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Mercredi 3 avril 2004, réunion dans le GQ des Black Dragons.
Depuis deux semaines, ils avaient le droits à des instructions, rapports, et mise en garde sur le comportement de leur rival. Des trafics de drogue et d'argents qui affluaient de plus en plus. Avec des commentaires pro-Tenjiku qui ne faisaient qu'accroître leur puissance aux Philippines. En pleine réunion, ces événements prenaient une résonance de doute et désarçonnaient leurs futurs actions.
  Mais ce soir, c'était différent.
  Les paroles de Takeomi semblaient plus fortes et plus déterminées à dissoudre ce règne.
  Et elles remotivaient les troupes.
  Benkei, de sa grande taille et de sa carrure imposante, parlait d'un plan discret qui resta mit en suspend. Tout en précisant qu'il fallait agir en discrétion sur ce complexe résidentiel de ce gang, l'action ne manquait pas dans les dire.
  Dans la grande salle, chaque membre du Black Dragons écoutait attentivement les chefs de sections. Debout au fond de la salle, Shinichiro Sano considérait lui aussi le débat qui avait pris lors de ce regroupement, en se demandant pour la millième fois, qu'est-ce qu'il adviendrait de tout ça et quel était le profit de Izana à faire ce qu'il faisait. Son instinct guerrier lui soufflait quelque chose à puiser dans ce contexte. Mais quoi ?
  Depuis environ deux mois, on ne parlait que de gang au pays. Les habitants avaient peur pour leur enfants. Peu à peu, on apprenait que le Tenjiku plaçait des espérances à enguirlander la jeunesse afin de s'agrandir. Quant au Black Dragons, il paraissait en danger avec la police qui se mêlait de leurs actions. Au mois de mars, la nouvelle fut officielle : Takeomi était recherché par tout un tas de force qui le mettrait au trou. Manille devenait de plus en plus difficile à s'y rendre sans se faire prendre.
  La panique n'avait pas été longue à se répandre dans le pays. Les Philippins semblaient à l'affût d'un moindre comportement suspect afin d'alarmer les forces de l'ordre. Plus personne n'avait confiance à ce qu'il se passait.
  Et les informations continuaient d'affluer, pointant du doigts des défauts sur le gang du noiraud qui se noyait dans la désinformation donnée par le vice-capitaine du Tenjiku : Kakucho. On décrivait le Black Dragons comme une peste noire qui agissait afin d'obtenir dès profit. Izana se plaçait en bon samaritain dénigrant les bonnes actions de ses frères pour se faire passer pour la bonne personne.
  Sano refusait de s'inquiéter. Au fil de sa vie, il avait connu bien pire qu'une vengeance. Chacun ruminait comme il le pouvait avec ses superstitions : si ce gang arrivait à ses fins les Philippines seraient vraiment à craindre. Manille se transformerait en bouillons de morts, de trafics en tout genre et rien ne serait sûr.
La réunion passa.
Shinichiro s'avança à son tour montrant son plan. Il était simple. Quelques personnes ici n'était pas affichée à la télévision : Wakasa restait journaliste, Rindo et Sanzu étaient considérés comme des gens lambdas et son frère ainsi que le Manji Kai n'était pas en danger pour le moment.
Son gang sembla partagé entre désaccords et accords avec ce qu'il disait. Ils auraient des espions et des taupes pour assurer de mener à bien cette bataille. Chacun exprima ses pensées, hurlant, s'agitant et s'énervant. D'autres au contraire parlaient à voix basse, un portable dans la main pour vérifier les dire de leur chef.
Sano finit par conclure la fin de la réunion et la mise en place de son plan très prochainement. Quand il partit de la salle il ne pensait à rien d'autre que de vouloir résonner son frère. Shinichiro commença à faire les cent pas dans ce qui semblait être sa chambre, ayant l'impression de patauger dans une fange en fusion.
Il attendait qu'il vienne pour pouvoir rester seul avec lui : Wakasa semblait être un réconfort. Et cette impatience qu'il vienne l'agaçait de plus en plus. Le petit jeu de séduction mûrissant entre eux lui occupait trop la tête. Pour être efficace, un chasseur devait toujours rester lisse et froid.
Et lui se tordait les mains, impatient de passer une nuit avec.

Jeudi 10 avril, réunion en petit comité.
- J'ai de bonnes nouvelles.
Sano soupira :
- Tu as toujours de bonnes nouvelles.
Takeomi ne se laissa pas désarçonner :
- Nous avons marqué un nouveau point. La planque de Tenjiku est au sud de Davao.
- Tu sais ce qu'il reste à faire...
Wakasa se mordit les lèvres. Shinichiro lu dans ses yeux une appréhension réjouissante sous un sourire satisfait.
- Ce serait pour quand ?
Questionna Mikey qui regarda les notes de son vice capitaine.
  Shinichiro fit un geste explicite. Son vice capitaine déversa sur la table le plan. Les planques, les cachettes... les tunnels et les accès étaient tous présents. Il ne manquait plus qu'une chose : attribuer le rôle de chacun dans cette mission.
  Ils analysèrent le plan rapidement. Et la main de Takeomi se plaqua sur un endroit précis. Il venait de mettre Wakasa au centre. Il devait devenir la taupe qui les informerait de l'évolution des choses. À cet instant, le noiraud comprit que les choses allaient commencer pour de vraie et voir ce journaliste loin de lui serait une longue attente pour leur intimité - « leur jardin secret » serait en pause.
  Il se redressa et regarda les membres de confiance autour de lui :
- Un problème Shin ?
- Non. Il faut juste que je règle certaines choses avant et...
  Sano se leva précipitamment, afin d'attirer l'attention sur lui :
- Je dois revoir certaines positions pour exécuter tout ça au plus vite.
- De quoi tu parles encore ?
- Peaufiner le plan.
- J'ai l'impression que t'esquives tout simplement ce qui nous attend, marmonna sèchement le grand noiraud au mulet.
- Dis ce que tu veux Take. Mais, pour le moment Benkei joue sa vie en allant en ville. Je veux qu'il soit là pour son rôle dans la mission.
  Takeomi souffla cherchant le soutient du cadet de son ami qui haussa les épaules :
- Je suis d'accord. Et puis, faut que je prévienne mes hommes. Avoua Mikey en se levant.

  Le crépuscule, encore une fois.
  Impossible de dormir et de rester tranquille.
À cette heure, tout le monde se reposait et les capitaines travaillaient encore sur les plans. Ce soir n'était pas en paix, il ruminait, il pensait à son journaliste. Il songea à se balader, mais la forêt lui parut plus sombre que les autres fois.
Il ne pouvait pas non plus joncher les couloirs : ce serait se risquer à voir Takeomi, chose qu'il souhaitait éviter pour le moment. Le noiraud avait pourtant la résolution de le voir à tout prix pour rassurer son esprit. Finalement, il décida de s'assoir face à son bureau en pagaille.
Shinichiro s'assura qu'il n'y ait pas de bruit dans le couloir, longeant le mur et retint son souffle pour constater le silence. Là, il tomba nez à nez avec cette porte, qu'il appelait secrètement « la chambre du plaisir ». Une sorte de lumière crasseuse jaunâtre passait dessous le seuil, il ne dormait pas non plus. Rassuré, il poussa un long soupire.
La plupart du temps, la solitude était son refuge. Personne ne comprenait, même pas ses meilleurs amis pourquoi il restait souvent dans son coin. Mais depuis un moment, il avait une nouvelle obsession. Le timbre de voix de Wakasa apaisait son cœur en furie, son visage fatigué de la vie rassurait son corps en ébullition, et cette attitude de mec qui sait ce qu'il faisait et charismatique illuminait sa vue sur le monde.
Sano frappa à la porte, il resta dans l'attente. Sous le bruit de son poing, il entendit une chaise racler le sol et des pas lents se diriger vers l'embrasure de ce morceau de bois. Les hiboux sauvages semblaient faire un bruit monstre à l'extérieur, quand au reste du QG il paraissait encore calme.
Shinichiro sourit instinctivement quand il fut face à lui et, sans hésiter, il entra, sachant que ses pensées se prenaient d'une folle lubie érotique.
Mentalement, il ordonna à son corps de se calmer pour ne pas brusquer les choses.

- Et bien ? Qu'est-ce qu'il y a ? Je te manque déjà... susurra le blanc qui s'approcha violemment de lui.
- Si tu savais.
Il poussa Imaushi sur son lit tout en s'avançant comme un prédateur vers le corps de cet homme. Il expira lourdement dans son cou, déposant un tendre baiser humide sur cette peau pâle qui frissonna.
- C'est un manque immense que je ressens quand je ne te vois pas... sa langue glissa sur l'avant de cette gorge qui déglutit à la suite à son passage.
Les mains du noiraud semblaient impatientes. Lentement, elles passèrent sous le teeshirt du journaliste qui frissonna. Au contact de leur peau, un soupire de désir parcouru la pièce.
- Montre-moi c'que c'est ce manque.
Déclara Wakasa en enroulant ses bras autour de la nuque de Sano qui sourit de coin.
- Avec plaisir panthère, murmura-t-il érotiquement en le déshabillant, frottant leur bassin ensemble.
Rapidement la température augmenta. Leurs corps ne demandaient qu'à fusionner et lorsque que Shinichiro entra dans son amant, il grogna sentant l'autre commander un coup de bassin qui le fit gémir.
Il enroula ses bras autour de la taille de Imaushi le faisant s'assoir à califourchon autour de son bassin. Le chef des Black Dragons soutint un rythme violent et rapide sous le regard brumeux de cet homme qui se mit à geindre de plus en plus fort. Tout en étouffant le bruit obscène de leur ébat par des baisers il bouscula Wakasa sur le ventre pour reprendre ce qu'il avait arrêté en le sentant proche du précipice.
La cadence de ses coups sembla plus douce et lente. Tandis que les fesses du blanc remontaient pour exprimer l'approche de son désir.
Ils explosèrent dans un râle de plaisir tendre, laissant les caresses et les baisers les faire redescendre de leur nuage de luxure.

Sano contempla le ciel par la fenêtre - rouge ardent. La chaleur de l'acte sexuel se diffusait en lui. Une coulée de vie et d'espoir se rependait dans ses veines, s'installait à travers la moindre fibre de son corps. Une ventilation de bonheur.
Une nouvelle fois, il félicita le destin. Il était toujours un prédateur qui avait besoin de trouver un repère. Il voulait de cet homme. Et ses confessions, au-delà de la transgression, de la mission soudaine qu'elles impliqueraient, promettaient même d'être enivrantes...
Il tombait dans un précipice.
Et voir que ce sentiment était partagé le fit frissonner.

𝙇𝙖 𝙏𝙧𝙖𝙘𝙚 𝘿'𝙪𝙣𝙚 𝙇𝙞𝙜𝙣𝙚 |ʷᵃᵏᵃˢʰⁱⁿ|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant