Chapitre 15

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Quittant ces lieux sombres, mon cœur s'apaisa de revoir la lumière et les villageois pleins de vie. De retour sur la place du marché je cherchais à travers la foule le garde que j'avais laissé.

Derrière moi, une voix grave m'appelle.

- Madame! Où étiez vous?

- Ah... je me suis promenée.

- Hahh, Madame, s'il vous plaît ne partez pas sans un garde pour vous accompagner. Le village peut être un endroit dangereux pour une femme de votre rang.

Je comprenais ma faute à avoir été si naïve. Dans la folie d'un bonheur imaginaire que je m'étais créé, j'avais ignoré la Raison. La peur et l'angoisse que j'avais ressenti dans ces ruelles et ma rencontre avec Laria se ressentaient à travers mon corps comme de petits courants de froid.

Après avoir promis au garde que je ne recommencerai plus, je décida de rentrer au château. Une fois seule dans le carrosse les souvenirs que j'avais de Laria s'accumulaient dans mes pensées. Elle était douce et gentille avec moi. Elle a été la première à avoir été respectueuse de mon cœur et de mes volontés.

Lorsque je vivais chez mon père, le personnel oubliait de me nourrir, m'habillait et me douchait avec violence. Une jeune servante de mon âge me battait lorsque nous étions seule. Animé par la jalousie peut-être. A vrai dire il n'y avait pas de quoi être jalouse de moi. Je ne possédais presque rien, mon père me négligeait et aucune qualité ne pouvait contrer la balance.

Lors de ma première rencontre avec Laria, j'étais anxieuse. Je me demandais si elle me bâterait, m'affamerait, si elle me volerait... Mais elle se présenta à moi avec un sourire solaire. Je me souviens de la douceur de ses mains lorsqu'elle me brossait les cheveux. La douceur de ses gestes lorsqu'elle me lavait et m'habillait. Je pouvais lui confier mes craintes et inquiétudes au sujet des différentes responsabilités qui m'étaient imposées après de départ d'Haysen. Et ses réponses et conseils m'encourageaient à faire de mon mieux.

A ces sentiments, ma poitrine se serrait de plus en plus. J'étais réellement triste de l'état dans lequel Laria était actuellement. Elle n'était plus stable mentalement et m'effrayait. Mais la culpabilité de mon maigre don de boucles d'oreilles me hanta. Laria méritait plus que de simples boucles d'oreilles.

Une fois arrivé au château j'alla voir le garde et lui raconta ma rencontre avec Laria. Je décrivis du mieux que je puisse l'endroit où elle se trouvait elle lui demanda de retourner au village pour lui trouver un lieu où elle pourrait être soignée, nourrie. "Lorsque vous rentrerez ce soir, confirmez moi de la réussite de votre mission." Le garde acquiesça et fit demi tour allant au village.

***

Il faisait nuit. J'avais pris mon diner seule comme la plus part du temps. Dans la chambre je me changeais en robe de nuit quand soudain la porte s'ouvrit. J'étais surprise de voir Issan venir aussitôt dans la soirée. Un moment immobiles, nous nous regardâmes puis il avança et commença à se changer dans le silence. Je détourna mes yeux par pudeur. Déjà habillée, j'alla dans le lit et lui tourna le dos.

- Quand compterez vous m'accepter?

Le ton de sa voix m'avais surprise. Il avait pour habitude de parler avec émotion, passion ou colère et gaité lorsque nous étions entourés de d'autres personnes. Ce soir son timbre de voix était comme inerte, lassé.

Je ne répondis pas.

- Vous ne pourrez pas me refuser éternellement, il continua calmement. Je n'ai pas pour intention de vous forcer mais comprenez bien que vous devrez céder à votre fierté.

-...

Il entra dans le lit et posa sa main sur ma hanche et dit " Je peux vous assurez que je ne vous ferais pas de mal. Je vous donnerai du plaisir et serai doux avec vous." Il glissa sa main lentement sur ma cuisse et murmura d'un ton suppliant " Laisses toi faire s'il te plaît." s'approchant de mon oreille.

- Donnez moi encore un peu de temps, dis-je.

Il s'arrêta surpris de ma réponse.

- Combien?

- Une semaine? affirmais-je.

J'espérais pouvoir gagner du temps avant le retour d'Haysen. Rien ne me garantissait qu'une semaine suffirait mais je ne pouvais pas le refuser éternellement comme Issan l'avait dit. Un faible rire retenti.

- Dans une semaine vous serez prête à accepter mon touché et mes baisers? Pourquoi attendre autant?

Je n'osais pas me retourner vers lui et par curiosité il éleva sa tête au-dessus de la mienne pour déchiffrer mes expressions.

Timidement je répondis " Je... Je n'ai jamais été touché par un homme. Il m'a fallut du temps pour réaliser que nous étions mariés et qu'il fallait que je respecte mes devoirs d'épouse. Mais... mais pas ce soir je vous prie, accordez moi une semaine de plus le temps que je me prépare."

Le silence qui suivit m'interpella et par crainte de sa réaction je pivota ma tête. L'expression qu'il portait sur son visage laissait entrevoir le blanc de ses yeux autour de ses iris. Sa bouche légèrement ouverte, il prit un temps avant de parler.

- Vous n'avez jamais consommé votre mariage avec Haysen?

- ... Non.

S'écartant de moi, je m'assis face à lui. Sa main tenait le bas de son front cachant son regard. Il murmura "Je vois." Levant légèrement la tête, sa main laissait entrevoir ses yeux châtains.

- Je pensais que vous me refusiez par souvenir de ses caresses mais ce n'est pas le cas. Peut-être sommes nous pas obligé d'attendre une semaine, dit-il entourant ma cheville de sa grande main. Je pensais devoir vous aimer à la manière d'Haysen pour vous satisfaire, il dit en approchant son visage du mien et caressant le long de ma jambe. Mais je peux vous embrasser à ma manière, vous ne penserez pas à Haysen au goût de mes lèvres mais bien à moi.

Surprise de ce retournement de situation je resta immobile, comme paralysée. Puis-je le refuser? Ai-je des arguments valables pour le refuser maintenant? Ses lèvres et sa langue épousaient mon cou, sa main tenait fermement ma taille pendant que j'essayais de trouver une raison de l'écarter.

La tendresse de ses baisers peu à peu m'envoutaient. Je me sentais faiblir à sa main forte et sèche sur ma peau. Sa langue à mon oreille, je serra de ma main moite la chemise qu'il portait.

Soudain la porte frappa. Ce bruit nous interrompit et me réveilla de son envoutement. Issan se leva avec agacement aux bruits répétitifs venant de l'extérieur. Il partit ouvrir pendant que je reprenais mes esprits.

Deux Ans Après Notre MariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant