74. Invincible

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Un courant électrique remonte le long de ma colonne vertébrale.

C'est comme si je le sentais grimper, accroché à mes os. Il file tout droit jusqu'à la base de mon crâne, jusqu'à la racine de mes cheveux, et m'arrache un frisson. Je peux sentir mes poils se hérisser quand la chair de poule naît sur ma peau.

C'est ça que je ressens lorsque Louis glisse Sabbakaï dans mon for intérieur.

C'est comme si je sentais le louveteau courir dans mes veines avec ses petites pattes et sa démarche encore gauche. On dirait qu'il sprinte comme un petit fou dans mon ventre, mais perd l'équilibre et termine sa course en glissade le long de mes poumons, son petit train arrière venant finalement cogner mon cœur.

Bien sûr, je n'ai pas un vrai Sabbakaï qui court dans mon corps mais c'est comme s'il était partout en moi. C'est la même présence intime que Tanakaï. En cet instant, le louveteau se confond d'ailleurs avec lui.

Comme lui, il est le sang qui coule dans mes veines et fait pulser mon cœur, le souffle qui s'échappe de ma bouche, l'énergie qui m'anime, la force vitale qui me rend si vivant.

Et parce que ce loup, c'est Louis, c'est comme si le châtain était à l'intérieur de moi. On dirait que son cœur bat à la place du mien.

Combien de fois je l'ai regardé en rêvant secrètement de le kidnapper et de le cacher pour le soustraire au regard et à la convoitise des autres alphas ? Eh bien, là, j'ai l'impression qu'il est en sécurité. Bien à l'abri.

Il est le joyau de la couronne et j'en suis son gardien.

Je pose ma main sur ma poitrine, chamboulé par cette sensation.

- Tout va bien ? demande Zayn, l'air inquiet.

Sa question a alerté les deux loups protecteurs qui me servent de pères.

- Ça ne va pas, mon grand ? demande Paji.

- Si si, ça va... je balbutie.

- Ce n'est pas parce que Louis a rappelé son loup qu'il est en colère contre toi, me rassure Paja, pensant comprendre mon trouble. Tu ne pouvais pas savoir que tous ces gens voudraient le caresser... Je suis sûr qu'il t'a déjà pardonné... sourit-il.

- C'est quand même dommage, je l'aurais bien gardé avec nous, soupire ma sœur. Il me manque Sab'...

- Je sais qu'il te manque, ma puce, lui répond Paji en caressant ses boucles.

La dernière semaine chez mes parents, on a vécu avec nos loups constamment sortis, Louis faisant une confiance aveugle à ma famille. Un soir, on cherchait Sabbakaï et on l'a trouvé endormi sur le ventre de Paji, tandis que mes parents bouquinaient dans leur lit. Papa Jim lisait les bras en l'air, la boule de poils l'empêchant de se mettre véritablement à l'aise et de poser le bouquin sur son buste.

Louis a rougi devant l'audace de son louveteau mais on savait tous que le petit animal était en recherche d'une figure paternelle, comme s'il profitait de ce que Louis et Sabbath n'avaient pas eu plus jeunes.

La journée, c'est Anna qui passait beaucoup de temps à jouer avec le bébé loup. Un jour, Louis les regardait s'amuser et a murmuré :

- Quand j'étais petit, je n'avais personne avec qui jouer. Sabbath non plus puisque je n'avais pas le droit de le sortir. Je suis content de voir que Sabbakaï ne connaîtra jamais cela.

Je l'avais serré dans mes bras en répondant :

- Toi non plus Lou, tu ne seras plus jamais seul. On ne se quitte plus toi et moi.

Mords-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant