𝐂𝐀𝐙𝐈𝐄𝐋
— Franchement, je m'attendais à pire, lâche Suz en se laissant tomber avec désinvolture dans le fauteuil près de mon lit. Vu ton cirque d'hier sur le terrain, j'imaginais au moins un plâtre, un coma, voire une jambe en moins. Là, c'est presque décevant.
Riley, lui, préfère la fenêtre. Il est appuyé contre le rebord, l'ouvrant juste assez pour laisser entrer un filet d'air froid de décembre tout en gardant la pièce à une température supportable. La fumée de sa cigarette s'échappe en volutes paresseuses vers l'extérieur, mais l'odeur s'accroche quand même aux rideaux, à mes draps, à mes poumons.
Allongé dans mon lit comme un vieux grabataire, un pull à col roulé remonté jusqu'au menton pour me tenir chaud, mes lunettes sur le nez — celles que je ne mets que pour lire, et que personne ne connaît vraiment sauf eux — je tente de trouver une position qui ne réveille pas immédiatement la douleur sourde qui me lance dans la jambe. Des oreillers sont entassés autour de moi, comme une barricade ridicule censée amortir le moindre faux mouvement. Bounty, mon husky, est roulé en boule au pied du lit, la truffe posée contre ma cheville valide, respirant lentement.
Ce samedi après-midi aurait dû être banal. Un entraînement, peut-être, un détour par la ville, un ciné avec Riley et Suz. À la place, je suis coincé ici avec un diagnostic encore trop frais dans la tête : deux jours de repos absolu, un mois sans le moindre effort physique. Un mois sans terrain. Sans courir. Sans ballon. Sans exister comme je sais le faire.
— Sérieusement, reprend Riley en tirant une bouffée, t'as vu l'état de l'équipe sans toi ? Ils ont perdu comme des merdes. J'étais même pas surpris.
— Riley, je t'ai déjà dit de ne pas fumer ici, grogné-je en tentant de me redresser. Ma mère va rentrer et, crois-moi, tu n'as absolument pas envie de vivre ce moment-là.
Je tends la main pour attraper un coussin et le lui balancer, plus par réflexe que par vraie menace, mais une douleur sèche me traverse la jambe et m'arrache un juron. Je lâche l'arme improvisée avant même de l'avoir levée.
— Putain...
— Et en plus, j'ajoute avec un sourire narquois, elle croit que tu ne fumes pas. Enfin... elle croit.
— Elle sait, c'est sûr, renchérit Riley sans même se retourner.
— Vous êtes censés être dans mon camp, non ? grommelé-je.
— On est surtout dans le camp de la vérité, répond Suz en haussant les épaules.
Riley écrase sa cigarette sur le rebord extérieur de la fenêtre.
— T'inquiète, ta mère est partie sur un appel urgent. T'as au moins deux heures de tranquillité avant le retour de l'orage.
Elle hoche la tête, visiblement satisfaite, puis change de sujet comme si de rien n'était.
— Apparemment, Alek a quand même maintenu sa fête hier soir.
Je grogne.
— Évidemment. Son père est en déplacement, ma mère est sur des enquêtes jusqu'au cou... Il n'allait pas laisser passer ça.
Bounty relève la tête quand Suz lui gratte l'arrière des oreilles. Il grogne doucement de plaisir, complètement détendu, à l'inverse de moi.
— Ça ne t'étonne pas qu'il soit un peu trop content de ta blessure ? demande Riley en me lançant un regard plus attentif.
Je laisse tomber ma tête contre l'oreiller.
— Pas vraiment. Lui ou Kyle. C'est un concours d'ego mal placé.
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𝐌𝐈𝐃𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐁𝐋𝐔𝐄
Hayran Kurgu✷ * ⋆ . ·˚ * . Dans une petite ville où tout le monde se connaît, la mort soudaine d'une adolescente vient briser le calme de l'hiver. Une enquête est ouverte, les regards se croisent, les soupçons s'installent, et le silence devient lourd de...
