Lorsque j'eus terminé mon bain, je retourna dans ma chambre ne sachant pas si Haysen y serait. Avant d'ouvrir la porte, je pris une grande respiration et entra. Il n'était pas là. Je souffla de soulagement. J'alla trouver mes habits pliés et posés sur le lit. Est-ce Haysen qui les a préparé? C'était une robe blanche, simple mais sophistiquée. Le tissus était doux et épais, la dentelle et l'excédent de tissus sur les épaules et la taille accentuait ma morphologie. Elle est jolie.
Terminant les finissions en m'habillant, on frappa à la porte.
- Madame, puis-je entrer ?
C'était Ophélia. Me voyant m'apprêter, elle se proposa à prendre soin de mes cheveux. Tout en me coiffant, Ophélia prenait le temps de me consoler et m'informa sur la situation.
- Madame, Monsieur le Duc aimerait que vous alliez le rencontrer à son bureau dès que vous serrez prête.
- Son bureau? Sais-tu pourquoi?
- Non Madame, mais lorsqu'il m'a ordonné de vous le dire, le Duc portait une expression sérieuse sur son visage.
Ophélia termina de me coiffer en une longue tresse et ajouta: "Madame, attendez!".
Elle chercha dans un tiroir de la coiffeuse un objet et me dit tout en le manipulant.
- Monsieur n'a pas l'air de bonne humeur, mais ce n'est sûrement pas de votre faute, Madame. Si jamais Monsieur est agacé, il n'osera pas s'énerver contre vous si vous êtes plus jolie que d'habitude.
Tout en prononçant ces paroles, Ophélia balaya mes joues et mes lèvres avec du rouge.
- Voilà, Madame! Le Duc s'apaisera aussitôt qu'il verra votre charme!
- Haha, merci Ophélia.
Me voyant dans le miroir, je devais admettre que le rendu était joli, léger et naturel. Ophélia voulait paraître joyeuse mais il était évident qu'elle était anxieuse.
***
Traversant les couloirs, les serviteurs me dévisageaient encore. Contrairement à avant, les regards de mécontentement changèrent pour des regards de pitié. Ils chuchotaient entre eux et je pouvais distinguer certaines paroles comme "la pauvre", "c'est malheureux" ou encore "c'est généreux de la part du Duc de la garder comme épouse". Le discours qu'Issan avait eu devant la foule m'avait pour de bon enfermé dans un passé qui n'existait pas. J'étais à présent une femme abusée, violée, abîmée et sali par les mains d'un homme qui n'est pas mon mari. Même si j'arrivais à me faire entendre et confronter la vérité à ses mensonges, je savais qu'il ne serait pas évident d'annuler cette perception que les gens ont de moi. Je me souviens alors de ce que m'avait dit Krim : de garder la tête haute. Ce que je fis.
Arrivée devant la porte du bureau d'Haysen, Ophélia resta en retrait et me dit : "Je vous attendrai ici, Madame".
Sans que le garde annonce ma présence, il m'ouvrit la porte. En entrant, je m'aperçu qu'Haysen n'était pas seul. Plusieurs hommes se retournèrent me voyant entrer. Haysen était assit à son bureau et me regardait. Une pression m'obligea à justifier mon arrivée.
- Haysen, vous vouliez me voir?
Il se leva et dit "Laissez nous". Les hommes avancèrent vers moi, vers la sortie. Je pus reconnaître certains d'entre eux. Ils étaient aux côtés d'Haysen lors du siège. Arrivés près de moi, les deux hommes à la balafre sur la joue et au cache œil, s'arrêtèrent. Etonnement, je les regardais avec méfiance. Ils ne prononcèrent pas un mot en me fixant, quand l'un d'entre eux s'inclina.
-Madame.
Les autres firent de même puis partirent refermant la porte derrière eux. J'étais étonnée. Peut-être leur faisais-je pitié à eux aussi? Peut-être me considèrent-ils, maintenant qu'ils pensent que j'ai été forcé de me marier avec Issan.
- Iridessa, venez vous assoir, me demanda Haysen.
Sa main me proposa une place du sofa sur lequel je m'étais assise deux ans auparavant, lorsque nous avions signé notre contrat de mariage.
Une fois assise, il se posa face à moi. Cette situation me rappelait vraiment celle d'il y a deux ans. Mais cette fois-ci, le ton sérieux et grave d'Haysen, m'angoissait.
- Iridessa, j'aurai une question.
Muette, j'écoutais avec attention.
- Vous, vous assurez qu'il ne s'est rien passé entre vous et Issan?
...? Peut-être qu'Haysen doutait de moi depuis la déclaration d'Issan. Serait-ce pour cela qu'il m'a convoqué?
- Oui! Je vous l'assure!
Il me regardait avec hésitation puis poursuit : "Je ne vous en voudrais pas si c'était le cas. Je sais que cela a du être difficile pour vous et que la situation n'était pas en votre faveur. Je comprendrais si vous aviez du sacrifier certaines choses pour survivre."
- Haysen. Lorsque je me suis confiée à vous dans le lit, j'étais sincère. Je n'ai omis aucune chose ni n'ai menti. Il est vrai qu'à votre retour, j'avais peur de votre réaction en apprenant que j'étais mariée à votre frère, mais en vous voyant de nouveau, j'ai retrouvé un sentiment d'apaisement comme lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois, dans ce bureau. Le ... le contrat que nous avions signé il y a deux ans, fait de nous des partenaires de vie. Je veux vous faire confiance et je souhaiterai que vous fassiez de même.
Haysen m'écoutais avec patience et sérieux. Je continuais: " Si vous vous interrogez depuis l'annonce d'Issan, je vous assure qu'il ment. Je ne saurai vous dire pourquoi mais je vous promet que je suis vierge".
Après un silence et une respiration profonde de sa part, il reprit la parole.
- Très bien. Excusez moi, la déclaration de mon frère m'avait fait oublié votre version.
Entendant ses paroles, j'étais rassurée de nouveau. Mais intérieurement, j'étais aussi énervée. Quel était le but d'Issan, d'avoir inventé et crié au monde ces mensonges. Voulait-il que le monde me prenne en pitié? Ou alors, voulait-il qu'Haysen me répudie? Que voulait-il? Me voler ma vie au duché, ma vie avec mon mari?
- Haysen, où est Issan en ce moment ?
- ... Dans le donjon.
- J'aimerai le voir, pourriez-vous m'accorder une visite?
- ... Pourrai-je savoir pourquoi?
- Je ne sais pas quelle sera l'issue de sa condamnation demain, mais j'aimerai le voir une dernière fois en face à face. Et savoir pourquoi il a menti tout à l'heure.
-... A vrai dire, il y a autre chose que vous devez savoir, me dit-il sur un ton hésitant. Issan et moi avions parler hier soir, avant qu'il ne soit présenté et puni devant le public. J'ai tenté de le faire avouer ce qu'il avait pu vous faire, en utilisant quelques éléments de votre version des faits, mais en vain. Il ne parlait pas. La seule fois où il a parlé, c'était pour me demander comment vous alliez.
Comment?
- Je lui ai répondu que vous alliez être puni avec lui. Après cela, il m'a assuré que rien ne vous arrivera, qu'il l'en empêcherait.
"Qu'il l'en empêcherait"? Que voulait-il dire par là?
- Pensez vous qu'il aurait menti pour me dédouaner ? demandais-je à Haysen.
- ... Je pense. C'est possible.
J'étais confuse. Aurait-il décider de prendre tout le blâme pour lui? Haaa, mais que veut Issan? Sans que je ne le veuille, je me sentais inconsciemment liée à Issan. Il me frustre. Tout me frustre.
- Haysen, je veux le voir. Permettez-le moi, je vous prie.
Haysen me regardait avec analyse, puis acquiesça de la tête.
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Deux Ans Après Notre Mariage
Storie d'amoreAprès ma mort, mon âme s'est retrouvée prisonnière du corps de Iridessa Salem. Fille du Comte Zed Salem, mon père arrangea mon mariage avec le Duc Haysen Valder afin d'obtenir la dote sauvant ainsi les affaires de mon père et son titre nobiliaire. ...