Chapitre 23

697 50 16
                                    

Lentement mes pleurs cessèrent à la voix d'Haysen.

- ... Je ne serai donc pas punie, n'est-ce pas ? demandais-je.

Un silence trop lourd pour que je le supporte me fit lever la tête. Je le regardais et lui aussi, d'un air grave, ses yeux penchés vers le bas les sourcils froncés.

- J'entends votre raisonnement et vos craintes, cependant ce n'est pas le cas du duché. Tout le monde parlait de votre relation fusionnelle avec Issan, et mes hommes revenant de guerre ne vous apprécient pas pour votre traîtrise supposée. L'opinion publique compte pour diriger fermement le duché et sa population. Je ne peux malheureusement pas vous libérer de cette condamnation. La loi est en votre défaveur et je ne peux vous soustraire à cela, au dépits de perdre le respect de mon statut de duc.

Comme une annonce fatale, j'abandonna toute résistance et posa ma tête sur son torse. Des larmes chaudes et silencieuses reprenaient leur chemin. Les caresses de sa main sur ma tête me berçait. Je m'endormis dans ses bras.

Le lendemain matin je me réveilla seule. J'estimais pouvoir à présent sortir librement de ma chambre, alors je m'habilla pour aller dans les jardins.

En ouvrant la porte je vis Krim toujours garder ma chambre. J'en sursauta, ne m'attendant pas à le voir. J'aperçu qu'il dormait debout, avec délicatesse je fermis la porte derrière moi espérant ne faire aucun bruit. Je ne voulais ni le réveiller ni lui faire face. En réalité je veux ne voir personne. Je suis condamnée au fouet et cette humiliation me hantera, je le sais. Alors je veux fuir ces gens qui dans quatre jours me verront saigner et crier par le fouet. Rien qu'en imaginant cela arriver, je me sentais couverte de honte jusqu'à en brûler mes joues.

Je traversais les couloirs fuyant la moindre rencontre. Une fois dehors, les portes du château passées, je devais traverser la cours. Tentant de ne pas me faire remarquer je portais une longue cape à capuche et marchais d'un air sûr parmi les chevaliers et serviteurs en pleine action dans leurs tâches. Passant près de l'écurie, j'entendis un son aigu et décida d'aller satisfaire ma curiosité constatant qu'il n'y avait personne.

J'entra et regarda dans les box quand soudain j'aperçus un poulain près de sa mère. Derrière moi se trouvaient des pommes rouges que je pris pour les donner aux chevaux. Pendant qu'ils les dégustaient je caressait leurs robes scintillantes. J'étais d'ailleurs assez surprise de leur beauté et de leur propreté.

- De beaux étalons, n'est-ce pas?

Cette intervention me surpris. A ma droite, Haysen se tenait au loin, attendant ma réponse. J'étais mal à l'aise de la situation et surtout des souvenirs de la nuit dernière qui refient surface lorsque je revis Haysen.

- ...Oui.

Haysen approcha alors, prit une pomme et la lança sur le tas de foin qui se trouvait au fond du box. Je ne comprenait pas son geste et par défaut le dévisageais.

- Regardez, dit-il.

Le tas de foin se mit à bouger et un museau sorti pour croquer la pomme.

- Cette jument a adopté ce poulain depuis que sa mère à été abattue.

- ... Pourquoi a-t-elle été abattue ?

- Elle souffrait après avoir été blessé par un loup.

- Un loup, demandai-je stupéfaite?

- Mmh. Avant-hier, lorsque que nous avons sorti les chevaux aux champs, un loup s'était attaqué à son petit mais elle s'est interposée et l'a sauvé.

Voyant le poulain sortir de sa cachette, Haysen posa dans ma main une pomme et tendit mon bras dans le box. Le jeune animal à la robe noire tachetée de blanc s'avança vers moi pour manger. Je le caressa et le nourris de plus belle.

Pendant un moment, le temps s'arrêta. Haysen et moi ne parlions pas et continuait de prendre soin des créatures devant nous.

- Savez vous monter?

Bien que mon père, dans l'indifférence totale de mon existence, ne m'avait ni apprit à monter à cheval, ni donné une éducation à la hauteur de mon titre, j'avais cependant gardé les souvenirs de ma précédente vie. Et je me souviens être monté à cheval, une fois lors d'une sortie scolaire à un festival.

- ... Peut-être. Je ne suis montée qu'une fois.

- Vraiment? Voulez-vous venir avec moi redécouvrir le duché? Cela fait deux ans que je n'ai pu respirer l'air de mes terres.

Surprise de sa proposition, j'acquiesça timidement de la tête. Un sourire s'esquissa sur son visage.

- Très bien! Allons nous préparer.



Deux Ans Après Notre MariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant