Trente-Neuf. Balançoire.

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L'anneau autour de mon doigt est glacé.

Comme la mort qui règne encore dans cette pièce.

Sa chambre.

La clé glisse, tombe dans un cliquetis métallique étouffé par un tee-shirt qui traine toujours au sol.

Est-ce le dernier qu'il ait porté ?

Tout mon être se révolte d'être ici, tant la douleur qui m'envahit est insupportable. Un faible instinct de survie me pousse à partir d'ici, à fuir.

Mais c'est trop tard.

Je me trouve dans cette pièce que j'ai abandonnée en même temps que lui.

Jusqu'à présent, Lincoln hésitait à entrer, mais finalement il se précipite vers moi juste au moment où mes jambes sont sur le point de me lâcher.

Il murmure à mon oreille des mots qu'il croit réconfortants, mais je n'entends rien.

Son pull jeté en travers de la chaise pend mollement, immobile. Son ordinateur est toujours ouvert sur un écran noir. Un bouchon de parfum traine sur la commode, la bouteille doit être dans sa salle de bain.

Par terre, à côté de son lit git un emballage de seringue. Celle que le pompier à utiliser en dernier recours pour relancer son cœur endormit.

Toutes les larmes interdites sortent de moi dans un torrent incontrôlable.

Lincoln me serre contre lui, dans une étreinte à la fois tendre et protectrice, alors que je m'effondre. Littéralement.

Tout est trop violent, injuste, irrévocable.

Son fantôme erre ici comme nulle part ailleurs. Je ne pensais pas qu'une odeur pouvait survivre avec autant de vigueur à son propriétaire ... C'est comme s'il venait de quitter la pièce.

Dans ma mémoire, les souvenirs s'affrontent pour savoir lequel est le plus horrible.

Tu me manques si fort ...

La colère que je refoule m'assaille de toute part. Elle assiège mes remparts, ces défenses impénétrables que je croyais impossibles à franchir s'écroulent.

Je sens mon corps convulser contre celui de Lincoln, qui me retient fermement. Cette douleur mentale qui devient physique.

Laissez-moi mourir... Enterrez-moi comme j'ai essayé de vivre, sans lui, sans roses.

Mon corps se courbe dans une position si pénible que j'ai du mal à respirer. Je ne suis que douleur.

Emmett ...

A-t-il eu mal lui aussi en mourant?

Qu'est-ce qui à céder en premier ? Son corps ou son cœur ?

C'était toi et moi contre tous ... Aujourd'hui, ne reste que moi, sans toi ni rien. Tu es parti, sans même me dire au revoir.

Les images, les sons, les pleurent, les coups et la douleur me percutent de plein fouet. Ses yeux, vides et pleins d'un je ne sais quoi.

Le froid gagne du terrain dans la chaleur de ma chair. Faites qu'enfin, ce soit aussi ma fin.

Entre frère et sœur, l'un n'ira à aucun enterrement. Le dernier les vivra tous et n'aura personne au sien.

Je veux te voir ... je veux comprendre ... je te veux toi ...



Un rayon de lumière, aussi éblouissant qu'une douleur persistante, traverse mon champ de vision.

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⏰ Dernière mise à jour : 6 days ago ⏰

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