Chapitre 12

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Certains passages peuvent heurter la sensibilité de certains, à lire avec précaution.

Après être entré dans une chambre, il me plaqua contre la porte et m'embrassa langoureusement. Le temps de comprendre ce qui arrivait, Issan avait déjà commencé à soulever ma robe et caressait le haut de mes jambes. Difficilement, je tourna ma tête sur le côté pour ainsi rejeter son baiser sans fin. 

Dans une expiration de souffle il dit " Vous n'avez pas idée d'à quelque point j'attends ce moment." Il reprit en épousant de sa langue mon oreille gauche puis mon cou. Mes cuisses et fesses étaient à la merci de ses mains. Je tentais de dégager son emprise en repoussant ses épaules larges. 

"Ahhh, je ne peux plus attendre" dit-il soufflant dans le creux de ma nuque. Se baissant, il supporta de ses bras mon corps et me porta pour me suivre dans ma chute sur le lit. Immobile, je sentais ses mains fouler mon corps. Une tristesse immense me gagna. Je n'arrivais pas à taire mes pleurs. La peur et l'impuissance me prenaient aux tripes.  

Interrompu par mes pleurs il embrassa avec douceur mes joues salées. Lentement il continua de me déshabiller. 

Nue, il écarta mes cuisses, se releva et prit le temps de m'observer. A la vision de cet homme fort au-dessus de mon corps démuni, j'éclata en sanglots cachant mon visage. Ma respiration saccadée par ma peur faisait écho dans le lit. 

- Merde. 

Il écarta mes mains dissimulant mes yeux et s'allongea au-dessus de moi. Sa joue effleurait la mienne pendant que des gémissements s'échappaient de sa bouche. Dans la confusion, je ne bougeais plus et mes pleurs avaient cessés. Sa respiration chaude s'étalait le long de mon cou et de mon épaule. Le bras sur lequel il se tenait reposait près de mon visage. La pression de son sang avait fait gonfler ses vaines et son poing était serré. Rien, excepté sa tête, ne me touchait. Je sentais tout de même un mouvement rude et répétitif au-dessus de mon ventre. 

Quelques minutes plus tard Issan laissa s'évader un cris. Une substance avait entaché mon torse. Il se leva et parti dans la salle de bain sans me regarder. Réalisant ma libération je me précipita sur un linge qui se trouvait sur le sofa. Je m'enveloppa dans la tunique de nuit. Au moment de nouer ma ceinture j'entendis des gémissements depuis la salle de bain. Ils étaient plus fort et moins dissimulés. J'alla me cacher sous la couverture, couvrant mes oreilles et espérant m'endormir avant qu'Issan ne rentre dans la chambre. 

Vingt minutes plus tard la porte de la salle de bain s'ouvrit. J'entendais ses pas s'approcher du lit. Dans un calme plein, il ne bougeait plus. L'absence de sons m'inquiétait sur ce qu'il se passait derrière moi. Je faisais mine de dormir et ne pouvais me retourner. 

Puis il s'allongea dans le lit. Le silence absolue était survolé de nos respirations. Dans un soulagement profond mes yeux se fermèrent.  

Le lendemain je me réveilla seule. Son oreiller et le draps étaient froid. 

Vinrent par la suite plusieurs servantes. Maintenant mariée, j'étais scellée à ce château et cette vie. Scellée à Issan, mon nouvel époux. Je n'étais plus contrainte aux seuls murs de ma chambre mais avais la liberté d'aller où bon me semble dans le duché. 

Je revis Issan lors du diner. Avec le sourire, il tenta d'alimenter une conversation mais mes réponses brèves et maigres ne l'aidait pas. Il faisait mine de rien et continuait ses tentatives. 

Le diner finit il s'approcha de moi. 

- Iridessa, j'ai encore du travail dans mes bureaux. Ne m'attends pas pour dormir. 

Après m'avoir embrassé la joue il partit. Les servantes qui débarrassaient la table gloussaient en réaction à cette intimité qu'avait provoqué ce baiser. 

Dans l'indifférence je reparti vers ma chambre et me coucha. Des pensées vides envahir mon esprit. Plusieurs heures passèrent et la porte de la chambre s'ouvrit. Sans dire un mot Issan se changea puis se coucha. Cette nuit y compris je pus m'endormir avec sureté. 

Les jours passèrent sans qu'Issan et moi nous nous voyons vraiment. Quelques fois il nous arrivait de prendre notre diner ensemble. Chaque soir il rentrait tard dans notre chambre et chaque matin je me levais seule. Mais à chacune de nos rencontres et échanges il avait un ton léger et montrait une certaine proximité devant le personnel. Les servantes voyaient notre couple comme un exemple et riaient, amusées du charme joueur d'Issan. 

Quant à moi, j'avais du mal à m'habituer à cette vie. D'une certaine manière j'étais reconnaissante envers Issan pour me traiter avec respect. Je sais que certains hommes n'auraient pas hésité à forcer ou violenter leurs femmes. Mais la douleur qu'il avait provoqué en assiégeant le duché, le désordre qu'il avait imposé dans nos vies en tuant et répandant la terreur.  En embauchant des brutes tel que Frame qui avait tenté de me violer. Combien de femmes avaient été violé par ses hommes? Combien d'hommes avaient été tué par ces mercenaires? Combien d'enfants tel que Marn avaient pleuré la mort de leurs amis ou familles? 

Bien que je vis à présent dans l'abondance et le confort, cet endroit me répugne. L'odeur d'Issan et de ses gens empeste les murs, empeste mes souvenirs de calme et de paix. 

Une rage muette grandissait en moi. L'incapacité de sauver les miens m'enrageait. J'espérais de tout mon cœur que Maria et Marn allaient bien d'où ils se trouvent. Que Darius et Laria étaient en vie. Et que Haysen survivrait à la guerre. 

Pour une fois je ne rêvais que d'une chose, entendre les hurlements et pleurs crier dans le château. Voir les murs peint de leurs sangs. Mon cœur grossissait d'air à ces réflexions mais aussitôt mon incapacité à agir creusait un vide sans fond dans ma poitrine. 

Deux Ans Après Notre MariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant