72. Ophélie

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Louis PDV.

Ses cils sont longs. Je n'y avais jamais prêté attention. Mais en cet instant, Harry dort la tête posée sur l'oreiller et, couché face à lui, je le contemple discrètement. Il a joint ses deux mains et les a glissées sous son oreille. C'est rare que ses mains ne soient pas sur moi. Ça me fait sourire parce qu'il a tout d'un bébé et rien d'un alpha, là, couché comme ça.

C'est comme s'il me sentait parce qu'il cligne paresseusement des yeux. Un doux sourire se dessine quand il me voit éveillé.

Alors il déplie son bras, le pose derrière mon dos et m'attire contre lui. Tout droit contre son torse. Lui tend son cou pour m'offrir sa gorge comme petit nid douillet et il pose son menton sur ma tête avant de me serrer fort.

Et c'est parti. Une onde de chaleur émane de lui et vient frapper mon visage, pénétrant mon épiderme. Harry est réveillé et m'inonde de ses sentiments pour moi.

C'est nouveau ça. Je l'ai découvert le jour de mon réveil. A priori, j'avais perdu Sabbath mais j'avais gagné un nouveau loup. Et un Harry. Depuis deux jours, je sens tout ce qu'il ressent. Je perçois ce qu'il pense.

Et c'est putain de bizarre.

- Est-ce qu'on peut en parler ?

La voix rauque et matinale d'Harry rompt le silence. Hier soir, je lui ai expliqué ce qu'il se passait parce qu'il commençait à poser trop de questions. Je pensais que c'était l'un des effets de la nidification mais il m'a avoué m'avoir imprégné.

Après ça, j'ai refusé qu'on en discute. On ne s'est pas engueulé, non. Je n'étais juste pas prêt. Alors on est resté toute la soirée avec ses parents, jouant au poker, pour éviter de se retrouver en tête en tête.

Je l'ai vu marcher sur des œufs, je l'ai senti s'inquiéter et j'ai été incapable de le rassurer. Je suis finalement monté me coucher avant lui, le corps tourné vers le mur.

Quand il m'a rejoint, Harry n'a pas osé s'approcher. Mais il a sorti Tanakaï et lui a dit de se coucher entre moi et le mur. Je comptais bien dormir comme ça, la main dans la fourrure de l'animal.

Et puis j'ai senti.

Les regrets d'Harry qui tordaient mon bide, sa tristesse qui serrait mon cœur et la peur de me perdre, qui me faisait frissonner et me donnait froid. Si froid.

Alors j'ai caressé une dernière fois le loup et je me suis concentré pour le replacer à l'intérieur du bouclé. À la place, j'ai attrapé son bras et l'ai enroulé autour de moi. D'un coup, j'ai eu chaud. Si chaud. Et je me suis endormi dans cette chaleur réconfortante.

Je m'éloigne de lui pour qu'on soit face à face.

- Oui, on peut en parler.

- Okay, merci. Je...

Il cherche ses mots. Son inquiétude est toujours palpable. Il a peur de me braquer et de me perdre.

- Je t'ai imprégné dans la voiture quand on rentrait de l'hôpital. Tu t'es blotti dans mes bras, tu es venu chercher mon odeur. Tu étais seul et sans défense et moi j'avais peur pour toi. J'étais fou d'inquiétude, Lou. Alors j'ai commencé à fabriquer des phéromones, pour que tu te sentes un peu mieux. Que tu te sentes protégé. Et sans m'en rendre compte, j'étais en train de t'imprégner.

- Okay.

Harry fronce les sourcils et son pouce caresse mon bras.

- Quoi "okay" ? Je ne sais pas ce que tu penses ou ressens, j'ai besoin que tu me parles, chaton...

Mords-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant