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  Dans son repaire, il buvait tranquillement un thé dans un verre en plastique.
Dans ce qui ressemblait à un salon, assis à même le sol, ses cheveux noirs s'écrasaient sur son front en sueur - sans doute à cause de ce cauchemar. À coté, dans la pièce voisine Takeomi dormait encore. Torse nu, le regard un peu ailleurs, Shinichiro Sano semblait préoccupé, se demandant ce qu'il faisait réellement. Il l'obnubilait - cet homme aux cheveux aussi blancs que la neige qui avait ce regard fatigué. En cumulant cette frustration en lui, il se mit à énumérer les buts qu'il s'était fixé depuis ce jour de meurtre.
Il leva les yeux, plaçant sa main en visière pour se protéger du soleil qui brillait un peu trop. À onze heures, dans ce taudis éloigné de Manille, son esprit flottait hors de son corps. Il fumait, tentant en vain de calmer ses nerfs mis à rude épreuves. Restant dans un songe de pensées envahissant, il songea à se rendre - de tout arrêter. Sa solitude matinale le laissa ruminer tandis que les oiseaux chantaient à travers la forêt et les décombres des vieux bâtiments. C'était une apparence de liberté qui planait ici - un mirage.
Sano leva ses yeux aussi noir que la nuit pour observer la nature autour de lui.
Il sourit : ce tableau le rendait heureux.
Tout valait mieux que de rester un paria.
  Ensuite, il n'était pas seul. Takeomi l'avait rejoint, mais il restait méfiant de ce que le noiraud mijotait. Allait-il réussir son plan ?
  Shinichiro ne craignait pas le pire, mais, il se permit de souffler lourdement. Ce journaliste, menait trop bien son enquête, et s'il publiait ne serait-ce qu'un article, lui et les Black Dragons seraient coffrés. Tout tomberait à l'eau... tout son travail.
La tendance à la tranquillité, il n'y goûtait plus depuis un moment. Par un miracle inexplicable, il se sentait libre d'agir dans l'ombre - c'est-à-dire progresser dans son monde pour mettre à bien cette utopie de paix à laquelle il inspirait depuis trop longtemps.
Il commençait même à croire qu'il possédait un ange gardien. Surtout lorsqu'il avait faillit se faire prendre lors d'une visite dans le centre-ville. L'ébène se leva, inspectant les recoins de cette cabane. Il avait besoin de prendre de l'air, de rouler à vive allure avec sa moto et de profiter un peu de cette instant de paix en lui.
Et surtout, il serait seul. Pas de Takeomi pour lui dire de ne pas défaillir et de suivre le plan qu'ils s'étaient tous deux fixés, pas de surveillance sur le fait qu'il voulait revoir le blanc - peut-être pourrait-il l'embrasser et lui montrer son vrai visage : qu'il n'est pas qu'un paria. Fuyant la police, il ne s'en sortait pas si mal.
  Prenant une gorgée de son thé, il se brûla légèrement le bout de la langue, faisant le compte de ses coups de chances successifs. Il avait d'abord éviter la prison, se faisant passer pour mort. Renaissant peu à peu dans des cendres que lui même avait mit en scène, il dirigeait son gang du mieux qu'il pouvait évitant de se faire prendre. Puis, malgré les dernières péripéties, il tentait de réunir le reste de famille qui lui restait tout en essayant de révéler la réelle nature de ce journaliste trop curieux.
Sa dernière entrevue avec celui-ci l'avait laissé sur sa faim. Cet homme bien qu'imprudent confirmé bel et bien un fait : Wakasa Imaushi était l'un de ces hommes ayant gouté au risque d'un gang. Au moment où il tenta de sortir, son ami avait débarqué subitement.
- Je peux savoir où tu vas ? Shinichiro tourna la tête, expirant la fumée de cigarette qu'il avait encore au bec.
- Ne me dit pas que tu vas partir à la recherche de ce foutou journaliste ?
   Il ferma la porte, il connaissait ce ton de voix : grave et autoritaire qui le mettait en garde. Sano ouvrit la bouche, pour une assener un " je fais ce que je veux à ce que je sache" mais il se ravisa. Souriant sans répondre, le noiraud se tourna face à son ami. Shinichiro songea un moment à le juger de son comportement ; comme s'il devait parler à son père et justifier ses pensées. Son visage cicatrisé et sévère avait tout d'une figure paternelle, mais il souffla.
- Mec, sérieux... pourquoi il t'intéresse tant ?
- Si je te parle de la panthère blanche. Ça te dit quelque chose ?
- Vaguement.
- Il y a dix ans, un gars appelé la panthère, faisait justice dans les quartiers pauvres de Manille. Il avait un gang, mais je ne sais plus le nom. Ce même gars, il se trouve que c'est celui qui enquête sur moi pour un foutu journal.
- Quel rapport entre ton obsession et les gangs ?
- Il croit être journaliste, ou un putain de détective privé ! Mais, tu te souviens il y a deux mois dans le bar ? Ses instincts de bases sont revenus à lui... je veux qu'il comprenne que sa place est ici.
- T'as pété un câble Shin !
Takeomi s'arrêta, analysant le comportement de son ami. Il prit à son tour une cigarette, fixant amèrement la théière sur la table basse.
- Non. En fait, j'ai vu dans son regard et son empressement pour agir qu'il avait envie d'être ailleurs que dans cette vie dans laquelle il s'est mentit tout ce temps. Et toi, tu ne me dis pas tout, parce que tu le connais, et je t'ai vu parler avec Benkei de lui. Je me trompe ?
   Le balafré souffla. Il lança sa tête en arrière avant de prendre une grand inspiration. Shinichiro avait bel est bien la tête à diriger ce gang. Mais, la place sceptique en lui ne comprenait plus rien à la tournure des évènements.
- Il était avec ton journaliste à l'époque de sa période de gang. Puis, quand tout est aller trop loin, Ben l'a abandonné, et nous à rejoint... (Il se pinça les lèvres, essayant de rester impassible.) Tu t'es renseigné quand sur lui ?
   Sano observait son meilleur ami, debout dans leur repaire, tandis que le soleil se cachait sous les nuages gris. Une once de doute sur ce qu'il savait le percuta, il voulait en savoir plus, alors il s'assit en face de son ami, reprenant une énième cigarette.
- Qu'est-ce que Benkei sait sur lui ?
- Il y a un an, il connaissait ta soeur. C'était comme s'il se connaissait depuis des années, ils étaient tous les deux proches, et Ben l'espionnait dans son coin. Mais, ta soeur est morte dans un accident, et ce journaliste était anéantis. Il a arrêté ses activités.
Shinichiro hocha la tête, sentant son coeur prit d'une douleur désagréable :
- Il connaissait Emma...
- Hum. Après sa mort, il a maquillé un suicide, il voulait continuer le gang de la Panthère. Toute l'accumulation de rancœur de Wakasa ne faisait qu'augmenter, ta soeur tuée lors d'une bataille de gang rival, la mort de Benkei, il était perdu. Un jour, alors que Ben se promenait en anonyme, il l'a aperçu avec mon frère, il parlait d'un journal. Ce mec n'a jamais arrêté de trainer avec des gangs, et il est devenu journaliste d'enquête. Mais, on sait que par moment, lorsque les frères Haitani ont besoin ils l'appellent.

  Sano sourit, en pensant : "Comme ça, lui et moi nous ne sommes pas si différent que ça..." Il scruta toujours son meilleur ami qui l'observait en retour. Il lui paraissait retissant- pris d'une nervosité soudaine.
- Il est toujours accroché à qui il était ?
- Selon des dire oui. Sanzu, mon frère l'aime bien et il le suivrait n'importe où, il fait partit aussi d'un gang mais je ne sais pas lequel, et il aide Wakasa. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il veut nous démasquer.
Depuis quelques mois, les Philippines étaient envahis de rumeurs : les gangs prenaient trop d'ampleur et personne ne défendait de bons principes. Parmi ce nombres de gens, un gang semblait sortir du lot, et il appartenait au cadet du noiraud.
- Je crois que l'on devrait unifié au plus vite nos gangs, continua Takeomi, tout en se voulant aussi fort qu'un rauque. Et qu'on règle ce problème avec le Tenjiku. Parce que ne m'en veux pas, ce salopard qu'est Izana profite de la situation de ta mort pour faire de la merde.
Shinichiro considéra le commentaire de son ami. Il n'avait pas tord. Voûté sur le mur, il se redressa faisant face au noiraud au mulet.
- Take, il faut qu'on se bouge.
- Bonne résolution patron ! Mais, ce ne sera pas si facile que tu le penses, on a trois problèmes. Gérer ton journaliste, le Manji Kai et régler les conflits du Tenjiku. Les autorités ont tendance à foutre leur nez dans nos affaires en ce moment, et la moindre merde de notre part nous foutra pour de bon en taule. (Il éclata de rire) Un coup de maître à ne pas négliger.
- Il faut aborder les choses avec tacts...
- Tu veux vraiment de ce mec pour le gang ou pour ton intérêt personnel ?
Le noiraud fatigué sourit brièvement, avant de songer à sa réponse. Il y avait des deux, mais l'un n'empêchait pas l'autre. Il comprit que cette Grande mission générerait la plus grande guerre des clans. À moins qu'il ne soit, tout simplement une source de leur perte à tous.
- Ton frère et ce journaliste son la clef que les flics cherchent.
- Soit, mais n'empêche que si l'on ne fait rien ce cher Imaushi risque gros dans les deux cas.
- Soyons plus malin que le reste du monde Take !
  Shinichiro se leva d'un geste brusque, tandis que Takeomi le suivit. Ils scrutèrent leur motos avant de souffler et de se regarder :
- Ton frère fréquente un bar au Japon il me semble trouve-le. Moi je me charge du journaliste. Par principe de précaution fond-toi dans la masse, change d'apparence en quittant le territoire. Faisons de la prévention avant toute chose, puis on se contacte si on sent que ça dégénère, ok ?
- Ok. Mais Shin, est-ce que tout ça en vaux la peine ?
- Si on peut rendre à ce pays un peu de paix, alors... oui.

𝙇𝙖 𝙏𝙧𝙖𝙘𝙚 𝘿'𝙪𝙣𝙚 𝙇𝙞𝙜𝙣𝙚 |ʷᵃᵏᵃˢʰⁱⁿ|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant