38. Chaleurs

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Je pensais que le parfum de Louis emplissant la voiture et mes poumons serait le plus difficile à gérer. Mais finalement, j'ai trouvé pire.

Le sentir souffrir est tellement plus insupportable.

Ça a commencé il y a 30 minutes environ. À intervalles réguliers, faute de pouvoir se soulager d'une manière ou d'une autre, Louis est pris de violents spasmes dans le bas ventre.

Depuis qu'il a commencé à se tordre de douleur sur son siège, j'ai envie de me perdre dans la chaleur de son corps, pour lui arracher des soupirs et qu'il a arrête d'avoir mal.

- Tu ne veux pas qu'on s'arrête sur une aire d'autoroute ? je lui demande, fébrile. T'as l'air d'avoir super mal, Louis...

- Noah m'attend, il répond simplement, les dents serrées, son front posé sur ses genoux tandis que ses bras entourent son ventre douloureux.

Je sais que ton abruti de copain t'attend et que c'est avec lui que tu veux passer ta brûlerie, t'es pas obligé de me le rappeler...

- Je ne pensais pas à ça mais tu peux aller te soulager... Tu sais... Tout seul. Histoire de faire redescendre la pression...

- Hors de question, il grogne en se penchant encore un peu plus vers l'avant. Je ne me tripoterai pas dans des chiottes d'autoroute dégueulasses pendant que vous garderez la porte... Parce que t'as conscience qu'il faudra que vous fassiez ça si je vais dans des chiottes publics ?

Non je n'avais pas pensé à l'aspect logistique de la chose. J'ai juste envie qu'il arrête d'avoir mal putain.

Mais il a raison, les aires de repos sont noires de monde et Louis attirerait forcément les convoitises.

- Mais il reste 2 heures de route, tu ne vas jamais tenir, Lou...

Et moi je vais péter un câble. Je ne supporte pas de te sentir mal.

- On ne s'arrête pas ! Ça-ça va aller, il décide, catégorique.

Liam accélère un peu plus lorsqu'il l'entend grogner à nouveau un "argh" de douleur. Nos regards se captent dans le rétro et je comprends que lui aussi se fait du souci pour son pote.

Moi, je passe mes mains sur mon visage en signe d'impuissance puis je serre si fort mes doigts autour de la poignée de porte qu'ils blanchissent instantanément.

******

Encore trente minutes ont passé et je vais devenir fou. Les mains sur les oreilles, les yeux fermés, j'essaie de ne plus entendre Louis se tordre de douleur.

Peine perdue puisque je peux la ressentir dans ma propre chair, sa souffrance. Je me fais tellement violence pour ne pas lui sauter dessus et arrêter son calvaire. Notre calvaire.

Le footballeur a de plus en plus de mal à encaisser les spasmes qui le secouent. J'ai déjà vu des omégas en chaleur se tortiller pour qu'on les prenne. Mais jamais souffrir à ce point.

Est-ce que Louis est plus fragile que les autres ?

Un nouveau spasme vient de nous choper par surprise, plus fort que les précédents. Louis a envie de crever. Ça le tue à petit feu d'être si désespérément vide.

Il déteste se sentir aux abois comme ça. Ne plus rien maîtriser. Jusqu'à ne même plus se reconnaître. Il est en colère, contre le fait d'être un oméga et aussi contre moi.

Parce que je suis un alpha, que je me tiens juste là, que je sens bon et que ma présence complique tout.

Je comprends alors que Louis n'est pas plus faible que les autres. C'est moi qui aggrave son cas. Son corps sur-réagit quand je suis près de lui.

Mords-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant