71. Meute

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J'ai froid aux pieds.

C'est ce qui me réveille et je comprends vite pourquoi. Je suis couché sur Louis, la joue posée sur son ventre, si bien qu'une bonne partie de mon corps dépasse du matelas et des couvertures. Je me suis endormi là lorsque mon nœud s'est rétracté. C'était il y a une ou deux heures à peine.

Cette nuit, Louis m'a laissé le nouer autant que nécessaire. Il ne savait pas dans quoi il s'engageait. Car c'est nécessaire tout le temps et pour toujours.

Lorsque mon nœud enfle, puis me procure la sensation d'exploser en mille morceaux dans le corps de Louis pour m'y amarrer, la douleur se tait enfin.

Je n'ai plus mal aux côtes, ni à la tête ou au ventre ou à la cuisse. La rage aussi se fait silencieuse. Je n'ai plus des envies de meurtres contre la terre entière, contre tous ceux qui veulent faire du mal à mon oméga ou veulent nous voir séparés.

Pendant quelques secondes, mon corps bouillant fusionne avec celui, tout aussi chaud, de Louis. Et après, lorsque nous sommes accrochés l'un à l'autre, je ressens comme une plénitude. Quelque chose que j'ai rarement atteint.

Je me sens en paix. Avec moi-même, avec mon loup, la nature qui nous entoure et l'univers tout entier.

Alors cette nuit, j'ai recommencé, encore et encore, pour prolonger ce moment. Et Louis m'a laissé faire tout ça.

Mon corps était meurtri, ma fatigue palpable, mais j'ai pris mon omégarçon avec douceur et une infinie lenteur. On n'a pas échangé un mot. Seuls mes soupirs et parfois les siens ont empli la chambre.

Il caressait mes cheveux quand je gémissais dans son oreille, il me serrait plus fort quand mes crocs cherchaient sa peau et il étouffait, contre son cou, mes grognements bestiaux.

Il m'a laissé, le nouer plusieurs fois, chaque nœud précipitant nos orgasmes et coupant nos souffles. Nos doigts ont souvent été enlacés cette nuit. On n'a pas fait de bruit, mais on n'a fait qu'un.

Je ne l'ai pas lâché et il ne m'a pas lâché non plus. Et ce matin encore, il me serre tout contre lui. Mes pieds sont peut-être congelés mais, dans mes cheveux, sont abandonnées ses deux mains. Je souris en les sentant et me redresse pour me remettre à sa hauteur.

Il bouge légèrement pour me laisser me coucher à côté de lui.

- Tu te sens mieux ? il demande les paupières encore closes.

- Oui, merci, je murmure d'une voix rauque.

Finalement, il ouvre les yeux en fronçant les sourcils et m'observe bizarrement.

- Quoi ? Y'a un problème ? je demande.

- Tes ruts sont calmés okay, mais est-ce tu te sens mieux pour le reste ?

Du bout des doigts, il effleure le bandage qui fait le tour de mon torse.

- Et dis-moi la vérité... 

- Ça va, c'est supportable, je lui explique en suivant son geste du regard. Mais, tu sais ce qui me ferait du bien ?

- Un gros petit-déjeuner ! sourit-il.

Je fais semblant de réfléchir.

- Mmm... ca, c'est sûr, mais aussi ?

- Une pipe ?

Louis me fait éclater de rire et c'est bien l'effet qu'il recherchait.

- Je n'avais pas pensé à cela mais, c'est vrai que ça aiderait grandement ! Allez, réfléchis, je suis sûr que tu sais de quoi je parle...

Mords-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant