Après un temps d'adaptation, je m'habitua au cheval. Nous avancions dans les champs et regardions de loin les villages et paysages. Je suivais Haysen à l'arrière. Nous ne parlions pas et cela n'était pas plus mal. Je ne ressentais aucune gène à me trouver en sa présence mais aucun désir non plus de m'approcher de lui. A vrai dire, la balade était agréable. La sensation du vent dans mes cheveux, la force du cheval que je ressentais et les étendues de plaines et de ciel me donnaient une sensation de liberté.
Au pied d'un chêne, Haysen descendît de son cheval et m'aida à faire de même. Détachant sa cape, il l'a posa près du tronc et me proposa de m'assoir. A ma surprise il remonta à cheval.
- Je reviens, dit-il.
Confuse, je l'observa. Il partit au galop au loin, puis fit demi tour. A droite, à gauche. M'ayant laissé sa cape, il ne portait qu'une chemise qui par la force du vent épousait sa peau. Ses muscles contractés par l'ardeur de sa course se dessinaient à travers le tissus. Ses cheveux ébène plaqués en arrière par l'air puissant dévoilaient son front et ses yeux. Par la puissance de cette scène, je ne pus m'empêcher de me lever pour admirer. L'étalon par la force de ses jambes hennissait de bonheur. Tel un tableau vivant, j'admirais le champs doré de blés ensoleillés. Sous le poids de la bête, les plantes s'aplatissaient pour laisser derrière eux le chemin de leur passage.
Dans cette course, dont j'étais imprégnée, le sourire d'Haysen ne pouvait être camouflé par le paysage. Son plaisir ne pouvait être ignoré. Après de longues minutes de liberté folle, il s'arrêta brièvement laissant ses yeux se poser sur moi un instant. Aussitôt il reprit sa course frappant des talons les flans de l'étalon. Parcourant le champs en ligne droite, mon cœur s'arrêta. Je ne le voyais plus. L'étalon continuait de galoper mais Haysen n'était plus. Est-il tombé ? Une peur me prit la poitrine et inconsciemment je m'avança légèrement dans les herbes. Soudain, Haysen réapparu. Continuant de galoper, il fit demi-tour et je vis alors le mystère derrière sa disparition. Le voyant refaire de nouveau cet acte incroyable, j'admirai étonnée, le spectacle.
Haysen glissait sur le côté du cheval, la tête à la hauteur des blés et fleurs sauvages, le bras tendu il arrachait les plantes de sa main pour remonter ensuite sur le dos de l'étalon.
Plusieurs fois, il répéta l'action. Revenant vers le chêne, il descendit précipitamment de sa monture pour marcher en ma direction. Essoufflé, il tendit le bouquet tacheté de pétales bleus. Le parfum émanait de ses fleurs des champs que je pris dans mes mains. D'un léger air de satisfaction, Haysen parti vers le chêne et s'assit adossé au tronc. Le voyant ainsi, je le suivi et m'assis à mon tour près de lui.
Un silence, comblé par les chants de la nature, occupait nos oreilles. Les bourdonnements des abeilles et les caresses du vents nous berçaient en ce temps arrêté.
- Aimez vous les fleurs? demanda-il, rompant le calme de l'atmosphère.
- ... Oui, merci. Elles sont très belles.
Par ma réponse, il continua de me regarder dans les yeux. Après un moment, il reprit:
- Vous ne fuyez pas mon regard ?
- ... Aimeriez-vous que je le fasse ?
- Non. Non... Cela me surprend quelque peu. J'aurai pensé que vous me détesteriez depuis notre conversation dans la chambre.
Il n'avait pas tort. Même si ce châtiment m'avait été annoncé, de l'extérieur je ne paressais pas si atteinte de panique et de peur, bien que ce le soit dans mon cœur.
- A vrai dire, dis-je, j'avais hésité à vous fuir pendant un moment. Et sûrement bien après l'humiliation publique qui m'attend.
Il me regarda sans parler. N'attendant rien de plus de ma part, acceptant simplement mon ressenti. Ce silence pourrait laisser croire qu'il accepterait que je le fuis un temps. Sûrement, il avait pitié de moi, et ce constat me ramenait à ma position et sensation d'infériorité que j'avais accumulé au fils des ans et des vies.
- Mais j'ai changé d'avis, repris-je. Je sais que vous n'êtes en rien responsable à la situation et j'aime croire que ce n'est pas ce que vous souhaitez pour moi. Ses yeux concentrés dans les miens, il absorbait chaque phrase que je prononçais de peur d'en manquer une. Souvenez-vous de notre première rencontre?
- ... Bien sûr, dit-il d'un ton évidant.
- "Nous partagerons notre vie ensemble.", c'est ce que vous avez dit, c'est ce que nous avions convenu. Il restait muet, légèrement étonné. Nous avons malheureusement été séparé après notre mariage mais nous avons aussi survécu. Vous êtes mon époux et je suis votre femme, alors pourquoi ne pas repartir sur les bases que nous avions fixé?
Les mots continuaient de filer dans ma bouche. J'étais fatiguée, je venais de réaliser que je ne voulais pas me battre toute ma vie et aspirais à retrouver le confort que j'avais ressenti lors de ma première rencontre avec Haysen.
- Pourquoi vous fuir, pourquoi vous en vouloir quand vous m'êtes revenu de guerre?
D'un simple sourire, je tendis ma main droite vers lui, proposant ainsi de nous serrez la main comme gage de renouveau et de confiance. Bien qu'immobile pendant quelques secondes, muet et sans doute surpris de ma réaction, il m'observait les yeux écarquillés.
- ... Mon bras me fait mal, dis-je riant faiblement.
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Deux Ans Après Notre Mariage
RomantizmAprès ma mort, mon âme s'est retrouvée prisonnière du corps de Iridessa Salem. Fille du Comte Zed Salem, mon père arrangea mon mariage avec le Duc Haysen Valder afin d'obtenir la dote sauvant ainsi les affaires de mon père et son titre nobiliaire. ...