Chapitre 2

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Les jours passèrent avec lenteur et ennui.

Chaque jour je me retiens de demander au cocher quand est-ce que nous arriverons.

Inconsciemment, je visualise et imagine ma rencontre avec le Duc Valder. J'angoisse. Alors j'essaie de rediriger mes pensées vers autres choses mais sans le réaliser je me retrouve de nouveau en pleine réflexion sur son sujet. Comment est-il? Me respectera-t-il? Pourrons-nous nous entendre et être bons amis? Ou ne prendra-t-il aucune considération de mes sentiments et volontés?

Mes pensées s'entremêlent et étouffent ma notion du temps. Les jours passent sans que je ne m'en aperçoive réellement.

Demain est le jour J. Je rencontrerai mon mari. Vais-je lui plaire? Et si je ne lui plaisais pas? Soudain, je me remémore cette seule rumeur qui circulait à son propos: il ne porte pas d'intérêt aux femmes. Je me rassure en pensant que les rumeurs ont pour habitude de s'inspirer de la réalité. Mon cœur s'apaise alors et je retrouve espoir et confiance, laissant mes inquiétudes aux mains du destin.

Depuis quelques jours déjà, je constate à travers la vitre, que le paysage est sombre et sec. Les arbres sont nus, il fait froid et les nuages opaques bloquent les rayons du soleil. Aujourd'hui est le dernier jour de cet emprisonnement dans le carrosse.

Des bâtiments délabrés habillaient le paysage à perte de vue.

Le carrosse s'arrête brusquement. Après quelques minutes d'immobilité, je décide de sortir. Là, des soldats gardent la porte au pied des murailles. Je m'avance vers l'un d'entre eux malgré les paroles du cocher me le déconseillant. La pluie était douce et rafraîchissait mon corps rigide.

M'approchant peu à peu d'un des gardes, nos regards ne se lâchaient pas. Je m'arrête face à lui puis lui annonce mon identité. Il ne brisa pas son silence, les yeux froids dans les miens, il fit un mouvement de tête bref. Au bout de quelques secondes, la grande porte se souleva faisant trembler légèrement le sol.

Avant de repartir vers mon carrosse, je le remercia brièvement. Il ne répondit rien, toujours impassible.

Une fois la muraille dépassée, les habitations du village sous la protection du duché ainsi que sa population, redonnaient vit à ma perception de l'extérieur. Depuis deux semaines, je voyageais vers le Nord, destination habituellement évitée. Personne sur les routes et un paysage triste ne pouvait que renforcer cette envie de ne pas venir séjourné ici.

Après une vingtaine de minutes de route, je pus voir la demeure du Duc. Mon nouveau "chez moi".

J'ai toujours interprété ces termes "chez moi" comme quelque chose de superficiel. Avant que je ne sois réincarnée, j'étais orpheline. Je déménageais de "chez moi" en "chez moi" sans jamais réellement ressentir un sentiment d'appartenance à un lieu ou a des individus.

Le carrosse s'arrêta devant les marches de la porte d'entrée du bâtiment. Le personnel ainsi que le major d'homme étaient présents pour m'accueillir. Le majordome se présenta à moi tout en m'aidant à descendre du carrosse.

- Bienvenue Madame, je suis Darius votre major d'homme. Je vous prie d'entrer pour vous mettre à l'abris de la pluie.

Me dirigeant vers l'entrée, je regardais furtivement le haut du bâtiment. J'aperçu une silhouette au bord d'une fenêtre observer la cour extérieur d'où je me trouvais. L'homme, après quelques secondes, disparu dans la pièce où il était.

Une fois dans le hall principal de la demeure, Darius ordonna aux dames de chambre de me mener à mes appartements. Par curiosité et incompréhension, je m'arrêta pour lui demander si le Duc ne viendrait pas.

- Non Madame, répondit-il. Il vous souhaite cependant que vous vous reposiez de votre voyage et espère votre installation agréable.

- Et quand le rencontrerai-je?

- Le Duc ne me l'a pas dit, Madame. Je lui ferai part de votre impatience à le rencontrer, répondit-il.

- Merci, Darius.

***

Suivant les domestiques jusqu'à ma chambre, j'observais l'intérieur. Les murs étaient ornés de sculptures et portraits.

Ma chambre était spacieuse et dorée. Quatre fenêtres longeaient le mur, malgré le temps pluvieux, les dorures et l'authenticité des objets remplissant ma chambre brillaient par le reflet des faibles rayons de lumières du soleil.

Je m'allonge sur mon lit, le sommeil s'empare de moi et me plongea dans l'inconscient.

Deux Ans Après Notre MariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant