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  Wakasa se réveilla à quatorze heures.
  La chambre était inondée de lumière. Ses draps étaient à essorer. Il n'avait aucun souvenir de ses rêves, et il s'en félicitait. Toujours à ses côtés, Shinichiro était assis sur le matelas, regardant désespérément un bout de papier froissé. Dans un souffle las, ses yeux sombres se tournèrent sur de visage de son amant, il souriait faiblement.   S'approchant de lui, il laissa les draps descendre jusqu'à ses hanches.
  Il avait juste besoin d'un peu de réconfort.
  Il tendit son bras, et attrapa le menton du noiraud.
  Un faible sourire s'étira sur leurs lèvres, ne laissant qu'un simple baiser les saluer.
- Mon amour... souffla Sano en lui caressant futilement sa joue, alors qu'il le forçait à se rallonger.
- Parles-moi de tout ce qu'on fait réellement.
Shinichiro songea un moment, avant de replonger ses lèvres humides contre celles de son amant. Son goût était enivrant, prenant, qu'il ne pouvait s'en défaire.
  Il devenait impossible pour Imaushi de garder un brin de lucidité face aux explications de son amant. Il n'arrivait pas à tenir en place. Son attitude paraissait particulière aujourd'hui, comme s'il venait de se réveiller d'un long rêve dont il n'avait plus le souvenir. Wakasa ne parvenait même plus à rester cohérent dans ses demandes, et Shinichiro paraissait exigeant. Ses gestes trahissaient avec une rapidité fulgurante son désir. C'était un sourire lubrique qui se figeait sur son visage. Le réveil paraissait d'une douceur dont il ne connaissait pas la provenance.
  Sano se redressa, agrippant ses hanches pour le coller à lui. D'une lenteur désireuse, il lui attrape son menton, l'emprisonnant entre ses doigts. Ce duel visuel ne faisait qu'augmenter une vaste pression dans leur corps, alors que leurs veines pulsaient dans un désir démesuré.
- On a pénétré dans notre Chambre de Pureté, et sans savoir, tu as découvert de quoi était ton cœur. On est entré dans la dernière étape de notre histoire.
- Est-ce que ça veut dire que je suis un monstre ? Souffla le blanc, en pinçant ses lèvres.
- Non. Waka... tes mots, tes déductions, tes conclusions sont bonnes, mais elles ne définissent pas ce qu'on était par le passé. Tu arrives à nous insinuer dans une eau claire.
  Le noiraud scella de nouveau leur lèvres, la passion s'insinuant dans chaque geste. Caresses, frôlement de leur peau... tout suivait un chemin précis, laissant un frisson de provocation les mettre en feu.
Wakasa laissa ses mains glisser sur la nuque de son amant, et lui mordilla sa lèvres inférieure jusqu'à lui arracher un souffle de plaisir, teinté d'une brève douleur satisfaisante pour attiser cette envie.
  Il avait envie de violence.
  Au contraire, Shinichiro communiquait une délicatesse infime, tandis que la fièvre les brûlait. Sa langue dansait avec expertise dans lui bouche du journaliste. Le geste était addictif, impossible à refusait. Et lorsqu'il en eut marre, il la fit se balader sur le corps nu de Wakasa qui réprima un soupire.
  Les doigts du noiraud s'enfonçèrent dans la peau de son amant, qui sourit en sentant les caresses délicates sur sa peau.
- Il ne reste plus qu'un secret à découvrir. Tout ce qu'on aura fait aura son importance.
- Dans quel but ?
- Découvrir la Couleur de la Vérité.
  Tout en continuant l'ascension de ses doigts sur le peau frissonnante de son amant. Shinichiro traça sur sa peau tous les contours de ses muscles évitant les deux petits amonts de chair qui se durcissait lourdement. Chaque geste, puisait dans une lenteur contrôlée, ne faisait qu'accroître une vaste frustration qui sévissait déjà dans le corps de Wakasa. Il avait besoin de plus -, il ne parvenait plus à se contenir, l'envie irrépressible d'approfondir le contact de leurs corps se creusait dans son ventre.
  Le touché du noiraud semblait être vicieux, bien pensé pour le faire languir et le rendre fou.
  Et pourtant, il se perdait dans les paroles de Sano, incapable de poursuivre des réflexions, ou un moment de logique.
- Et en même temps, on découvrira la Couleur de Mensonge. Notre quête touche à sa fin...
- Et, on restera uni ?
  Dans un simple regard, Sano acquiesça, tandis que ses yeux s'embrumaient explicitement d'une passion lourde qui rendait son corps fébrile.
  Il peinait à se maintenir en place. Wakasa entreprit lui-même de faire accélérer les choses. Ses mains encore pressées contre la nuque de Sano, entreprirent de glisser sur son torse. Sa langue vint à la rencontre de sa peau humide et chaude. Quant à la réaction du noiraud, elle fut brève. Un irresistible rictus se figea sur son visage, tandis que du bout de ses doigts, il effleura le cou du blanc, l'attrapa d'un mouvement violent.
Un frisson incontrôlé surprit le corps de Wakasa qui, lui attrapa son lobe pour l'embrasser. Sa langue se fraya ainsi un chemin jusqu'à l'oreille de son amant.
- Impatient ? Un rictus satisfait et provocateur s'étira une fois de plus.
- On est plus en puberté. Alors fais-moi l'amour.
- Je t'aime.
- Unissons-nous de ce fait.
  Shinichiro haussa les épaules, accentua la pression de ses doigts sur la mâchoire de son amant, tandis qu'il ondula brièvement sur son bassin encore couvert de ce fichu draps.
- Fais-moi l'amour. Bordel !
  Le noiraud relâcha sa prise, glissant ses mains sous le tissu qui masquait encore le désir ardent qui grimpait en eux. Ses dents frôlaient avec dextérité la peau du blanc qui empêcha un soupire suave de sortir. Cependant, les bouts de chair sur son torse se firent embrasser, lécher et mordiller dans un empressement abrupt et sensuel. De son index, Shinichiro glissa son doigts contre sa poitrine, pinçant son téton, alors que son autre main, se mouvait dans un geste pressé sur la verge désireuse de Wakasa.
  Il pouvait entendre sa respiration s'amplifier sous chaque caresse. Entendre son cœur pulser violemment dans sa poitrine...
  Imaushi ne savait que faire de ses mains, dans un geste désemparé, il les glissa dans les cheveux de son amant, mouvant désespérément son bassin sur les chocs enivrant qui venait et partait sur son membre douloureux.
  À force de gesticuler dans tous les sens, l'unique barrière entre leurs corps nu glissa.
Les yeux de Wakasa fixèrent avec luxure les mouvements contre son sexe. Une pression montait en lui, dévorant son ventre.
  Un mouvement flottant suffit à Shinichiro de passer à l'étape supérieure. Le noiraud se redressa activement au-dessus de son corps. Maintenant prisonnier, il écarta ses cuisses, sous les gestes affamés de son amant. Dans un ultime baiser, leur toucher s'unirent. L'intrusion du membre humide et brûlant de Sano en lui, lui apporta une ivresse inconnue. La sensation était différente des autres fois.
  Il le sentait bougeait lentement en lui, ses mains caressaient son corps, sa bouche glisser sur peau moite. Tout s'emparait d'une douceur exquise ne faisant qu'accroître leur plaisir.
  Et d'un coup, Wakasa sentit sa prostate être préalablement cognée. Un sourire fier s'étira sur les lèvres du noiraud. Tout en l'observant, le soumettant au plaisir de cet échange, il ralentit le mouvement. Il devenait impossible pour Wakasa de communiquer avec le silence. Leurs corps claquaient brutalement sur l'autre. Un transe euphorique endormait leur corps, appelant à donner plus.
  Leurs pensées étaient dépravées. La main du chef de gang, glissait avec expertise son l'extrémité de son sexe humide.
Sano appuya son corps, rendant leur respiration plus forte. Le noiraud buttait contre sa prostate, ce qui eut pour effet de faire crier le blanc. Leur plaisir n'était plus très loin. L'entrave de leur ébat touchait à sa fait. Dans un râle rauque, la respiration courte ; le plaisir atteignait enfin son apogée.
  Wakasa ferma les yeux, ses muscles se crispèrent autour de Shinichiro qui râla de plaisir. Le dos cambré, le torse relevé, Imaushi se contracta autour de son amant, gémissant dans un rougissement pudique. Sa bouche expulsa un lourd souffle brûlant sur le menton de son amant, qui dans sa détermination grogna de ce plaisir délicieux.

  Wakasa sentit une pulsion qui coulait en lui. Tout ce qui comptait maintenant était de mettre fin au voyage et de découvrir la vérité.
- Direction le route de Banghok, déclara Sano, on aura besoin d'une seringue.
  Un flux de glace reflua dans ses veines. L'évocation d'une seringue impliquait une injection - ou un prélèvement. Sur quoi ? sur qui ?
Ils déboulèrent à l'hôpital à quatorze heures. Le ventre vide; l'esprit enfiévré. L'acquisition de la seringue ne posa pas de problème. Pas une question, pas un formulaire à remplir. Le service était habitué à une clientèle déglinguée, et visiblement, Wakasa avait la tête de l'emploi. D'ailleurs, un médecin voulait l'ausculter. Chose qu'il refusa. Il avait un migraine à fendre le crâne.
  Imaushi avala son aspirine et embarqua la boîte à titre de réserve. Sur le parking de l'hôpital, il regarda son amant.
- Maintenant que c'est fait, direction Takua Pa.
- On va où ?
- Ranong, près de la frontière birmane. Environ dix heures de conduite.

  Ils se mirent à rouler plein nord.
Halluciné, tremblant, avec la seringue sous plastique qui ne quittait pas ses mains.
  À la tombée de la nuit, ils n'avaient même pas atteint Takua Pa. La fatigue les surplombait de plein fouet, de ce fait, ils s'arrêtèrent près de collines, face à la mer pour louer un bungalow.
Cinq heures du matin, le lendemain, Wakasa était de nouveau sur la route.
  En pleine nuit, la route creusait la jungle noire. Peu à peu la végétation devint grise, puis à mesure que l'horizon s'éclaircit, les murailles passèrent au bleu. Les lianes, les arbres, les feuilles prirent l'apparence d'une forêt d'épingles. De lentes vapeurs s'élevèrent des frondaisons - la canopée s'éveillait. Enfin, le bleu s'arracha à l'ombre pour devenir fraîcheur, fertilité, luxuriance.
  Wakasa ne quittait pas des yeux l'asphalte, cadran en même temps l'horloge du tableau de bord. À dix heures, il dépassa Takua Pa. À midi, Khuraburi. Les panneaux annonçant Ranong se multipliaient.
  À vingt kilomètres de Ranong, il remarqua une canalisation béante, émergeant d'un coteau. Il ralentit. Le cylindre de béton ressemblait à un organe crevé, jaillissant d'un ventre ouvert. Wakasa nota qu'il s'était trompé.
- Après le cercle, prends la route sur ta gauche.
- Shin, pourquoi on fait ça au juste ? Ça devient glauque...
- Tout va bien se passer. On n'est plus très loin de la vérité, déclara-t-il en tremblant.
  Sans aucune réponse, Wakasa redémarra la voiture. Tout ce qu'il devait trouver, était encore une île.

  Quand ils arrivèrent sur l'île, Shinichiro l'emmena dans un lieu secret inconnu à la population locale. Lorsqu'il parvinrent à l'embarcadère, un orage éclata violemment, mais il ne fallait pas repousser chemin, pas si près du but. Malgré lui, Wakasa sourit, sous le regard de son amant. Tout s'agençait parfaitement.
  L'appontement était misérable. Il ressemblait à un cimetière marin, le long d'un bras de mer. Barques à sec, rafiots rouillés, à demi enlisés dans une boue sombre, rongés de sel et de varech.
  Shinichiro trouva un pêcheur avec qui il négocia plus pour la forme. L'homme leur indiqua qu'il atteindrait l'île aux alentour de six heures. Soit, pratiquement la nuit.
Le pêcheur fit sa manœuvre pour suivre le dédale des marécages puis atteignirent l'estuaire. L'eau était noire, comme contaminée par l'orage. Chaque secousse, chaque remous avait une odeur mazout. L'horizon ressemblait à un fil de plomb, tendu et noir. Toute la mousson semblait s'y concentrer, en une bande dure, compacte. Les nuages, couleur sang caillé, étaient zébrés d'éclairs. Des rideaux de pluie assombrissaient encore plus le décor, par endroits, en zones de ténèbres.
  Wakasa allait touché à ce point de non-retour, il le savait, et ce n'était pas la main chaude et réconfortante de son amant qui serrait la sienne qui allait l'en dissuader. Quelque chose allait les frapper pour de bon. Partirait-il après tout ça ?
- Mon amour... ça va ?
- Faisons ce que nous avons à faire, souffla la blanc en fixant un point fixe quelconque.
   Wakasa serrait son sac. Autour du bateau, la mer retrouvait maintenant un ton indigo.
Il jeta un coup d'oeil vers le marin. Debout à l'arrière, comme gondolier, il désigna la direction, d'un signe du menton, sur la droite. Dans l'air brouille, venaient d'apparaître des îles solitaires.
   Couvertes de jungle, elles ressemblaient à des émeraudes posées à fleur d'eau. L'homme tendit son doigt. Kih Rawa-Ta était celle du milieu. Comme pour souligner son geste, un éclair gicla du ciel et Illumina précisément, ce dôme de végétation.
  Ils naviguèrent près de vingt minutes, quand le marin arrêta son moteur à deux cent mètres du rivage. Impossible d'approcher : plus assez de fond. Sano se leva, et lui intima de le suivre dans l'eau.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 08 ⏰

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𝙇𝙖 𝙏𝙧𝙖𝙘𝙚 𝘿'𝙪𝙣𝙚 𝙇𝙞𝙜𝙣𝙚 |ʷᵃᵏᵃˢʰⁱⁿ|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant