28. Chacun sa part du marché

1.7K 186 456
                                    

Le doyen est assis derrière son large bureau et un homme que je ne connais pas se tient debout à sa gauche.

Adossé contre la fenêtre, mon coach est en train de manger nerveusement des pistaches. Ses yeux se posent tout de suite sur moi et je n'arrive pas à déchiffrer l'expression de son visage.

Mes pères se tiennent debout d'un côté de la pièce. Il n'y a que trois chaises face au doyen et les parents de Nielson en occupent deux sur trois, leur fils se tenant derrière eux.

La 3e est occupée par une femme à la silhouette menue. Je bloque tout de suite sur son foulard bleu marine et je comprends qu'elle doit souffrir d'un cancer.

- Bonjour m'man. Tu n'as pas froid ? demande Louis en s'approchant d'elle et en posant sa main sur son épaule.

Il ne l'a donc pas encore vue aujourd'hui et ça me touche de le voir attentionné avec elle. Mais la femme se retourne l'air grave et l'observe de la tête aux pieds. Puis elle m'observe moi et son regard est glacial. Elle vient de sentir mon odeur sur son fils.

Frissons.

T'inquiète pas, chaton, ça va bien se passer.

Moi, je me pose du côté de mes pères qui, eux, s'étonnent de voir que mon odeur a changé. Je vois bien que Paja me regarde en mode : "Mais qu'est-ce que t'as encore foutu ?" et il observe Zayn, planté près de moi.

- Messieurs, est-ce que vous savez pourquoi vous êtes là ce matin ? demande le doyen et on répond par la négative.

- Si vous êtes là aujourd'hui, c'est parce que l'on a des raisons de penser que vous avez été victime d'une imprégnation forcée M. Tomlinson. Tout porte à croire, en tout cas, qu'il y a un problème avec vous, M. Styles. Nous sommes inflexibles en matière d'agression mais notre établissement n'a pas pour habitude non plus de porter des accusations à tort et à travers donc nous sommes là pour en discuter calmement.

Waouh, je ne m'attendais pas à ce qu'on me traite comme un criminel. Zayn avait peut-être raison, on aurait dû mieux réfléchir avant dechaffauder notre plan bancal.

- Sachez, M. Tomlinson, que vous pouvez parler librement, vous êtes en sécurité et, je peux même faire sortir M. Styles si cela vous est préférable.

La seconde de silence qui suit semble durer une éternité. C'est comme si le temps avait arrêté de s'écouler et que tout s'était évanoui autour de moi. Je ne sens que mon cœur, qui cogne anarchiquement contre ma poitrine.

- Je n'ai pas été imprégné de force, je ne vois pas ce qui vous fait dire un truc pareil, et je n'ai pas de problème avec M. Styles.

Je retrouve un rythme cardiaque régulier et me reconnecte à la réalité.

J'entends Paja soupirer de soulagement à ma droite. J'avoue que, moi aussi, je remercie intérieurement Louis d'en être resté à ce qu'on avait dit.

Je mentirais si je disais qu'une petite partie de moi n'a pas eu peur qu'il en profite pour m'enfoncer. Il aurait eu là une occasion rêvée de se venger et de me faire virer, surtout maintenant que lui sent mon odeur et que, moi, je ne sens plus la sienne.

Le doyen regarde l'homme proche de lui d'un air étonné. Le mec, lui, parait perplexe et scrute intensément Louis.

Il finit par prendre la parole et je comprends que c'est le professeur de biologie de Louis. Il rapporte une conversation qu'il a eue avec lui au sujet de l'imprégnation forcée et de la façon dont on pouvait se débarrasser des symptômes. Il n'entre pas dans les détails mais explique que ce premier épisode était de nature à l'inquiéter.

Mords-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant