Chapitre 36 : Je te hais, je t'aime

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Lana

Je ne cesse de me dire que un cauchemar, que je n'ai pas vu ce qu'il s'est passé. Mais malheureusement, je ne me réveille pas.

— Mais quel connard ! Je pensais vraiment qu'il tenait à toi.

Sandra n'est pas la seule. Je sais avoir sur le coup douté de lui, mais quand j'avais vu son regard, je me suis méprisée sur le champ. Je me disais que je ne pouvais pas douter de lui après ce que nous avions vécu.
Faut croire que je me suis lamentablement trompée.

— C'est une question bête mais ça va ?

— Tu sais quoi ? Je n'arrive même pas à pleurer. Je crois que je suis sous le choc.

Quand j'ai assisté à cette scène d'horreur, j'ai perdu la notion du temps, comme si mon âme avait quitté mon corps.
Je me suis ensuite précipitée vers la sortie et pris le premier taxi. J'ai entendu Louka crier mon nom, tentant de me rattraper. Mais j'ai réussi à lui échapper.
Du moins pas pour longtemps, car ce fou est en train de cogner à la porte, hurlant mon nom.
J'ouvre, voulant l'obliger à arrêter son spectacle ridicule.

— Qu'est-ce que tu fiches ici ?

— Lana il faut qu'on parle ! Je te jure que ce n'est pas ce que tu crois. Il y a une explication.

— Oui et l'explication c'est que tu es et resteras le même Louka. J'ai été bête de croire que ça pouvait marcher.

— Tu ne le penses pas Lana. Tu es fâchée et je comprends mais ...

— Mais quoi Louka ? Tu t'énerves pour si peu mais moi je t'ai vu avec cette fille. Elle t'embrassait et elle était nue.

— C'est elle qui ...

— Je m'en fiche. En tout cas, ça n'avait pas l'air de te déplaire. Mais je comprends, elle est super belle. Et elle est faite pour toi. Une vraie garce, voilà ce qu'elle est. Elle n'a pas de valeurs tout comme toi.

Louka semble visiblement blessé. Même comme ça, je m'en veux de lui faire du mal. Mais lui ne s'est pas soucié que je sois triste ou non pendant qu'il roulait une pelle à cette fille.

— Lana, ne me quitte pas. Je ne le supporterais pas. Je t'aime, tu dois me croire.

— Faut croire que nous n'aimons pas de la même façon.

Il essaie de s'approcher de moi, mais je m'éloigne.

— Alors comme ça tu ne veux plus de moi ? Tu en es certaine Lana ?

— Quoi ? Tu crois que je ne suis pas capable de mettre fin à cette relation ? Figure-toi que je le fais sur le champ. Et vraiment, si tu m'aimes comme tu le dis, je t'en prie, laisse-moi.

Une larme s'échappe de son œil. Quant à moi, je sens aussi les larmes me monter mais je me retiens. Je refuse de lui donner cette satisfaction de ma souffrance.
Il se recule tout en me regardant, quelques secondes, et s'en va.
Je ferme la porte et Sandra s'approche de moi, pour me consoler.
Tout contre elle, je ne retiens plus mes larmes, laissant évacuer tout mon chagrin.

*

Ce week-end j'ai décidé d'aller rendre visite à Kevin. Je m'en veux de l'avoir délaissé. Je suis la première à dire que la vie est courte et qu'il faut profiter des gens qu'on aime.

— Salut Lana, dit-il en me prenant dans ses bras.

— Salut Kevin. Je suis contente de te voir. Tu sembles en forme dis-moi.

— Je me suis mis à la boxe.

— Ça se voit. Et ça te va bien.

— J'en avais besoin.

J'ai l'impression que son besoin ait en rapport avec moi, à sa façon de le dire et surtout à sa façon de me regarder.

— Tu sais je voulais m'excuser de ne pas t'avoir parlé depuis ... enfin tu vois.

— Je comprends. Et j'avais peur de te perdre.

— Non Kevin. Tu as toujours été présent pour moi, c'est pour ça que je me hais pour t'avoir laissé. Pour être honnête, je ne savais pas comment parler d'un sujet sans que ce soit bizarre et puis je t'avoue que j'étais dans ma bulle aussi.

— Ouais je vois.

Je soupire intérieurement, car évidemment, cette bulle vient d'éclater.

— Tu n'as pas l'air d'aller bien.

— Si ça va.

— Lana on se connaît depuis très longtemps. Tu peux mentir à qui tu veux mais pas à moi.

— J'ai rompu avec Louka.

— Chasser le naturel et il revient au galop ?

— On va dire ça comme ça.

— Je suis désolé Lana.

Je doute qu'il le soit autant que moi, mais j'apprécie sa compréhension et sa compassion.

Nous commençons à discuter comme au bon vieux temps, comme si rien ne s'était passé.
Mon téléphone se met à sonner et je vois le nom de Louka s'afficher.

— C'est lui c'est ça ?

J'acquiesce, les yeux rivés sur mon portable.
Voir son appel me rappelle à quel point il m'a fait mal. À quel point je suis en colère.
Mais aussi à quel point je l'aime.

— Je n'aurais jamais cru qu'une fille aussi éduquée que toi, tomberait amoureuse d'un type aussi cruel que lui.

Je suis toujours énervée contre Louka et j'avoue que je suis mitigée sur ce que je pense de lui. Mais entendre Kevin parler de lui ainsi, m'énerve davantage.

— Je t'en prie ne parle pas de lui ainsi.

— Tu le défends malgré ce qu'il t'a fait ?

— Je ne le défends mais tu ne le connais pas.

— Bon d'accord, ça va, on arrête de parler de lui. Je refuse de me disputer à cause de ce Louka.

Je m'en veux car au fond je sais que Kevin ne cherche qu'à me protéger. Il a raison, moi je le défends presque. Alors ce qu'il a fait est indéfendable. Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? Suis-je à ce point masochiste ?

— Je sais que tu souhaites seulement me protéger et je te remercie. En fait je le hais mais ... je l'aime aussi.

— Je comprends, répond Kevin tristement.

Je m'en veux de lui faire de la peine, surtout qu'il ne le mérite pas. Mais je ne peux pas aller à l'encontre de ce que je ressens.
Même si je sais que je dois l'oublier pour pouvoir avancer.

I hate you I love you Où les histoires vivent. Découvrez maintenant