L'heure verte.
Ce fut le terme qui lui vint aux lèvres, lorqu'il descendit de la voiture. Il avait suivi les indications de Shinichiro : emprunter la route jusqu'au panneau indiquant la "mission luthérienne", puis prendre en face le sentier qui s'enfonçait dans la végétation. Ils avaient pendant trois cents mètres, jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus avancer en voiture. Le chemin stoppait à flanc de colline, s'ouvrant sur une jungle foisonnante, en étages, qui se refermait également au-dessus de sa tête.
L'heure verte.
Le moment où l'ombre s'épanche sous les arbres. Où tout s'agence pour que la forêt s'assoupisse, mais en même temps s'éveille. Wakasa était transporté. Tout autour de lui devenait assourdissant. Les bruits. Ils devenaient de plus en plus fort. Castagnettes en rafales, sifflements aigus, raclements sourds : de cohortes d'oiseaux invisibles, s'excitaient sur leurs branches. Parfois d'autre sons s'élevaient simplement de passage : ronflement d'un vol de corbeau, tintement d'un bec rieur qui s'éloignait aussitôt entendu. Mais surtout, en toile de fond résonnait le long cliquettement des herbes hautes, roseaux, plames ou fougèrent, qui bordait les sentiers et l'invitaient, comme des vagues, à plonger dans leurs flots.
Ils se mirent en route. Shinichiro lui avait dit d'attendre la nuit. La morssure du vent se précisait. Wakasa releva son col de veste et souffla en silence.
Qu'est-ce qu'ils leur prenaient au juste ?
Les herbes, les arbres s'agitaient, se creusaient, se déclenchaient, comme pris d'excitation langoureuse au contact de l'ombre. Les oderus s'élevaient, se vivifiaient. Tous les sens de la forêt étaient ouverts. Imaushi ne parvint pas identifier la cause de cet éveil.
Qu'attendait-il de la jungle ? Pourquoi s'animait-elle ainsi ?
Alors, la pluie survint.
D'abord quelques touches. Puis un clapotis régulier, qui couvrit les cris d'oiseaux. La forêt assoiffée, asséchée par les heures brûlantes de la journée, vidée de ses essences par la fournaise, se réveillait pour boire.
Ils descendaient toujours.
Plongé dans le paradoxe de leur journée ; alors qu'ils s'étaient disputés, réconcillés... le jeune homme aux cheveux blancs se sentait hors de lui. Son âme errait sur des traces qui n'était pas les siennes. Il ne réconfortait pas son amant. Mais, dans sa vision délabrée, une version de lui se dessina sur le sentier : des feuilles mortes, des liannes, des lierres, avaient pris la place de son passé encombré par de nombreuses couches douloureuse qui ne le rendait jamais satisfait de ce qu'il faisait.
Ils contournèrent l'esplanade quand la véritable averse commença. Wakasa et Shinichiro avaient renoncé à s'habriter. Au contraire, ils avançaient en bordure des précipices, pour admirer les plaies de jungle, qui mirotaient sous leurs pieds. Les frondaisons ressemblaient maintenant à des rouleaux sombres, oscillant dans la pluie pour se résoudre en une écume verdoyante. Toute la végétation roulait, brillait, crépitait, révélant un vert qui n'était pas une couleur, mais un cri.
Ils descendirent encore, et rencontrèrent une rivière. Imaushi se retourna par réflexe : l'obscurité avait effacé leur chemin.
Plus de sentier, plus de retour en arrière vers ce qu'il était avant tout ça... juste un décor indistinct, comme si la nuit lui tournait le dos.
L'absence de lumière se faisait ressentir. À nouveau, il se baignait dans l'obscurité de son être.
Shinichiro lui prit la main. Lui souriant faiblement sous la lueur de la lune. Tout en l'embrassant sur la joue, il lui susurra un mot qui le fit vibrer :
- Parle... le ton de sa voix avait été si chaud sous la pluie froide qui tombait sur son corps trempé, qu'il frisonna.
Ses yeux heurtèrent le cours d'eau qui ruisselait lentement sous cette météo. Finalement, dans cette tempête, il y avait un semblant de calme. Ses orbes clairs croisèrent ceux sombre de son amant.
Wakasa souffla, et agrippa la main du noiraud.
- Après...
Quand ils eurent atteint l'autre rive, trempés jusqu'à la taille, les ténèbres achevés leur oeuvres. Ils avançèrent, à tâtons. Wakasa se maudissait de ne plus se comprendre.
- J'ai changé... bredouilla-t-il en fixant ses pieds qui s'alourdissaient dans la boue.
Sano inclina la tête sur le côté, pour les faire s'assoir sur le sol, le dos posé contre un rocher.
- J'ai changé. Je te veux, je veux une vie juste, et pas cruelle. Je veux qu'on sorte d'un passé qu'on a connu, pour se mettre à deux, régler tout ça, et mettre de la distance avec tout ce qu'il se passe, quelque temps... Tout ce que je découvre sur toi... il se coupa, regardant le visage sombre de son noiraud qui le fixait sans jugement. Puis, il reprit :
- Je ne veux plus me ternire dans une vie qui n'est pas la mienne. Ce voyage qu'on fait, il nous résume, ce n'est pas parce que j'en apprends sur toi... mais je me revois autant perdu que toi. Laisse-moi être ta bouée de sauvetage, et devient la mienne. Ne m'abandonne pas quand tu sauras, les actes cruelles que j'aurais commis...
Stupéfait, Wakasa recula. Il s'était confié... maintenant, dans la pire des situations possibles.
Shinichiro ne lui avait même pas répondu. Puis, d'un coup, alors que rien ne se laissait apercevoir, un jet de lumière blanche, avec une violence de bloc chiurgical les éclaboussèrent.
Wakasa se protègea ls yeux, tandis que Sano plissa les siens, collant le visage de son amant contre son torse. Cligant des paupières, ils apercurent, environ dix mètres plus haut, un rectangle de lumière parfait, sans tache, ni faille. En même temps, ils perçurent le ronflement du groupe de générateur.
Une silouhette se découpa de la pénombre -, vêtu d'un poncho de pluie, un parapluie à la main dans une vaste carrure imposante.
L'homme s'avança vers eux, et dit d'une voix grave :
- Qu'est-ce que vous pouviez bien faire ici.
Il les dévisagea de ses yeux perçants, un sourire dessinait sur tout son visage tel un sadique.
- On chasse des paipillons. Avoua calmement Sano, en se redressant, tendant sa main humide et sale vers Wakasa qui la prit en retour.
- Shinichiro ?
- Taiju ?
Un rire lourd raisonna dans la jungle. Les deux amis se prirent dans les bars, se tapant lourdement le dos, se scrutant dans les moindre détails.
- T'es vraiment venu me rendre vistite ?
- Plus ou moins...
Wakasa les observa. Ils souriaient tous les deux, blaguant sur des futilités sans noms. Taiju Shiba était musclé, ses traits paraissaient brillants, comme lavés par la pluie. Il se sentit mal à l'aise de le reluquer ainsi, il n'avait rien à voir avec son amant, qui était fin, légèrement musclé avec une mine peu franche et souriante.
- Je crois que j'ai un nouveau fanboy !
- Ne te fais pas d'idée. Celui-là est à moi.
L'homme émit un sifflement :
- Tu sors vraiment avec Shin ? Et tu couches avec lui ? Il doit te manquer une case pour faire en sorte qu'il soit ton mec.
Wakasa sentit un feu lui monter aux joues, et soupira lourdement.
- Vous vous êtes connus comment au juste ?
L'homme aux cheveux bleus sourit de coin, et s'approcha d'un énorme draps blanc sur lequel un nombre incalculable d'instects tous plus extravagants et très rares rôdaient.
- Ici... dit-il en attrapant un papillons gris. La nuit quand il fuyait ses responsabilités, que Takeomi le faisait chier... jusqu'à ce jour maudit.
Wakasa frisonna. Shinichiro estompa son sourire. Pourtant, une image joviale apparut aux yeux du blanc : un noiraud élancés, silencieux, à l'affut près à blaguer. Il devait être une panthère dans cette jungle.
- Vous... êtes amis ?
- Encore heureux ! Je me vois mal faire autre chose avec lui...
- Berk ! rit le noiraud.
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𝙇𝙖 𝙏𝙧𝙖𝙘𝙚 𝘿'𝙪𝙣𝙚 𝙇𝙞𝙜𝙣𝙚 |ʷᵃᵏᵃˢʰⁱⁿ|
Fanfiction//WakaShin// Et oui... encore une fanfiction sur Tokyo Revengers ! 😜 . . . Il existe, quelque part dans un endroit lointain au Sud-Est de l'Asie, entre Tropique du Cancer et la Ligne de l'Equateur, une Ligne qui trace un chemin d'effroi. Et sur cet...