Mords-moi

7. Orange incandescent

PDV Harry
PDV Louis

Il a suffi qu'il prononce le mot "doré" pour que je comprenne. Pas ce qu'il m'arrivait, non, ça je ne le savais pas. Mais j'ai compris qu'il se passait quelque chose.

Mes pères m'ont parlé de ça une fois, du regard qui vire à l'or lors des "étapes-clés". C'est comme ça que Paja les appelle.

C'est quand on vit les "grands moments" de notre vie. La détermination de notre nature, le premier rut, l'imprégnation, la morsure, le premier accouplement de la nouvelle paire liée, le premier accouchement pour l'oméga et enfin la mort.

Paji m'a raconté qu'un jour, je devais avoir 5 ans et je venais de jouer à la bagarre avec lui. Il faisait semblant d'être mort et moi et je pensais l'avoir battu. Je me suis alors mis torse nu et j'ai grimpé sur mon lit en me frappant le torse en signe de victoire et puissance. Paji a ouvert un œil pendant que je faisais le malin et il s'est alors aperçu que mes yeux s'étaient teintés de doré.

- Ça n'arrive presque jamais aussi jeune. D'ordinaire, ça se passe vers vos 10 ans. Mais ce jour-là, j'ai su que ta nature avait éclaté au grand jour et que tu serais un alpha comme moi, m'a raconté mon père.

Mon premier rut, je l'ai eu à 15 ans et je n'ai pas vu mes yeux, j'avais dautres choses à gerer. Et ma première fois était quelques semaines plus tard, au cours d'une fête. Ça s'est passé dans la nuit. Je n'ai pas fait attention à la couleur de mes yeux et, lorsque le jour s'est levé, ils devaient avoir retrouvé leur teinte normale car la première fille avec qui j'ai couché, une bêta, n'a jamais fait de remarque à ce propos.

Je sais que ça ne va pas durer mais si j'ai les yeux couleur or, c'est qu'il est en train de se passer quelque chose dans mon corps. J'ignore ce que c'est mais c'est quelque chose que je ne maîtrise pas.

- Tu devrais peut-être t'éloigner, je dis calmement à Louis en clignant des yeux plusieurs fois histoire de faire disparaître ce truc.

Le garçon est têtu.

Il ne m'écoute pas et il continue à blablater.

- T'as fait la même chose l'autre jour dans ma chambre. Ça n'a duré que quelques secondes et quand les filles ont débarqué dans le couloir, ça avait disparu. Mais là, ça ne part pas. T'es sûr que ça va ? il demande en posant sa main sur ma joue, semblant hypnotisé.

Je ferme les yeux à son contact. Des vagues successives de frissons et de chaleur intense remontent le long de mon corps. J'ignore si j'ai chaud ou si j'ai froid.

J'essaie de me souvenir du moment dont me parle Louis. Je me rappelle qu'avant l'arrivée des filles, je venais de glisser mes doigts dans son corps et j'étais en train de les approcher de mon visage.

- C'est ton odeur... je lui explique. Je parle lentement, les yeux toujours clos. C'est elle qui provoque ça... Je frotte ma joue contre sa main et je sens son pouce caresser ma peau. Mon nez effleure sa paume, j'inspire profondément et sens mon érection se former jusqu'à me gêner dans mon jean. Elle... J'inspire à nouveau. Elle me... J'ouvre les yeux pour plonger dans les siens. Elle me donne envie de te mordre et me lier à toi.

Le sourire de Louis s'évanouit illico et il retire sa main. Mais je suis plus rapide que lui et je saisis son poignet.

- Harry déconne pas. Il rit nerveusement. Lâche-moi. Il essaie de tirer doucement sur son bras. On va chacun rejoindre nos chambres et ça va te passer, okay on fait ça ?

C'est effectivement ce qu'on devrait faire mais je n'arrive pas à desserrer mon emprise. Une partie de moi sait très bien que je suis en train de faire de la merde et qu'il va m'en vouloir à mort.