Chapitre 11

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Voilà deux semaines que je suis enfermée dans ma chambre. Demain je me marie de nouveau. Deux soldats gardaient ma chambre et une servante m'avait été attitré, mais je ne connais pas son nom. Elle ne me visitait que trois fois par jour pour m'apporter mes repas et vêtements. Issan craignait que je nuise à ses plans pendant les préparatifs du mariage et excepté cette servante, je n'ai pu côtoyer personne.

J'espère que Maria et Marn vont bien. Les vagues de désespoirs me frappaient de temps à autres. Mon mariage avec Haysen avait été arrangé et celui avec Issan l'était aussi. Je n'ai jamais pu contesté ces décisions ni même donner mon simple avis. On ne m'avait jamais demandé mon avis à vrai dire. Et en avais je le droit, d'avoir un avis? La situation se répète alors pourquoi je me sens plus démunie et plus désespérée qu'à mon premier mariage. Je devais être habitué à ce que rien ne se passe en mon avantage. Et pourtant je pleure ma situation et mon impuissance ridicule.

Haysen me manque. A cette pensée j'éclata de rire. Comment peut il me manquer? Suis-je à ce point naïve? Je sais, j'ai compris pourquoi Haysen avait accepté de m'épouser. Moi ou une autre ça lui était égal. D'après les rumeurs il n'avait aucun intérêt pour les femmes, s'il a accepté de m'épouser c'est parce qu'il a besoin d'un héritier.

Il m'avait précisé lors de notre rencontre qu'il percevait le mariage comme une finalité et que jamais nous ne devions nous séparer, que ce mariage nous scellerait à vie l'un et l'autre. J'en suis sûre, c'est parce qu'il ne veut pas avoir à faire à d'autres femmes. Il ne veut pas les côtoyer ni avoir le besoin de trouver une autre épouse. Je lui suis indifférente, jamais il n'a eu l'intention de partager notre vie ensemble. Je n'étais qu'un produit vendu par mon père et tout deux ont trouvé leurs avantages dans ce mariage. Mais moi ? Vendue par mon père et possédé par Haysen, est-ce que je représentais quelque chose d'autre? Y a-t-il quelqu'un qui s'inquiète pour moi dans ce monde? Ou suis-je réellement seule?

Par ces tourments je me mis à pleurer durant de longues minutes avant de m'endormir sur mon lit par la force de cette fatigue exténuante.

***

Dans une grande inspiration j'ouvris les yeux et les portes face à moi furent déployées.

L'allée d'honneur était longée de centaines de personnes. Le brouhaha des commentaires rendait sourd mes pensées. J'avançais machinalement. Issan m'attendait près du prêtre. Durant le discours pour notre union, je constatais la différence avec mon premier mariage précipité. L'église était grande et lumineuse, les décorations ornées de fleurs blanches reflétaient les rayons du soleil. Ma robe était digne d'une princesse et la cérémonie majestueuse.

Mes pensées ont été interrompues par les soudains mouvements d'Issan. Dans ma prise de conscience je compris que le prêtre avait finit son allocution. Issan posa ses lèvres sur les miennes. Le baiser était froid.

La foule s'éleva acclamer les nouveaux mariés. L'impression de ne pas vivre ces moments, je ne répondais à rien. Comme témoin de ma propre vie.

Les festivités se déroulaient devant mes yeux sans que je ne puisse réagir. Le temps s'écoulait avec lenteur et à la fois avec rapidité. Certaines personnes venaient nous félicité moi et Issan pour notre union. Le banquais était magnifique et les invités mangeaient avec plaisir et désir.

Témoin du bonheur de tous ces gens, mon sentiment de solitude se senti plus fort. Les larmes émergeaient aux bords de mes yeux. Avant que je ne laisse mon cœur s'effondrer, un homme dans la foule attira mon attention. Il était immobile dans ces vagues de personnes déambulant. Droit comme un piquet il me fixait du regard. Ne n'avais jamais vu cet homme. Pourquoi me regarde-t-il si étrangement?

Dans le mouvement des foules, l'homme disparu. Au cours de la soirée il m'arrivait de l'apercevoir. Et à chaque fois son regard était rivé sur moi. Constatant la répétition, je sentie un malaise extrême jusqu'à ce qu'Issan prit ma main.

- Suivez-moi, dit-il dans mon oreille.

Je me leva de ma chaise d'où j'étais restée depuis le début des festivités. Sans que personne ne le remarque nous quittâmes la grande salle. Une fois dans les couloirs et isolés du bruit, il continua de tenir ma main et avança la marche sans dire un mot.

Deux Ans Après Notre MariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant