La Rébellion du Samouraï

Chapitre 50 - Yuki

[17 ans en arrière - Yuki 9 ans]

  - Papa, pourquoi tu dois partir ?

  - C'est difficile à expliquer... J'ai un truc d'adulte à gérer. C'est trop dangereux pour toi ma chérie.

  - Tu reviendras quand ?

Il la regarda d'un air désolé, et au lieu de répondre, il se baissa à sa taille et posa ses lèvres contre son front.

  - Rappelle-toi que je t'aime, d'accord ? C'est ça l'important.

  - Moi aussi je t'aime papa, dit-elle en sautant à son cou.

Elle le serra fort contre elle et il fit de même, ensuite il lui arrangea son col et baissa son bonnet pour bien couvrir ses oreilles avant de se lever mettant son sac sur son épaule.

  - Ton oncle t'aime aussi, il s'occupera bien de toi, et tu t'amuseras beaucoup avec Tang, Ping, Shin... et les autres. Tu verras, tu ne manqueras rien ici.

  - Tu me manqueras toi.

Il lui sourit.

  - Au revoir ma petite princesse chérie, fais bien attention à toi.

Elle attrapa sa main rugueuse et l'embrassa plusieurs fois, dans un dernier espoir de pouvoir le retenir, ceci jusqu'au moment où il la retira pour s'en aller. Cette séparation soudaine était difficile, surtout qu'elle ignorait sa cause et ses conséquences. Son père la regarda une dernière fois, il lui sourit puis partit, la laissant devant la porte de la maison.

Silencieuse par l'angoisse, Yuki regarda son père s'éloigner dans l'obscurité de la nuit. La neige se mit à tomber. Hésitante, elle leva la main et murmura :

  - Au revoir papa.

•○•○•○•

Depuis ses neufs ans d'existence, jamais elle n'avait assisté à un repas dans une ambiance pire que celle-là.

Des enfants plus jeunes qu'elle hurlaient de partout. Un garçon lui tirait les cheveux. Un autre assis à côté d'elle mettait son doigt dans son assiette. Deux jumeaux se battaient, manquant de renverser toute la table.

Et comme pour empirer l'ambiance, la femme de son oncle criait à plein gosier, essayant de ramener l'ordre, mais ne faisant qu'empirer la situation. Son oncle était absent, mais quand il allait rentrer, il allait crier lui aussi, et même frapper ceux qui pleuraient beaucoup, puis il allait aller dormir sans se soucier d'elle. Yuki savait tout ça, car ça faisait un moment qu'elle vivait au sein de cette famille, et c'était le même chaos qui se répétait tous les jours.

Ne supportant plus le désordre qui l'entourait, Yuki voulu quitter la table en douce, mais la voyant se filer du coin de l'œil, la femme de son oncle donna un brusque coup de main sur la table, faisant sursauter les couverts et la petite fille aussi.

  - On quitte pas la table tant que tout le monde n'a pas fini de manger, c'est compris Yuki ?

  - D'accord ma tante..., fit-elle d'une petite voix en se remettant à sa place.

  - Manque d'éducation, bredouilla la femme en mettant son bébé au sein.

Honteuse, Yuki baissa son regard sur son assiette. Les larmes remplirent ses yeux, mais elle ne pleura pas, ça n'allait servir à rien, plus personne n'allait la défendre.