a roulé dessus, c'est pas une blague qui va m'achever.
Il secoue la tête en retenant un sourire nerveux. Ses mains tremblent encore légèrement, même quand il essaie de les dissimuler dans les poches de son sweat. Je l'observe longuement, en silence, juste pour graver dans ma mémoire la façon dont il me regarde, comme si j'étais revenu d'entre les morts — ce qui est peut-être vrai, en un sens.
Ma mère finit par se réveiller, les yeux gonflés, le souffle encore fatigué. Elle se lève pour rebooster les coussins derrière moi et vérifier les pansements qu'elle connaît presque par cœur maintenant. On dirait qu'elle a vieilli de dix ans en une nuit, mais elle essaie de sourire quand même.
— Comment tu te sens, mon cœur ?
— Comme si j'avais perdu un combat contre un camion, mais apparemment j'ai gagné, donc... bien ?
Elle soupire, passe une main sur mon front, puis regarde Orion comme si elle cherchait à deviner combien de temps il tiendra debout avant de s'écrouler lui aussi. Ils échangent un regard silencieux, lourd, profond, presque une conversation entière sans un seul mot. Et je me sens paradoxalement... rassuré. Ils forment une équipe, même si personne ne l'a officiellement décidé.
La porte s'ouvre doucement, et mon père apparaît dans l'encadrement. Il n'était pas revenu depuis plusieurs heures, et la première pensée qui me traverse, c'est que je ne sais jamais s'il revient ou s'il fuit. Il garde un moment la main sur la poignée, comme s'il hésitait à entrer. Ma mère relève aussitôt la tête, son expression se durcit.
— Caz... est-ce que je peux lui parler seul à seul ? demande-t-il d'une voix prudente.
Le silence s'étire, long, lourd. C'est moi qui finis par acquiescer.
— Oui... restez pas trop loin, mais oui.
Ma mère pose une main sur mon épaule pour me dire qu'elle n'est pas fan de l'idée, mais qu'elle respecte mon choix. Orion, lui, me fixe un moment avec un mélange d'inquiétude et de quelque chose d'autre... une volonté étrange de me protéger de tout. Il n'aime pas me laisser seul. Ça se voit. Ça se sent. Mais il accepte quand même. Ils sortent tous les deux. La porte se referme.
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𝐌𝐈𝐃𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐁𝐋𝐔𝐄
Фанфикшн✷ * ⋆ . ·˚ * . Dans une petite ville où tout le monde se connaît, la mort soudaine d'une adolescente vient briser le calme de l'hiver. Une enquête est ouverte, les regards se croisent, les soupçons s'installent, et le silence devient lourd de...
