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Quand il se réveilla, il ne savait plus où il était. Bien que la lumière fut toujours allumée, que ses bras enlacés la taille de son amant, sa chambre illuminée par le soleil ne lui présentait plus aucun repère. Seul le bruit de la respiration calme de son amant lui donnait l'impression d'être plongé dans un lieu qu'il aimait sans trop le voir.
Il regarda son téléphone : seize heures. Il s'assit sur le lit, et le bras du bland qui dormait encore. Se saisissant le front à deux, il pesta silencieusement. La migraine lui enserrait la tête. Sa langue lui paraissait énorme. Il murmura : « un café. » Mais l'idée de quitter le lit, et de faire fonctionner la cafetière bruyante dans la cuisine, sa nausée se réveillait déjà.
Il leva les yeux et s'artarda sur la profondeur du plafond. Inspirant. Expirant. Il vit son télephone s'allumer sur la table de chevet.
À tout hasard, il le prit. Dévérouillant l'écran.

Takeomi venait de lui enoyer un message... trois pour être précis.
Le premier parlait de la revenue de Ran Haitani au sein des Black Dragons. Le second, témoignait d'une attaque de son frère ; visiblement Izana semblait avoir fait une légère trève juste après avoir menacer son gang : la guerre débuterait prochainement. Quant au troisième, il s'agissait d'un message groupé entre son meilleur ami, lui et Benkei. Celui-ci, le perturba plus qu'il ne l'eut crut. Sa relation évidente avec Imaushi intéressait ses deux amis qui se faisaient du soucis pour lui. Suite à une brève réflexion, il se mit à être honnête sur les péripétie de ce voyage.
Tout était compliqué. Jamais il n'eut cru que ce Chemin de Vie serait évidant et compliqué à trouver. Il savait ce qu'il recherchait avec son amant. Il aimait contempler son passé avec toute le douleur possible en lui.
La frontière du sang.
Bordel il l'avait franchit sur un territoire peu fréquenté, dont il ne connaissait plus les éléments déclencheurs. Un territoire dangeureux dans lequel il emmènait son amant. Ils devaient chercher ensemble - assumer cet outrage qui lui collait à la peau. Des étapes très précises se dessinaient à lui.
Qu'en penserait le blanc dans tout ça ? L'aimera-t-il encore ? Ou, est-ce qu'il le fuira ?
Il grommela, soupirant lourdement. Tandis que dans le lit, Wakasa se réveilla doucement, il le regarda amoureusement. Un sourire sur ses lèvres lui rendit la gorge sèche.
- On doit trouver les « Jalons de l'Éternité », mon amour...
- Shin... de quoi, tu parles ?
- Ils volent et foisonnent...
- Eh, Imaushi se redressa, se plaçant à califourchon sur lui. Sa main heurta le visage de Sano qui semblait s'être perdu dans ses pensées.
Il déposa un tendre baiser sur ses fines lèvres, avant de souffler :
- Mon coeur, ça va ?
- On va devoir partir d'ici.
Il semblait comme revenir à la réalité, sortant d'un moment de léthargie.
- Shin, Wakasa avait soufflé déposant sa main sur la joue du noiraud, embrassant son front, peu importe ce qui se passe là, je te donnerais mon âme.
  Le journaliste lui avait sourit, glissant sa main sur son torse nu, pour atteindre sa poitrine :
- Et tout ce qui se passe là, ne gâchera rien au fait que je commence à t'aimer. Fais-moi confiance, je te sauverais.
Cette fois-ci, le baiser fut plus violent. Leurs langues se rencontrèrent dans une valse puissante qui réveilla leur ardeur.

Un café.
Un putain de café en urgence.
Il descendit les escaliers en se tenant aux murs. Sano savait l'impression de devenir fou. Et Wakasa n'avait même pas réagit. Il avait acquiescé. Déposant des baisers sur ses lèvres. À mesure qu'il ouvrait les portes de son univers, il perdait un peu plus la tête - il allait s'envoyer dans un précipice violent, il tomberait. Cette fois, il perdrait tout.
Le ravitaillement en café avait été effectué. Il se bricola un liquide brunâtre, amer, et se demanda après l'avoir gouté, s'il ne préférerait pas le thé de ce matin. Tout en tournant sa cuillère métallique dans sa tasse, les mots de Imaushi circulaient à contresens dans sa tête. « Cherche dans ton cœur, regarde le ciel. » « Prends de la distance. » « Retrouves-toi ». Il se dit que ces mots, derrière leur résonance métaphorique, possédaient, peut-être une signification qui le guérirait.
  Il remonta l'escalier en quelques enjambées. La pièce lui parrut si vide qu'il n'osa s'avancer un peu plus. Son amant ne semblait pas être là. Le seul bruit qu'il parvenait à entendre était celui de l'eau qui coulait dans la salle de bain. Sano souffla - bon sang, qu'est-ce qui lui prenait d'un coup. Shinichiro attrapa une carte de la Malaisie et scruta les altitudes. Dans ce pays à fleur de mer, les sommets n'étaient pas légion. Et ce flash-back tournait en boucle dans sa tête.
Au bout d'un certain temps, il repéra Kuantan, une région drapait d'eau, de sable... un endroit idyllique où il pouvait se faire oublier de tous. Un paradis sur Terre où il pourrait enfin se reposer. Mais ses yeux se dirigèrent vers les Cameron Highlands, une région de montagnes qui se déployait à environ deux cents kilomètre du Nord de Kuala Lumpur, et qui dépassait les 1500 mètres d'altitude. Le nom lui disait quelque chose. Comme un lointain souvenir qui avait resurgit après de longues années. Shinchiro défila son répertoir de contact, il trouva la personne qu'il souhaitait joindre.
Taiju Shiba était la clé pour se rendre sur cette destination. Une idée lui vint en tête, au moment où Wakasa sortit de la douche seulement vêtu d'une vulgaire serviette autour de sa taille. Ils se sourient momentanément. Sano se leva, lui saisissant la taille pour l'embrasser lourdement. Ce baiser sonnait en un geste désespéré, et, au fond de lui, il le réconforter ; il semblait dire : désires-moi, aimes-moi... ne m'abandonnes pas.
Le noiraud se sépara de son amant, il murmura :
- Il faut que j'appelle Taiju..
- Je te fais confiance Shin.
Il appela les archives du Shiba-Fam's. La voix à l'appareil - une femme - douce et agréable à écouter lui répondit. Shinichiro appelait pour pouvoir rencontrer l'ainé de cette fraterie afin de pouvoir obtenir un entrevue avec cet homme riche et influent qu'il sentait étrangement lié à son histoire.
Il se présenta, résuma sa requête sans identifier son lien étroit avec les gangs et sa vie. Avait-on signalé, ces dernières années, un meurtre dans les Cameron Highlands ? Ou simplement une disparition ?
De mémoire, la jeune femme ne voyait pas. Elle lui demanda de rester en ligne afin de le mettre en contact avec son frère. Il entendit le claquement des touches de l'ordinateur, et une voix rauque se manifester au loin.
- Sano, que me vaut un appel de toi ?
- Je voudrais savoir si... il hésita un moment, avant de reprendre une longue inspiration, s'il y a eu un meurtre dans les montagnes.
- Rien. Aucune trace de meurtre, depuis huit ans. Mais, si tu veux des recherches plus antérieur, viens me voir.
- C'est noté, merci Taiju.
- Shin, j'ai juste une question : qu'est-ce qu'il se passe avec ton gang et le Tenjiku en ce moment ?
- Pour ça, il sourit de coin, il faudra qu'on se voit.
Shinichiro raccrocha après quelques formules de politesse. Inexplicablement, sa conviction se ressera d'un coup. Il avait du chassé, ou quelque chose s'était passé là-bas. Il devait y avoir de traces de ces mystérieux "jalons" qu'il avait évoqué. En hauteur. Il devait partir dès le lendemain, et rendre visite à Shiba.
À ce moment, les gargouillis de son rappelèrent qu'il avait faim. Wakasa se tenait devant lui, un sourire aux lèvres, tout en s'approchant de lui. Sano le devança, il se leva. Atrrapa sa main, la clé de la chambre, pour partir.
La lumière du jour, ce fut comme placer sa mise à nu au monde entre deux cympbales résonnantes. Quant à la chaleur, elle produisit un effet immédiat sur lui. Sano avait l'impression que sa peau fondait. Dans la rue de leur hôtel, les terrasses des restaurants dégorgeaient sur les trotoirs, jusqu'à inonder la chaussée - les voitures roulant au pas, devaient contourner les tables, et éviter que les fourchettes ne rayent leur carosserie.
Shinichiro et Wakasa commandèrent un « fried rice », le grand classique de la cuisine chinoise.
- On fait quoi du coup pour la suite ? Demanda son amant entre deux bouchées de riz plein de surprises. Crevttes, légumes, amandes, oignons, fraguements d'omelletes... il avait réussis à s'en mettre sur le menton.
Le noiraud sourit d'humeur joueuse et passa son pouce sur cette partie sale du visage du blanc, lui arrachant quelques rougissement, - il les trouva adorable, et l'embrassa sur la joue :
- Cameron Highlanhs.
Il était certain qu'il y avait un indice qui l'attendait pour que Wakasa le connaisse et qu'il réapprenne à savoir qui il était.

𝙇𝙖 𝙏𝙧𝙖𝙘𝙚 𝘿'𝙪𝙣𝙚 𝙇𝙞𝙜𝙣𝙚 |ʷᵃᵏᵃˢʰⁱⁿ|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant