Chapitre 9

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Les cris de rage lors du combat parvenaient jusqu'à nous. Au bout de quelques minutes un silence froid s'installa. Nous retenions notre respiration de peur de nous faire entendre.

- Il était coriace celui-là!

- Tu penses que la Duchesse a pu aller loin?

- Non, je ne pense pas. La plupart des gardes ont été tué et ce n'est qu'une femme. Même si elle a réussi à échapper à Issan elle ne pourra survivre seul.

Les voix s'éloignant, nous attendions. Le jeune Marn dissimulait ses pleurs. Moi et la jeune femme étions blotties l'une contre l'autre, par peur et par froid.

Lorsque Marn sorti du terrier il s'éloigna seul. Une fois dehors, je le vis prendre soin du corps de Valdis. Il ne pouvait prendre le temps ni même le risque de l'enterrer. Après un moment de recueillement, nous décidâmes de partir.

Au loin nous pouvions voir les murailles du duché. Nous avions déjà passé le village. Les hommes et femmes étaient effrayés de la situation. Certaines maisons avaient été brulées et les corps de résistants tâchaient de rouge les rues.

Etrangement, la porte principale de la muraille n'était pas gardée par ces truands. Nous la franchirent donc. Dans notre fuite je pus identifier le corps du garde qui se trouvait devant le portail. Il s'agissait du premier homme que j'avais rencontré à mon arrivée ici. Ses yeux étaient ouverts et près de sa bouche une flaque de sang reflétait son visage.

Nous courrions de toute nos forces. Quelques kilomètres passés, nous nous sommes arrêté dans un village. Je me trouvais à présent parmi les bâtiments que j'observais à travers la vitre du carrosse à mon arrivé au duché. Le village était presque délaissé. Très peu de monde y vivait mais tous étaient extrêmement pauvres et principalement des paysans.

-Madame, entrez je vous prie, me dit Marn ouvrant la porte d'une maison abandonnée.

L'intérieur était simple et poussiéreux.

- En attendant le retour du Duc, Madame je suggère que nous restions ici. Nous vivrons à la manière des paysans afin de nous dissimuler. Même si le village est à proximité du duché, je ne pense pas qu'Issan enverra des hommes à votre recherches. Il a bien trop à faire au duché pour s'approprier les pouvoirs du Duc. Ne vous inquiétez pas, dit-il dans une grande quiétude, je vous protégerai au péril de ma vie.

Ce jeune garçon qui venait de perdre son mentor lors de notre fuite était là, sûr de lui et inquiet de mon état.

- Marn, quel âge as-tu? demandai-je.

Il fut étonné de ma question soudaine mais répondit " Dix neuf ans, Madame."

- Tu es bien courageux pour un garçon de dix neuf ans. Merci d'être présent. Je compte sur toi pour notre sureté jusqu'au retour de mon époux.

Par ce commentaire, Marn rougit légèrement et inclina sa tête en guise de remercîment.

Pendant que Marn s'occupait à l'extérieur de la maison pour nous installer, je discutais avec la servante qui nous accompagnait dans notre course. Maria s'était confiée sur sa rencontre avec Frame et je l'écoutais attentivement. Ses pleurs traumatisés se turent dans son sommeil.

***

Les jours, les semaines et mois passèrent. Aucunes nouvelles de Haysen. Je commençais à désespérer. Etais-je donc destinée à vire ainsi? Haysen, mon époux que je connais à peine pourrait être tué à la guerre. Depuis des mois j'œuvre sur les champs et travaille la terre avec les autres paysans. Issan avait volé les possessions de mon mari et je suis destinée à vivre dans la peur et dans l'anonymat. Pourquoi Haysen ne m'a-t-il pas prévenu qu'il partirait en guerre? Il m'avait pourtant promis de m'écrire et de m'informer.

Ces pensées torturèrent mon esprit pendant des mois. Il m'arrivait de pleurer la perte de mon mari, de prier son retour et parfois je ressentais une colère immense contre lui pour m'avoir abandonné.

Les jours se ressemblaient. Marn, Maria et moi peinions à survivre. Le désespoir creusait mon âme, la mort me tentait. Mais je devais me ressaisir. Marn, ne rechignait pas sur les efforts qu'il faisait pour nous apporter tout confort de vie à Maria et moi. Et les cris de frayeur de Maria durant la nuit, réveillée par ses cauchemars du jour de sa rencontre avec Frame me rappelaient que j'avais de la chance. Ne ne pouvais abandonné Maria et Marn. Comment pourrais-je les laisser?

***

Les journées pénibles s'empiraient pendant l'hiver. Le froid et la faim se ressentaient au village.

Un jour pendant que nous travaillions au champs, un groupe d'hommes armés saccageaient le village. Marn s'était précipité me prévenir qu'il fallait prendre la fuite.

A travers le champs, je courrais sur les herbes sèches. Dans la violence du tir, une flèche entailla mon bras et me fit tomber. L'homme s'approchant de moi me prit par les cheveux et cria " Je l'ai!" Il me souleva et me porta sur son épaule. Dans la violence de sa marche, je pouvais difficilement voir les visages de Marn et Maria qui hurlaient mon nom.

Fatigué de me voir me débattre, l'homme frappa violement ma nuque et me plongea dans l'inconscient.

Deux Ans Après Notre MariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant