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Harbor View était un des restaurants les plus célèbre de Manille.
Sanzu en avait entendu parler, et il redoutait le pire. Mais au premier coup d'oeil, il aprécia l'architecture. Un grand spectacle blanc, épuré, ou s'alignaient une rangée de compartiments ouverts. Sur le mur opposé, un comptoir étroit courait, accentuant encore les perspectives du lieu.
Ces lignes claires lui rappelaient ses vieux rêves. Il espérait un jour pouvoir visiter une chapelle, situé à Ibaraki, au Japon, dont il avait vu les photos. L'architecte, Tadao Ando, avait creusé dans le mur au fond des deux axes, vertical et horizontal, par lesquels le soleil pénétrait et dessinait une croix. Sanzu adorait cette idée : une croix de lumière pure. Lorsque tout ça serait finit, il se l'était juré à lui et à Rindo, ils iraient là-bas, au Japon, se receuillir dans cette chapelle. C'était son but.
En fait de la chappelle, Ran rota :
- Désolé. Petit SOS de mon organisme.
Il se hissa sur la pointe des pieds :
- T'es écoeurant... comment il peut te supporter Takeomi ? Dit son petit frère en le dévisageant.
- Je sais pas... mais tout ce que je sais, c'est que je ne sais pas ce qu'ils foutent, là, à nous faire attendre...
Ils se tenaient tout les trois dans le vestibule, faiblement éclairé. Il régnait dans cette antichambre l'impatience ordinaire des restaurants branchés, où chacun attend, fébrile, sa table, craignant d'être mal placé ou pire encore, refoulé. Sanzu se sentait de trop dans cet envionnement qui n'était pas le sien. Il aurait préféré dîner un plateau de sushis avec son amant, et aller dans le bar pour parler, mais non. Ran avait décidé de fêter sa libération, et en même temps, Takeomi voulait mettre au point la stratégie de Shinichiro.
L'attente ne dura que quelques minutes, avant qu'un serveur ne les accompagne à une table, isolée de tout le monde, où se trouvait le noiraud balafré.
Ils furent placés à l'une des meilleurs tables. L'ainé Haitani sourit grandement, quant à Sanzu et Rindo, eux se contentèrent d'un signe de main.
- Je vous préviens, avertit Takeomi, en s'approchant du trio, pendant que Ran retirait sa veste, ici, vous avez intérêt à rester calme.
- On est toujours calme... pesta celui à la coupe gelifié, en souffla d'exagération.
Sanzu éttoufa un rictus. Son frère paraissait plus serrein ses derniers temps, malgré le stress qui le traversait, il paraissait moins gêné, et paraissait prendre un malin plaisir à emmerder l'ainé Haitani.
- Mouais...
- Ce que t'es aigris Take... fredonna Ran en lui souriant presque perversement.
- Va te faire foutre.
- Pourtant hier, c'est...
- La ferme.
Sanzu échangea un regard plein de sous-entendu à son amant qui cacha son rire en saisissant la carte des menus.
Bon dieu, les chamailleries de son frère et du plus agé des Haitani étaient tout sauf une partie de plasir à écouter.
- On attend qui encore ? demanda Rindo en se lassant de lire tous les plats présentés, alors que seul l'alcool l'attirait.
- Mikey et son bras droit.
- Pourquoi on fait une réunion ici ? Questionna le rosé, en souriant faiblement à un serveur, chose qui ne plus pas au violet, qui lui attrapa la cuisse.
Dans un sourire discret ils s'échangèrent une brève oeillade, tandis que le silence régnait en maître autour d'eux.
Le balafré râcla sa gorge, et regarda le trio :
- Pour plusieurs raisons, souffla le noiraud en rougissant violement d'un coup sans aucune raison. Cependant, il y eut un mouvement sous la table, et Ran éttoufa un cri de douleur qui fit sourire Takeomi.
- Aie ! Dramatisa l'ainé Haitani en exagérant. T'es violent avec moi !
- Tu me cherches aussi.
- Et je t'ai trouvé ?
- Aux secours, souffla Rindo en levant les yeux, sérieux arrêter de flirter devant nous... il se râcla la gorge, pourquoi on est dans un restau ?
- Personne ne flirt, Rin... à part toi et Sanzu. Rétorqua son frère.
- Jamais de la vie... pas avec lui ! S'exclama violemment le noiraud au mulet.
Il reprit aussitôt ses esprtis, appellant le serveur pour passer une commande. Sanzu resta silencieux, triturant ses mains comme il avait l'habitude...
Une mauvaise habitude que son amant avait appris à discerner pour le calmer.
Une fois le tour de la table fait. Takeomi reprit, chuchotant faiblement :
- Pour éviter les taupes. Et comme il y a du monde, personne ne fera attention à nous, on peut parler librement.
- Des taupes ? questionna Sanzu, tout en fronçant les sourcils.
Takeomi acquiesça, et attrapa son verre pour commencer à boire.
- Ouais, logique dit comme ça, mais il n'y a pas que Kisaki qui à trahis le Toman ? Non ?
- C'est ce qu'on cherche à savoir...
- On est dans la merde...
- Et Shin dans tout ça, il a pu trouver une alternative ?
Le bal des questions ne cessait pas. Chacun prennait la parole pour poser des question auxquelles le noiraud n'avait pas toutes les réponses. À cet instant, Mikey arriva, saluant tout le monde pour passer commande. Il avait de lourdes cernes sous les yeux, et son visage semblait habillé par un tourment. Tous les membre de cette tablée, le fixèrent un bon moment, jusqu'à ce qu'il prenne la parole.
- Un problème ?
- S'il y n'en avait qu'un... soupira le blondinet. Une ombre passa sous ses traits. Il souffla lourdement.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda la e second du Black Dragon.
- Shinichiro veut qu'une fois le problème résolu, les activités du gang cessent.
Il y eut un long silence. Personne n'osa parler. La phrase ne leur fit même pas échos tout de suite, il fallait prendre le temps de la digèrer, et d'analyser ses quelques mots pour autant simple.
Ce fut Saznu qui commença la première interrogation, pour que les autres le suivent machinalement :
- Hein ?
- En quel honneur ?
- Pourquoi faire ?
- Qu'est-ce qu'on fera le jour on ne fera plus partie d'un gang ?
La question resta en suspend... tous les hommes se regardèrent. Ils n'avaient pas la réponse sur ce qu'il allait faire une fois que tout serait finis.
- C'est ce que je lui ai demandé... expliqua le plus jeune de la table. Et il m'a répondu, vivez un rêve dont vous n'avez parlé à personne.
Personne ne dit rien. Enocre une fois. Chacun devinait que si Shinichiro avait décidé ça, c'est qu'il allait bientôt rentrer et tout régler. En effet, Takemoni s'éclaircit la voix :
- Pour être honnête, il n'a pas tord, si le Black Dragon existe c'est pour une raison précise, et on a perdue de vue notre objectif. Notre but n'est pas de devenir des Yakuzas, c'est de remettre de l'ordre dans le passé.
Ran joua l'ironie, pour désamorcer la gravité qui s'installait :
- Original comme métaphore.
- Ce n'est pas une métaphore. On a joué... (Il ne quittait pas son ton sérieux.) Au fil des années, on s'est tous perdus, tout a brûlé, le jour où Izana a commencé son œuvre. Il inspira, regardant les hommes autour de lui. Ce que je veux dire, c'est que tout s'est consumé trop vite.
- Donc on passe à l'acte final ?
- Ouais, parce que si on continue on fera ce qu'on ne veut pas faire. Shin l'a compris, quand il retraçait son passé. La haine. L'amerturme. La rancoeur. Et la peur. Tout nous suit.
Le garçon arriva, et déposa les appéritifs sur la table. Lorsqu'il eut disparu, Takeomi regarda le fond de son verre. Il le faisait tourner en suivant les reflets circulaires.
- J'ai compris au moins deux choses, murmura-t-il, il a retrouvé son chemin en comprenant ce qu'il ressent, il n'a plus de haine en lui.
- Parce qu'il a compris ?
- Hum... il croit en l'amour de Wakasa, il croit à un renouveau. Il croit en la chute du chaos. Quelle que soit la raison de son plan final. Il a laissé ses addictions, son passé et sa violence de côté. C'est pour ça que j'ai appelé un détective et un flic le jour de la confrontation.
Sanzu frémit à ces évocations d'addiction et de violence. À croire que son frère faisait exprès d'user de cette image. Mais il se sentait en accord, et complice dans ce récit, parce qu'il n'avait plus retouché à quoique ce soit. Le noiraud poursuivit :
- Tout est question de temps. Notre plan pour le moment c'est de changer de planque tous les deux jours. Envoyer au moins un homme sur le terrain et fournir les preuves au flic et à ce détective.
- Le cauchemar touche à sa fin. Déclara Ran.
- C'est ça. (Il lui sourit chaudement.) Il faudrait juste bloquer la planque du Tenjiku, trois jours avant le retour de Shinichiro.
- Sauf que l'amour l'a perdu... tu penses que'il est apte à faire tout ça ? Déclara Mikey.
Sanzu était étonné des paroles de son ami. Tout allait rentrer dans l'ordre, pourtant dans leur esprit le plan paraissait scpetique. Ou alors, peut-être qu'il s'agissait d'être évasif, pour ne pas éveiller de soupçon.
- Comment il a mal tourné ? Questionna Rindo.
- À l'époque, l'alcool, la violence. (Il gloussa pour lui-même.) Non je déconne. Grace un gars qu'il admirait et ils étaient supers proches. Ils s'apprenaient des choses sur la justice, comment agir... un duo d'Enfer et craint par tout le monde.
Sanzu resta perplexe, mais semblait avoir une petite idée. Son coeur s'accéléra.
- Wakasa ?
- Lui-même. Wakasa Imaushi. Celui qui lui a tapé dans l'oeil.
- N'importe quoi cracha Ran, c'est absurde. Ils ne se connaissaient pas d'avant.
- C'est ce que tu crois... avoua calmement Mikey.
La gravité de Takeomi s'accentua encore. Le dîner de cette réunion devenait complètement funèbre. Sanzu croisa les bras, tandis que Ran planta son regard à peine discrèt sur son amant :
- Qu'est-ce qu'il s'est passé pour qu'ils oublient qu'ils ont été proches à un moment donné dans leur vie ?
Il tenta de rire et nia de la tête, secouant son mulet :
- Oubliez : on est là pour parler de plan...
- Et pour fêter mon retour ! s'exclama Ran en lançant un clin d'oeil à Takeomi.
- Hum...
Takeomi renifla fortement, regarda si le serveur n'arrivait pas avec des boissons ou des plats - mais bien sûr, personne n'était en vue. Alors il du attaquer :
- En 1992, avant que je le connaisse. Il travaillait sur un sujet plutôt personnelle, et il aidait Wakasa dans son enquête. Puis, un jour, il l'a rejoind en Europe.
La gorge de tout les homme se serra, ce fut Ran qui parla le premier :
- Attends, Shinichiro et Wakasa se sont retrouvés en Europe pour une enquête ?
- Ouais. Ils avaient envie de voir comment l'organisation des gangs se passer là-bas. Ils étaient fusionnels.
Sanzu baissa la tête pour dissimuler son déssaroi, chaque mot le blessait :
- Pourquoi il ne nous a jamais parlé de ça ? Demanda-t-il à son amant, qui haussa les épaule, tout aussi chamboulé que lui.
- Parce que... Wakasa à perdu la mémoire.
Sanzu releva les yeux. Takeomi souriait tristement, en remplissant à nouveau leurs verres. Il but une goulée et fit claquer sa langue :
- Ils étaient installés dans une planque, dans une grande ville. Un jour, alors qu'ils se balladait dans le centre, en fin d'après-midi pour aller au bar, Shinichiro avait prévu une surprise, il a découvert que son mec était à l'hopital.
Sanzu comprenait alors pourquoi Wakasa avait une personnalité différente de celle qu'il avait à l'école. Un traumatisme originel. Il avait fuit la personne qu'il aimait pour se tourner dans une nouvelle vie, sans lui.
- C'était la mafia qui s'en est pris à lui ? Questionna Ran dubitatif.
- On a jamais su, seulement que le choc cranien avait une tel ampleur que la mémoire de Waka s'est réfugié dans son passé. Il a tout oublié. Et Shin ne voulait pas réapparaître dans sa vie, parce que Izana commençait son retour...
- Donc, ils sont devenus deux inconnus l'un pour l'autre ?
- Et inconnu d'eux-même. Pas vrai ? continua Takeomi en regardant le jeune Sano qui hocha la tête presque trop chagriné par cette conversation.
- À ce propos... pourquoi ton frère a voulu reprendre contact avec Wakasa ?
Manjiro se voûta sur son siège et scruta son verre de whisky, dont les reflets clairs évoquaient maintenant une lampe magique. Il reprit d'une voix profonde :
- Shin n'a jamais voulu reparler de tout ça... et les choses sont tombées vites d'un coup... deux ans après il a eu un accident.
- Izana ? Fit Ran, en voyant les plats arriver. Quant à Mikey, il hocha la tête.
- Hum... et, il rentre quand Shin ? Demanda Manjiro alors qu'il y sur les plats des autres clients.
- Dans une semaine, répondit le noiraud.

𝙇𝙖 𝙏𝙧𝙖𝙘𝙚 𝘿'𝙪𝙣𝙚 𝙇𝙞𝙜𝙣𝙚 |ʷᵃᵏᵃˢʰⁱⁿ|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant