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  Dans le crépuscule, Kuala Lumpur était rose et bleu. Les tours incandescentes brûlaient à feu doux, telles des mosaïques de braise, alors que d'autres blocs, verts, translucides, paraissaient prêts à les éteindre de leur fraîcheur.
  Wakasa attendait dans le taxis, tandis que Shinichiro indiquait au chauffeur, phonétiquement, le nom d'un polo-club. Son regard se fixait, à l'horizon, sur les tours Petronas, vers lesquelles ils se dirigeaient. À cette distance, elles évoquaient deux épis de maïs géant surmontés d'antennes colossales. Ils longèrent un hippodrome. L'atmosphère de rêve se renforçait encore. Tout semblait piqué de parcelles d'or, de brouillard rose. Mais le plus étranges était l'absence de contraste entre les buildings bleutés et les collines verdoyantes. À cette heure, les deux fronts échangeaient leurs couleurs, à la manière de flux liquides. Les immeubles prenaient une teinte végétale et les forêt se creusaient de reflets dans de verre, de flaques d'argent.
  Le taxis stoppa le long d'une rangée d'arbres. Wakasa se retrouva dans une sorte de brousse. Des barrières de bois délimitant  un vaste corral. Le nom du polo-club était indiqué sur un panneau, style Far West. Au-delà, des bâtiments de rondins se découpaient dans la poussière grises, laissant entrevoir, par endroits, le miroir vert du champs de courses.
- Viens... souffla Sano en sortant de la voiture. Le soleil l'illuminait étrangement comme une ombre démoniaque et il lui tendait la main.
Ils pénétrèrent dans l'enclos. Leurs pieds s'enfonçaient dans le sable. L'air se chargeait d'effluves de crottin et de transpirations chevaline. Malgré l'aspect délabrés des écuries et la puanteur, Wakasa sentait maintenant qu'il évoluait dans un tout autre monde. Il aperçut un manège couvert où des enfants vêtus de polos se cambraient sur leur scelle, où des pur-sang patientaient dans leur box, les sabots emmaillotés de chaussettes. De vraies loges d'artistes. Où était donc le spectacle ? Il ricana légèrement, ce qui surpris légèrement son amant.
- C'est moi où tu te fous de la gueule des chevaux ?
- Regardes-les aussi !
Il explosa de rire lorsqu'il fixa l'expression outrée du noiraud qui se mit à sourire.
- Bien le bonjour messieurs !
Wakasa et Shinichiro se retournèrent. Un homme mince, aux épaules étroites, vêtue d'une tenue digne d'un styliste de haute couture sortait des écuries. Ses cheveux argenté reflétaient la lumière du soleil jusqu'à dans ses yeux. L'homme s'avança, en posant son casque ôtant des gants :
- Mitsuya. (Il lui serra la main.) Et je vous présente Hakkai.
Mitsuya Takashi avait une voix légère, autoritaire et grave. Un teint pâle comparé à son ami qui avait sourit lors des présentations. D'un signe de tête, il leur montra une table sur laquelle reposait déjà des verres vides, un vase remplit de verdures et une bouteille d'un alcool vraiment très cher.
- Vous me prenez au dépourvu, prévint-il en saisissant son verre. Vous savez généralement quand on veut quelque chose on patiente un peu...
Il sourit une fois de plus, tandis que le jeune homme aux cheveux indigo lançait un signe de main à un serveur.
- On m'a conseillé de passer par vous d'abord, déclara le blanc en regardant les deux jeunes hommes devant lui.
- Ah ? Et pourquoi ? Vous demandez à accéder à des dossiers dont je ne possède aucun droit.
- Il y a un homme capable d'obtenir ce qu'il veut...
Hakkai se figea. Il se raidit brutalement. C'était comme s'il avait vu passer un fantôme. Se raclant la gorge, il posa sèchement son verre :
- Il n'y a que Mutô qui y est accès.
Wakasa se souvint des paroles de son ami : « un personnage haut en couleur. » Il lui fallait contourner cette option.
- Mais ton frère. Peu y avoir accès...
- Comment tu le sais ?
Silence. Shinichiro se mit d'un coup à sourire et s'avisa de se servir un verre de cet alcool. Quant à Imaushi il regarda autour de lui. Il s'avança vers les deux jeunes :
- Je suis la Panthère.

  Le club-House était une longue terrasse surélevées, sous un auvent de palmes. Un bar tropical, en bois noir, trônait au centre. Une forte odeur de bière bien chauffées par la soleil planait.
  Les regards outrées des deux jeunes homme s'étaient posés sur lui. Quant à leur visage, chacun avait une expression : soudaine, choquée... réconfortante et horrifiée.
  Wakasa regarda sa montre - une heure était déjà passé. Il avait l'expérience des interviews. Au premiers regard échangé avec Hakkai Shiba, il devinait le profil de son interlocuteur : bavard quand il le souhaite, réservé sur sa famille, taciturne à qui il fallait  arracher quelques mots sans se faire interrompre par une femme. 
- Je veux juste c'est coordonnée. Pour... son regard fatigué se posa sur le noiraud, pour nous. 
- Entendu, mais ne fouillez pas trop quand vous serez avec lui. 
- Le but et de récupérer deus ou trois documents qui me concerne, ne vous en faites pas. 
  Shinichiro esquissa un sourire rassurant, il finit rapidement son verre avant de saluer les deux jeunes hommes. 

𝙇𝙖 𝙏𝙧𝙖𝙘𝙚 𝘿'𝙪𝙣𝙚 𝙇𝙞𝙜𝙣𝙚 |ʷᵃᵏᵃˢʰⁱⁿ|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant