Chapitre 10

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Un bourdonnement sonnait dans ma tête et me réveilla péniblement. Une douleur intense brulait ma nuque et raviva mes souvenirs. J'étais assise dans une chambre sombre.

- Vous êtes revenue à vous même?

- ... Comment? demandai-je confuse.

L'homme se leva de son lit et s'approcha de moi. Le manque d'éclairage et mon mal de crâne rendaient flou ma vision. Je plissais les yeux et me concentrais pour voir l'homme qui se trouvait face à moi.

- Ma chère duchesse, je dois admettre que nos retrouvailles m'emplies de joie. Voilà un an et demi depuis notre dernière rencontre. Je ne vous pensais pas si naïve à rester si près du duché, dit-il en allumant un bougeoir qu'il prit dans sa main.

Il approcha les flammes vers lui ce qui laissait apparaitre son visage. L'homme avait le regard perçant et les cheveux court.

- Hahaha, à en voir votre réaction, je suppose que vous ne me reconnaissez pas. J'ai changé depuis la dernière fois. Peut-être que cela va vous rafraichir la mémoire?

Tirant sur la ficelle qui fermait le col de sa chemise, il laissait découvrir son torse pour ensuite passer sa main sur son épaule gauche et faire sortir son bras par le col. Il se baissa me montrant du doigt le haut de son épaule et sa clavicule gauche. Des cicatrices tâchaient sa peau lisse. Dans un éclaire de lucidité je leva les yeux vers les siens. Son regard s'intensifia face à ma réaction, il souri s'approchant de ma joue.

- Vous vous souvenez, chuchota-il. Il s'écarta et reprit. J'avoue avoir été surpris par votre force. Je n'aurais pensé qu'une femme si douce et fragile aurait pu me mettre à terre avec un simple bougeoir.

Issan s'assit sur le bord du lit face à moi. Mes mains étaient liées aux accoudoirs de la chaise. Il ria brièvement face à ma tentative de me libérer. L'observant, je pouvais distinguer les changement quant à son physique. Contrairement à la dernière fois, il était rasé, les cheveux taillé et le teint plus net.

- Vous avez perdu du poids, me dit-il. Cela n'a pas du être facile pour vous de vous rabaissez au travail des paysans. Ca n'a pas du être évident de survire hors du confort dans lequel vous vous êtes habitué depuis votre naissance. Personne pour vous assister ni même pour remplir votre assiette.

Il ne me connaît pas. Il pense pouvoir simplement interpréter mon ressenti basé sur mon titre de noblesse. Même si cette dernière année a été difficile, elle ne l'était pas sur le plan matériel mais plus sur celui de la psychologie. La peur de l'abandon, de la perte... Dans ma précédente vie, la souffrance de l'incommodité ne m'a jamais épargné et finalement, ma vie chez le Comte Salem n'avait que très peu changé cette habitude d'inconfort.

- Vous savez à présent ce que je ressens, il reprit , la perte de ce qui vous est du. Le froid, la faim, la solitude. Vous ne pouvez m'en vouloir Madame. Je vous propose de nouveau de devenir ma femme. Vous garderez votre titre et les responsabilités qui vont avec. Je garantirai votre sureté et votre bien être.

Par un silence que j'imposais, il sentit l'urgence de me convaincre.

- Vous n'avez pas tant de choix. Soit vous acceptez, soit vous mourrez comme les hommes et femmes de ce château qui se sont opposés à moi.

- Je suis déjà mariée à Haysen, répliquai-je, mais le doute que mon mari soit en réalité mort me donna la nausée.

- Ne soyez pas délusoire. La guerre rage depuis plus d'un an. Il faudra de nombreuses années pour vaincre le royaume de Berchn si tenté que l'armée royale ne soit pas déjà détruite. Je doute qu'Haysen soit encore en vie et je ne vous conseille pas de reposer tous vos espoirs sur sa survie.

- Il reviendra, je le sais.

Je mentais. Je n'en savais rien. Je l'espérais mais j'avais tout de même du mal à croire mes propres paroles. Seule ma fierté face à cet homme m'empêchait de le supplier de m'épargner, m'empêchait de pleurer et de lui montrer à quel point je crains les heures, jours et années qui m'attendent.

Il détacha mes poignets et m'avança à une fenêtre. Tirant le rideau, la lumière du temps grisailleux m'éblouit. Dans la cour extérieure se trouvaient des hommes et femmes forcés à travailler la pierre et le bois. Ils étaient entourés par plusieurs gardes armés.

-Je vous suggère d'agréer à ma proposition, Madame. Ou vous finirez par mourir la première et votre personnel vous suivra dans la mort.

J'étais terrifiée, et lui plus sérieux que jamais.

Deux Ans Après Notre MariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant