Mords-moi

75. Carrière

- On peut en parler plus tard, s'il te plaît Haz ? On essayait de battre notre record, là !

La main toujours sur sa nuque, Louis me regarde puis fixe Niall en souriant.

- Envoie la balle, luv ! lui lance-t-il en faisant un geste vers lui.

Le blond s'exécute et le châtain fait un contrôle poitrine avant de reprendre son compte.

- 1, 2, 3...

Je tourne les talons, furax, et marche d'un pas déterminé jusqu'à ce que j'entende :

- Attends, Haz !

Des pas vifs se rapprochent de moi et une main saisit mon bras.

- Haz !

- Tu le savais, toi, que s'ils étaient sélectionnés, ils allaient s'absenter deux mois et demi ? je demande à Zayn parce que ce n'est évidemment pas mon oméga qui a couru après moi.

Mon meilleur ami se frotte le crâne.

- Ouais, Liam m'avait prévenu. Tu ne le savais pas, toi ?

- Non ! je crie presque.

Plusieurs têtes se relèvent. Je dois avoir l'air d'un fou au milieu de cette pelouse et des étudiants qui profitent des premiers rayons du soleil de printemps.

Tu me diras, j'ai l'habitude. Ils m'ont tous vu changer ces derniers mois. Ils ont vu le grand Harry Styles, l'alpha du campus, devenir complètement dépendant à un oméga et se faire piétiner le cœur encore et encore. Ils doivent bien se marrer.

- Tu crois franchement que je l'aurais encouragé à être sélectionné si j'avais su ?

- Ben... ouais, répond mon meilleur ami. J'ose espérer que tu n'aurais rien fait différemment, Harry... Tu sais que c'est hyper important pour Louis...

Quelques secondes de silence se mêlent à notre conversation, puis je soupire ostensiblement.

- Je viens juste de l'avoir pour moi. Ce n'est pas pour le perdre tout l'été...

Zayn me fixe mais il est bien obligé de me lâcher quand je tire sur mon bras pour le récupérer. Mon meilleur pote me laisse m'isoler avant que ma rage n'explose au visage de tout le monde.

******

Je le fixe pendant qu'il court sur le terrain et Louis ne bronche pas. Pourtant, je suis sûr qu'en ce moment même, sa nuque le brûle ou bien un tourbillon le suit partout. Peut-être les deux. Peut-être que la tornade s'accroche à ses jambes, rendant ses mouvements difficiles.

Mais le footballeur ne réagit pas. Il ne dit rien. Il ignore tous les signes de mon énervement. Il m'ignore, moi.

Et plus il m'ignore, plus une colère sourde grossit en moi.

- Comment il a pu me cacher qu'il risquait de s'absenter 10 semaines ? je demande à Zayn, accoudé avec moi à la barrière blanche qui entoure le terrain.

- Peut-être qu'il a jugé bon de ne rien te dire avant d'avoir la réponse. Ça ne servait à rien de t'inquiéter pour rien. Ou peut-être qu'il a juste oublié de te le dire.

- Ce serait encore pire !

Mon pote m'interroge du regard.

- Ben s'il me l'a caché, c'est qu'il craignait ma réaction ou qu'il voulait me préserver un petit peu. Mais s'il n'a même pas pensé à partager cette information avec moi, ça veut dire que je ne compte pas pour lui. Je ne suis tellement pas important dans sa vie qu'il ne pense même pas à me prévenir ! C'est vrai, quand on part, on pense à prévenir les gens qui comptent, ceux qu'on aime, ceux qu'on va être triste de quitter... Et on ne prévient pas ceux dont on a rien à foutre.