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Lignes blanches et épurées.
Espaces zen aux symétries impeccables.
Chaque fois qu'il pénétrait ici, il éprouvait la même sensation. Chaque journée de travail se finissait ainsi. Enfin, il pouvait goûter à son moment de réconfort. Loin de la pression. Comme s'il était hors temps - l'éloignant de tous ces gens. Dès qu'il entrait dans ce lieu, Wakasa pouvait oublier ces personnes chères qu'il avait perdu. Quand il était ici, il se sentait bien. Une cachette formelle qui lui appartenait, qui l'isolait ressemblant ainsi à un lieu de méditation. Un vestibule aux murs noirs, où était exposé des photos, des bibelots le menaient dans son salon. Bien que son appartement était plongé dans une lumière assez sombre, il ne prêta pas attention à ce détail. Il partit ouvrir les rideaux, ouvrant la baie vitrée qui donnait une vue sur la ville. La place était pleine de gens qui faisaient des vœux près de la fontaine.
  Il ne s'attarda pas sur cette vue et se mit à souffler en prenant une cigarette dans sa poche. Le seul luxe qu'il pouvait s'offrir, il l'alluma, s'asseyant sur un tabouret de sa cuisine. De sa main libre il massa ses tempes, fermant ses yeux.
Plongé dans ses pensées, il resta dans le silence qu'il n'aimait pas.
Cependant, le jeune homme avait besoin de musique. Rompre cette attente. Mettre fin à ce manque de bruit qui le déstabilisait. Alors, il se leva - se dirigeant ainsi vers sa platine, il prit un vinyle sur lequel il souffla légèrement retirant la fine pellicule de poussière qui s'y logeait. Les premiers sons lui apportèrent un frisson. Lentement, il expira. 
  Dans sa quête d'écriture, il le savait, il devait trouver quelque chose d'intéressant ; il pesta contre lui, se remémorant cet homme étrange d'il y a presque une semaine. Tout en déboutonnant sa chemise pour ensuite remonter ses manches, il dévoila ses tatouages. Aux yeux de Wakasa, il lui était une énigme. Son âme d'enquêteur avait pris le dessus. Ses recherches l'avaient tout de même menaient sur quelques pistes.
  La pulsion du tuer.
  Froide, isolée, impériale.
  Hajime lui avait dit de trouver un sujet de rédaction. Un crime avait été commis le jour même où ce fameux noiraud au regard fatigué et aux comportement anormal l'avait fait tomber sur la chaussée, l'embrassant dans un élan qui ne semblait pas l'avoir dérangé.
Wakasa avait eu l'idée de faire un article sur cet homme. Il avait lu tout un tas d'article sur ce fameux Shinichiro Sano. Chaque fois qu'il lisait quelque chose d'exhaustif sur celui-ci, sa faim d'enquêteur se laissait distraire... elle n'était pas rassasiée. Cet homme ne semblait même pas avoir de famille.
La déception le déconcerta. Il éprouvait en lui une incapacité qu'il ne comprenait pas.
Il avait déjà observé le comportement de ce genre de personne - que ce soit en les côtoyant, ou non.  Certains étaient colossaux, d'autres crispés de tics, d'autres encore dotés de vraies sales gueules, mais leur apparence ne révélait rien de fondamentale. Leur secret, leur abîme, était - et demeurait - à l'intérieur d'eux-mêmes.
Dans des moments comme ça, il doutait de ses capacités de mener promptement une enquête. Pourquoi ne réussissait-il pas à trouver des informations sur cet homme ? Dans sa colère il se demandait même s'il ne devait pas reprendre son gang de jeunesse et d'attirer ce noiraud pour mieux le comprendre, le connaitre et satisfaire cette soif de savoir.
  Ainsi, il était devenu obsédé par le bruit d'une lame, d'une personne qui court et des sirènes de voiture de police qui passait dans la rue. Il avait été voir ses deux amis tard un soir dans un bar d'un quartier éloigné du centre : les deux frères Haitani semblaient contents et ne comprenaient pas les dire de leur ami. Wakasa voulait comprendre quitte à repartir dans un gang - les motivations de ce qui en avait un, et qui devenait meurtrier. Il fut servit le soir même. Le bruit de l'opinel avait retentit. 
  Le tableau était dressé devant lui. Lui et ses deux amis avaient dégainé leurs armes. Par terre le corps d'un homme sans vie se noyait dans une flaque de sang. Cependant, une silhouette hiératique plus loin les avait fixé. De loin, Wakasa crut deviner qu'il s'agissait d'un homme de part la carrure - il semblait grand, peu musclé. Mais, il ne bougea pas. Où l'avait-il vu ? Qui était-il ? Et pourquoi était-il accompagné par une autre silhouette familière ?
Rindo avait regardé son frère se munir d'une longue barre en fer, tandis que le jeune homme aux cheveux blancs, son arme à feu dans la main s'approchait des silhouettes. Attiré par ces deux ombres qui s'en allaient, il paraissait prêt à courir après eux, ce fut Ran qui lui attrapa le bras en le coupant dans son élan.
  Le bip de son téléphone le retira de ses pensées - depuis un moment il n'avait pas bougé, laissant sa cigarette se consumer toute seule, il divaguait sous le bruit d'une musique dans laquelle le chanteur semblait apaiser un début de migraine. La voix de Sanzu retentit dans son appartement : « C'est moi. Il y a trois jours tu semblais prêt à n'importe quoi pour trouver ce gars, et là tu te morfonds comme une merde ? Je te rappelle que c'est pas en restant assis à ne rien faire qu'il va revenir vers toi. (il avait marqué une pause) Je te rappelle que Koko est un enfoiré quand il s'y met. Plus personne n'en a rien à foutre des histoires de pauvreté, c'est la guerre. Bouges-toi le cul, et trouve nous un scoop ! »
  Wakasa avait sourit à l'évocation des histoires de quartier qui donnaient aux pays un sentiment de guerre auquel personne ne prêtait attention. Comme s'il avait eu besoin d'un compte à rembours pour se mettre en action, il se démena.
Le soir même, sous le regard amusé du jeune homme qui lui avait donné plus de motivation, il reprit ses recherches. Avec plus ou moins de choses intéressantes, il écrivit ce qu'il jugea d'important à savoir sur une feuille. À l'évidence, il trouva des informations sur le nom de famille Sano. Un frisson le prit de court quand tomba sur le prénom de cette femme qui l'avait quitté trop tôt.
- Ce, n'est, pas, possible...
Avait-il dit à voix haute, attirant ainsi le regard intrigué du jeune homme aux cheveux roses qui semblait se rouler un joint. Sanzu se redressa, avançant derrière le blanc.
Tout, ou presque, ce qu'il lisait sur Shinichiro Sano le coinça dans un précipice de douleur voyant un répertoire entassé devant lui sur des liens maladroits auxquels il ne semblait jamais avoir fait attention. Ce théâtre devant ses yeux illustrait un manque de connaissances évident sur elle. Et pourtant, les autres journaliste du Weekly avait écrit sur l'objet de ses doutes. Il se sentit faible, puis en colère. D'un coup, tout se réduisait à expliquer une odeur de sang, de moisi et de rancœur.
  Il aurait du s'en douter. Cependant, une autre odeur le déconcerta ; c'était celle d'une drogue qui s'évaporait des lèvres du jeune hommes aux cheveux roses.
  Dans cette grande pièce, le mobilier était réduit à sa plus simple expression : un silence que personne ne brisait, ne laissant que le bruit des stylos griffonner, et le résonnement de frappe des touches de l'ordinateur.
  Dans ce salon, le canapé semblait être de trop, la musique paraissait devenir rapidement un parasite, et son café posé devant ses yeux, lui était plus amer.
- Je lui parlais sans savoir son nom de famille... je lui parlais, et je n'ai pas été foutu de savoir qu'elle était en lien avec des gangs. Merde...
Grogna-t-il en baissant la tête, ses yeux se gorgèrent de larmes sans qu'il ne sache réellement pourquoi. Enfin, il le savait. Le jeune homme ne voulait tout simplement par faire face à cette réalité. Dans un élan de précipitation, il plaça ses mains tremblantes sur son visage, tandis que le rosé inclina la tête pour regarder l'écran de l'ordinateur sans ne savoir quoi dire. Cependant, il reconnu un visage à côté de celui de la jeune femme.
- Alors comme ça, t'existe encore ? 
Déclara faiblement le jeune homme qui posa son joint sur la table. Tout en prenant l'ordinateur portable de Wakasa, il établit de son côté quelques recherches. Ses sourcils se mirent à se froncer, pour qu'il se mette à rire nerveusement, avant de reprendre :
- Wakasa, fait tes affaires je t'emmène chez quelqu'un.
- Je sais me défendre seul.
Pesta le nommé qui le dévisagea, alors que, Sanzu lui, semblait sérieux. Son but n'était pas de protéger son ami, il savait à qui il avait à faire. S'il voulait venir, c'était pour parler, et en savoir un peu plus sur ce qu'il avait trouvé.
- C'est pas pour te protéger. Je connais deux personnes qui peuvent t'en apprendre un plus sur ça.
Finit-il en pointant du doigts la page internet sur l'ordinateur portable. Le jeune homme aux cheveux blancs se redressa laissant sa boucle d'oreille se balancer de droit à gauche. Et lorsqu'il vu le sourire de son ami - à la fois triste et heureux, il lui répondit pas une brève tape sur l'épaule.
- Je te suis. 


Wakasa adorait dormir par terre. C'était la position d'un soldat posé pour se tapir au sol, observant ce groupe d'ennemi dont il fallait à tout prix se débarrasser. La nuit, il observait ses livres, fumant de temps à autre tout en fixant le contraste de la lumière du réverbère dehors.
  Il n'arrivait pas à dormir. Lorsqu'il se leva, il partit se faire un café et s'installa sur le comptoir pour s'en servir de nouveau. Il rangea le fatras de documents, notes et photos en une pile brouillonne. Il aurait voulu écrire un article sur les crimes du pays, afin que Hajime soit satisfait. Mais il aurait raconté l'histoire absurde d'un deuil dont il n'avait pas complètement oublié, et non celle d'une organisation criminel.
  Ces deux derniers jours, Wakasa avait remonté, pas à pas, son destin. Il devait agir, et faire une pause dans sa vie. Reprendre quelque chose qu'il avait déjà fait. Redevenir sans scrupule. Il but une rasade de café - froid.
Le jeune homme devait trouver une piste. Non pas pour établir un article, mais pour son besoin de connaissance.
  Il fallait qu'il redevienne cette panthère ; un prédateur violent qui tue sans hésiter. Connaitre ce secret sur les Sano, et reprendre une vie qui lui était propre, à lui et non pas dirigé par le reste des gens.
  Dans un pas précipité, il prit une chemise qu'il boutonna à la va-vite. Le jeune homme semblait déterminé, il attrapa son téléphone et ses clefs ; se dirigeant ainsi vers la sortit de son cachot. Quand il arriva près de sa voiture, la surprise le frappa. Une silhouette se tenait sous la lumière de la nuit. Wakasa fronça les sourcils, cherchant dans sa poche son opinel. Et faisant comme de rien, il avança vers cette personne qui ne broncha pas.
L'homme en face de lui souriait. Shinichiro Sano se tenait devant lui les mains dans les poches, devant sa voiture. Le regard en colère, il le dévisagea.
- Qu'est-ce que tu fous ici ?
  Grogna-t-il, alors que le noiraud étira un large sourire, dévoilant ainsi toutes ses dents.
- Je suis venu te voir chéri. Je te l'ai dis, je retrouve n'importe qui.
Il y eut un léger moment de silence, apportant comme un suspens insupportable. Allait-il l'embrasser à nouveau ? Le tuerait-il maintenant ? Le jeune homme ne savait pas, il se sentait stressé et en colère. Il voulait frapper cet homme, son arrogance et ce sourire. Mais, le noiraud reprit :
- Je veux que tu viennes dans mon monde.
- Hein ? Quel monde ? Pourquoi je ferais ça ?
Shinichiro s'approcha de lui toujours les mains enfoncées dans les poches de son pantalon noir. Sa bouche frôla celle du blanc qui cessa de respirer, reculant d'un pas, il faillit trébucher et tomber, mais une main le rattrapa. Il avait envie de l'injurier, mais sans pour autant, il ne voulait pas le repousser - souhaitant savoir ce que cet homme allait faire.
- Tu m'intrigues... tu n'es pas celui que tu prétends être. Et je vois en toi quelque chose de grand et d'unique. Viens dans mon gang ou je t'enlève ce qu'il te reste de ce semblant de vérité.
- C'est... une menace ?
- Non. Un conseil.
Le noiraud sourit, regardant sérieusement le jeune homme devant lui qui ne savait où donner de la tête. Pourquoi s'approchait-il ? Il avait encore et toujours un sourire de joie et étrange plaqué sur les lèvres. Son attitude décontractée signalait qu'il était à l'aise. Trop. C'était assez déstabilisant. Wakasa sortit sa lame le menaçant. Il ne tremblait pas, et l'autre ne broncha pas.
Loin de là, l'idée pour Sano de montrait de la crainte - il attrapa le poignet de Wakasa, lui faisant ainsi baisser le bras. Ses lèvres frôlèrent celles du jeune Imaushi qui se retint de respirer à chaque fois que cet homme s'approchait un peu trop de lui. Shinichiro s'apprêtait à l'embrasser quand une voix retentit derrière lui pour l'appeler. Il grogna, glissant son nez dans le cou de l'autre jeune homme qui frissonna.
Puis, il partit laissant le jeune homme seul devant sa voiture, confus et ailleurs.

𝙇𝙖 𝙏𝙧𝙖𝙘𝙚 𝘿'𝙪𝙣𝙚 𝙇𝙞𝙜𝙣𝙚 |ʷᵃᵏᵃˢʰⁱⁿ|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant