Chapitre 26

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Sur le chemin du retour, une pluie chaude tombait sur nous. Devenant de plus en plus forte, je peinais à suivre Haysen. J'aurai voulu que nous nous arrêtions pour nous reposer mais j'avais beau l'appeler, il ne me répondait pas. Peut-être le son de la pluie couvrait ma voix et ne lui parvenait pas ou bien ne voulait-il tout simplement pas m'entendre.

Arrivés au duché, nous descendirent de nos montures devant la porte du château.

- Iridessa, rentrez vous abriter, dit-il prenant les licols de nos chevaux.

Pendant que je montais les marches pour atteindre la porte d'entrée du bâtiment, j'observais Haysen qui s'orientait vers l'écurie.

- Madame! Madame, entrez!

Une jeune servante, m'aillant aperçu mouillée jusqu'aux os, me pressa d'entrer à l'intérieur.

- Oh mon Dieu, Madame! Vous êtes trempée! Je vais vous chercher de quoi vous couvrir, s'exclama-t-elle en partant.

Les quelques servants qui passaient par là me dévisageaient. Sans jamais m'adresser la parole, il continuaient leurs préoccupations.

- Hahhh, comment se peut-il que personne n'assiste la duchesse?

Au son de cette voix, je me retourna, surprise. Un homme relevant la capuche de sa cape, dévoila son visage. Bien que sa barbe est été taillée, je pus le reconnaître facilement grâce à son cache œil. Il faisait parti du groupe d'hommes qui débattaient avec Haysen le soir du siège. Derrière lui, un autre homme essuyait avec sa main l'eau de son visage. Balafre à la joue, il était lui aussi facile à reconnaître.

- Oyy! cria l'homme borgne, que quelqu'un apporte un linge pour Madame!

- Oh, non, c'est bon! Une servante est partie m'en chercher un... merci.

- Mmhh, très bien, dit-il, ses yeux m'analysant.

Les deux hommes restaient à l'entrée, sans dire un mot et par des gestes brusques, ils retiraient l'excédant d'eau qui se trouvait sur eux.

- Madame, j'ai de quoi vous sécher! cria la servante descendant les escaliers au loin.

- Bonne soirée, Madame, dit l'homme au cache œil.

D'un signe de la tête, les deux hommes me saluèrent et partirent. Au même moment, la servante arriva pour me poser sur les épaules un linge épais puis une couverture.

- Madame, excusez moi du retard, j'ai pris le temps d'ordonner qu'on vous fasse couler un bain.

- Ce n'est rien, merci.

- Je vous en prie, Madame. Permettez moi de vous accompagner à votre chambre.

La jeune fille était plus jeune que moi et sans jugement. Elle me faisait penser à Laria. Une fois arrivées à ma chambre, d'autres servantes s'étant occupées du bain m'attendaient pour m'assister dans ma toilette.

- Que tout le monde parte, sauf toi, dis-je désignant la jeune servante.

Une fois le personnel parti, je m'adressa à elle.

- Quel est ton nom?

- Ophélia, Madame.

- Ophélia? C'est un très beau nom, d'où viens-tu ?

- Pardon? Du, du duché, Madame?

- N'as-tu pas des origines étrangères à notre pays? Ton nom et le roux de tes cheveux sont atypique.

- Ahh, oui, Madame. Ma famille a été prisonnière de guerre il y a quatre générations de cela. Ma famille est originaire du pays de Berchn, Madame.

Berchn? Encore Berchn.

- Ah oui? dis-je d'un ton penseur.

- ... Je, je peux améliorer mon apparence si vous le souhaitez, Madame.

- Que veux tu dire?

- Si vous n'êtes pas à l'aise, je peux me teindre les cheveux.

- Pourquoi te teindrais-tu les cheveux ? Non. J'aime ta couleur, répondis-je d'un ton légèrement agacé... Aide moi à me déshabiller, veux tu?

Aussitôt, elle s'exécuta, le sourire sur ses lèvres avait de la peine à se dissimuler. La voyant ravie de ma position envers son apparence, je ne pouvais qu'être satisfaite d'avoir à mes côtés une charmante personne. Peut-être que nous nous entendrons comme ce le fut avec Laria.

***

Après m'être lavée, je me séchais lorsque l'on vient frapper à la porte. Ophélia alla voir puis revient vers moi, un paquet dans les mains.

- Madame, on vient de me donner votre robe pour votre diner. Il aura lieu dans une heure.

Tout en m'apprêtant avec l'aide d'Ophélia, j'appréhendais le repas. La manière dont Haysen et moi avions quitté le champs me laissait perplexe sur sa stabilité. Mais il se sent sans doute mieux s'il n'a pas décidé d'annuler le diner? Une certaine hâte s'était tout de même emparée de mon cœur. Nous avions brisé la glace entre nous, tôt dans l'après-midi, alors il fallait continuer sur cette lancée.

Aussitôt prête, je partis. Bien que j'étais en avance, je ne voulais pas attendre dans ma chambre et je n'avais nul part ailleurs où aller. Derrière moi, Ophélia et Krim me suivaient. Arrivés au salon, j'entra. Ophélia me souhaita une bonne soirée et parti, quant à Krim, il referma les portes sans dire un mot.

Regardant autour de moi, une table garnie de mets parfumants donnait vie à cette pièce vide. De magnifiques décorations décoraient les murs. Les bougeoirs en métaux sculptés étaient disposés partout dans la salle et éclairaient autant que le soleil. A travers les fenêtres, la nuit pluvieuse battait avec force. Constatant cette météo féroce, je plaignais les pauvres gens qui n'avaient ni toit ni possibilité de rentrer chez eux. Aillant fait le tour de cette salle que je découvrais, je vis l'heure de rendez-vous approchée. Assise, j'attendais avec hâte. Mes yeux ne quittaient pas l'horloge à ma droite. Mes mains étaient moites, mon cœur battait la chamade. Etrangement, j'étais stressée, existée, impatiente. Inconsciemment, j'attendais peut-être ce moment depuis voilà deux ans.

Il reste deux minutes. Le temps passait à la vitesse des aiguilles lentes de l'horloge. Quand soudain, le porte s'ouvrit. Tournant ma tête en sa direction, je vis Haysen entrer.

Deux Ans Après Notre MariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant