Chapitre 22

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- Très bien, parlons.

A cette parole je fus rassurée. Hésitante, j'alla sur le lit supposant que la conversation serait longue. Me voyant assise, il restait debout incertain.

- Parlons, voulez vous? demandais-je une seconde fois.

Il entra dans le lit s'asseyant le dos contre la tête de lit. Le silence pesait de nouveau. Il me regardait attendant que j'engage la conversation. Je commença alors sur ce qu'il m'était arrivé. Ma rencontre avec Frame puis Issan, ma fuite du duché et ma vie de paysanne auprès de Marn et Maria. Puis de mon deuxième mariage.

Haysen m'écoutait attentivement, ne m'interrompait pas et avec patience analysait mon récit. Pour le dissuader de me punir par le fouet, je n'hésitais pas à détailler ma relation avec Issan et les nombreuses fois où il avait tenté de me toucher. A ces moment là, je pouvais voir la mâchoire d'Haysen se serrer, son visage me faisait croire qu'il vivait ces moments, comme si il avait été présent. Voyant cette réaction subtile de sa part, je gardais espoir pour la suite et sa compréhension.

Je n'oubliais pas de préciser que Florian, le garde qu'Haysen avait envoyé pour me retrouver était arrivé après mon mariage avec Issan et qu'il était impossible pour moi de fuir ma position d'épouse.

Quand j'eus terminé, Haysen me regardait sans prononcer le moindre mot. J'espérais qu'une seule chose, qu'il compatisse et retire son accusation.

-... Hmm.

- V-Vous me croyez n'est-ce pas?

Son regard perçant m'analysait avec suspicion.

- ... Je ne pense pas que vous mentiez, mais vous omettez surement certaines choses.

- Que voulez-vous dire?

- Vos sentiments. Même si vous n'êtes en rien responsable aux évènements qui se sont produits, vous oubliez de me dire que vous avez finit par y trouver du confort, dit-il tendant sa tête vers moi.

De quoi parle-t-il? J'étais agacée de jouer aux devinettes. Je m'assaya alors près de lui, nos visages face à face et dis "Allez droit au but, je vous pris." Haysen fut légèrement surpris de ma réaction mais fit comme si de rien n'était. Je pus déchiffrer une certaine satisfaction de sa part, son regard devient plus sérieux.

- Avouez que vous avez apprécié Issan comme époux.

- Non. Cela n'a jamais été le cas.

- Pourtant ce n'est pas ce que les rumeurs disent.

Rumeurs? Oui, je sais maintenant où il veut en venir.

- Si vous parlez des rumeurs entretenues par le personnel, sachez qu'elles sont fausses. Issan s'est toujours très bien comporté avec moi en public. Devant les servantes, il me parlait avec respect et affection. Sans doute pour contrer les possibles rumeurs de mon refus à lui. Issan avait du mal à accepter le fait que je le repousse, je pense qu'il s'agissait d'un moyen pour lui de garder la tête haute par fierté masculine.

-...

- ... Aucun homme ne m'a touché! Croyez-moi!

Par crainte je pris sa main et la posa sur ma cuisse et proposa:

- Vérifiez par vous même. Je me suis refusée à lui par souvenir de vous et par dégout et rencune pour lui. Je vous pris de me croire.

La main que j'avais posé sur ma cuisse se serra de plus en plus, plantant ses doigts dans ma chaire et appuyant avec force.

- Alors pourquoi étiez vous heureuse? dit-il se rapprochant considérablement de moi. Pourquoi riiez vous? Pourquoi je vous voyais le visage lumineux et libre de toutes les contraintes que vous m'avez mentionnez?

Sa main caressa ma joue puis mon oreille pour se mettre à l'arrière de ma tête. Dans un élan qu'il provoque, il m'allongea sur le lit. Son visage au-dessus du mien, caressant de son pouce mes lèvres, le regard contrarié il dit "Pourquoi étiez-vous si heureuse?".

Je pris sa main qui se trouvait sur mon visage et répliqua "Je ne l'étais pas."

- Haha... Essayez vous de me séduire pour me faire perdre la tête? ... Iridiessa, dit-il murmurant mon nom d'une voix grave, je vous ai vu au marché du village. Vous riiez, pleine de vie, les cheveux au vent comme satisfaite de votre vie. Ne me mentez pas.

Enervée de la situation, je le repoussa. Haysen portait sur son visage un air énervé tout comme moi. Assise de nouveau face à lui, des mots saccadés par l'agacement sortaient de ma bouche et se présentaient à lui comme une menace.

- Haysen, vous, vous n'avez pas la moindre idée de ce que j'ai vécu, dis-je tapant de mon index son torse. Vous n'en n'avez pas la moindre idée. Ne vous méprenez pas, continuais-je m'écartant de lui. Si vous étiez présent lors de ma sortie au marché, sachez que c'était la première fois que je fus autorisée à sortir et la veille Florian m'avait confié l'assurance de votre retour.

Les larmes muettes coulaient sur mes joues. L'injustice de la situation m'exaspérait. Ce n'était pas les retrouvailles que j'espérais.

- Vous m'aviez manqué. Je vous ai haïs pour m'avoir abandonné, pour ne pas m'avoir envoyé de lettres. Savez vous comment j'ai su que vous étiez en guerre? Par la bouche d'Issan. Que vous vous battiez face au royaume de Berchn connu pour leur barbarie et leur force impitoyable!

Mes larmes continuaient de coulez à flot et ma voix tremblait pendant que je confiais pour la première fois mes émotions à quelqu'un.

- Issan ne cessait de dire que vous étiez mort, que vous n'aviez aucune chance de revenir. Alors oui! Oui, j'étais heureuse ce jour là de savoir que ce cauchemar serait terminé car mon époux reviendrait!

Ne contrôlant plus mes pleurs, je cacha mon visage avec mes mains, essayant de calmer ma respiration saccadée et douloureuse. Sa main chaude recouvra mes deux mains. Son autre bras m'enlaça par la taille pour me blottir contre lui. Sa joue sur le haut de ma tête il chuchota " Pardonne moi, Iridiessa. Pardonne moi."

Deux Ans Après Notre MariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant