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  Dans l'appartement, Sano s'avança vers les deux jeunes hommes qui venaient d'entrer en furie. Il savait que les choses allait bouger plus vite une fois l'alliance avec son cadet, cependant il ne s'attendait pas à ce que ce soit aussi rapidement. Il recula, expirant lourdement l'air de ses poumons, il devait se ressaisir.
Par un élan instinctif, il attrapa son téléphone. Il passa rapidement en revu ses notifications. Des informations l'interpellaient : "Elèvement suspect", "Attaque de malfrats dans le centre-ville de Manille", "La drogue : un cartel d'escrocs dont les gangs profites" Il avala lourdement sa salive, poursuivant sur les messages : Takeomi lui avait signalé plusieurs urgences. La Tour du Manji Kai venait de se faire attaquer à l'interne par une taupe, et l'enlèvement de Ran avait suivit tout juste après. Les forces de l'ordre avaient déjà établie une enquête qui ne pouvait pas le faire agir - un vieux dossier venait de revoir le jour - s'il tentait ne serait-ce qu'une action, le lien serait fait. Lui et les Blacks Dragons se feraient coffrer. Il pesta. Izana savait ce qu'il faisait, il n'attendait que le bon moment. Sano avait envie de rire.
  Il balança son téléphone dans un coin de la pièce.
Passant ses mains dans sa tignasse. Il ne manquait plus des menaces et le chantage pour rendre un peu plus réel le cauchemar qui venait de se créer en quelques heures.
  Il se sentait naïf d'avoir cru en un rêve. Presque remarquablement, il était à genou, détestant cette position de faiblesse. Tout en ressassant les évènements, il pouvait puiser un sentiment ambigu ; du mépris mêlé à de la haine.
Il devait agir.

  Tout s'organisait en un horrible chant dans sa tête, lui rappelant le coma silencieux qui l'avait fait passer pour mort aux yeux de la société. Cette musique - bien qu'horrible, résonnait en lui pour lui faire peur. L'espace qui se dressait face à lui l'étouffait, et il ne voyait plus rien ; comme si tout tombait à l'eau une seconde fois. Seul le bruit saccadé et outré des autres le ramena à la réalité.
Shinichiro fixa les expressions de chacun : le visage fermé de Wakasa, la panique de Sanzu et le calme alarmant de Rindo.
- On fait quoi maintenant ? Questionna le cadet Haitani en saisissant un joint dans sa poche. Parce que là, on fait rien à part faire les statues.
  Le noiraud sentit la colère affluer dans ses veines, elle montait en vagues brûlantes. Emprisonné ici, il ne pouvait pas se montrer au monde. Il ferma les paupières et chercha en lui-même une clairière calme, afin de tempérer son corps et son esprit.
  Quand il eut retrouvé la raison, il se redressa - il voulait agir et vite pour ne pas nuire à son monde.
  Lorsque la nuit fut tombée, la résolution fut claire : partir dans le QG. Hormis le ciel sombre, les quatre silhouettes se dirigèrent rapidement vers leurs véhicules fonçant à vive allure dans la ville. La Lune, demeurait cachée dans les nuages. L'ambiance était ailleurs.
Par moment, les lampadaires s'allumaient - éclairant leur chemin angoissant.

  Dans la baraque du Black Dragon, un monde affluait à l'intérieur. Le chamboulement touchait le cerveau qui ne comprenait plus rien à la suite des évènements. Ils étaient entourés d'un clan sur mesure. Wakasa suivait de près le chef, tandis que les deux autres se fondaient directement dans la masse. Le brouhaha des conversations résonnait fortement. Takeomi tentait de calmer chaque membre en vain. Mais à l'arrivée de Shinichiro Sano, chacun stoppa le bruit.
- C'est quoi ce bordel Shin ? S'exclama le balafré en fixant son ami. Tous les keufs sont en ville, il cherchent le Black Dragon. On est dans la merde.
Sano avait toujours su que son statut de chef lui était une chose à chérir et qu'il ne méritait pas tant que ça. Quand il monta sur la vaste estrade face à son gang, il expira :
- Plan B, dit calmement le noiraud sous les regards de tout le monde. Le jeune homme au mulet noir le dévisagea avant de pester dans son coin à voix haute.
- Plan B ? T'as pété un câble ? (Il promena son regard doré sur chacun des hommes en face de lui.) On veut une réponse sur ce qu'il se passe.
Sano leva ses yeux carbone sur ses membres, il souffla :
- Je ne suis pas plus avancé que vous tous aujourd'hui sur les évènements. Seulement qu'on a devancé le Tenjiku en faisant alliance avec mon frère. Pour le moment, on doit gérer le kidnapping de Ran Haitani, et faire venir le Manji Kai pour un plan costaud.
D'un geste, Takeomi désigna Mikey avec son vice-capitaine accompagné de Benkei. Il eut pas une minute de repos afin de retenir sa respiration qu'il sentait Wakasa réagir à cette vue, Shinichiro eut à peine le temps de tourner la tête qu'il eut une pleine face une horrible claque.
- Enfoiré !
Sano ne baissa même pas les yeux. Imaushi leva encore sa main, laissant son visage se voiler d'une colère et de douleurs. Lorsque le monde se tut, Takeomi ordonna sévèrement aux gang de rejoindre leur quartier.
- Pourquoi tu ne m'as pas dit qu'il était en vie ! Et toi, il pointa du doigt son meilleur ami. T'es censé être mort, t'es censé ne pas être là...
- Waka, t'es là, souffla le costaud alors que le chef lui disait en silence de se taire.
Shinichiro s'avança vers le blanc :
- On a d'autre chose à gérer que de savoir qui est vivant pour le moment.
Au moment, ou la main de Wakasa se leva, le noiraud saisit son poignet en plein envole. Sano approcha son visage de celui de l'autre homme soufflant lourdement dessus.
- Respire et fais moi confiance putain.
- Va te faire foutre, cracha dans un murmure le blanc.
Shinichiro regarda du coin de l'œil les personnes autour de lui. Ses yeux avaient quelque chose d'électrisant, et il grogna sur le reste de gens encore présents. Quant à ceux du journaliste, ses orbes brillaient de larmes menaçant de couler sur ses joues.
Personne ne bougeait. Pas même Sanzu qui avait tenter la manœuvre freiné par son frère et Rindo.
- Dehors. Dit le chef d'une voix sèche et enrouée. Tout le monde dégage.
- Mais Shin... le plan.
- Take, je respecte ta volonté, mais plus tard.
  Le nommé hocha la tête, menant tout le reste dehors.
  Une fois qu'il furent seuls, le noiraud esquissa un sourire sous le regard agacé de Wakasa qui voulait se libérer de cette emprise.
- Si je ne te l'ai pas dis, c'est que j'avais des raisons qui me faisaient douter de comment tu réagirais. Alors je te pose la question, est-ce que tu me fais confiance ?
Le blanc hocha la tête, grognant en silence. L'atmosphère vibrait d'un espoir confus. Les deux hommes attendaient de se calmer afin d'éviter un duel de mots et de gestes - l'évidence et l'incertitude. Imaushi baissa les yeux et laissa son front tomber sur l'épaule de Sano, qui lui l'enserra dans ses bras.
- Pourquoi le monde que je connais me ment... souffla le journaliste en un sanglot lourd. Je suis perdu dans ce que je crois savoir et avoir eut.
- Ton monde n'est pas celui dans lequel tu as décidé de travailler. Retrouve-toi avant de t'enflammer panthère.
- Hum...
-Excuse-moi.

  Minuit, heure locale.
  Shinichiro fixait un tas de paperasses, répondait aux questions de ses deux bras droits. Rien ne semblait pouvoir calmer ses nerfs. Exacerbé par les évènements, il se devait de parler stratégie et plan. Mais un sentiment de fragilité le surplombait - comme s'il n'était plus apte à gérer tout ça. Sano haussa la voix :
- Fais chier !
  À ce moment là, Sanzu entra dans la pièce, dévisageant son frère. Il entra avec un air renfrogné et dénué d'émotion tout en serrant son poing.
- Tu attends quoi de Waka sale con ?
- Du temps. Maintenant dehors.
  Le rosé ne broncha pas. Ce qui agaça un peu plus le chef des Black Dragons.
- Je t'ai dis de te barrer !
  Haruchiyo souriait brièvement il lâcha un soupire laissant sous entendre une expression que le noiraud et ses deux amis ne connaissaient pas. Il finit par partir profanant une légère menace :
- Si tu fais du mal à mon ami. Je t'en ferais. Bonne nuit.
La nuit se prolongeait jusqu'au matin. Une heure vingt. Dès cet instant, il comprit la vraie raison de sa mauvaise humeur et de son doute. Ce n'était pas la claque de son journaliste, pas plus que sa capacité à gérer une stratégie. De même qu'il ne s'agissait pas plus des réflexions de Takeomi ou la venue soudaine de Benkei. Non, c'était le fait qu'il avait peur de perdre la confiance de ce jeune homme, et de se laisser emporter dans le merdier du Tenjiku.
Voilà ce qui le préoccupait.

𝙇𝙖 𝙏𝙧𝙖𝙘𝙚 𝘿'𝙪𝙣𝙚 𝙇𝙞𝙜𝙣𝙚 |ʷᵃᵏᵃˢʰⁱⁿ|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant