Après un rapide rangement, j'ouvris la porte de ma chambre pour voir si Krim était revenu. Il gardait la porte comme à son habitude, immobile, le dos droit et le regard fixer sur le couloir.
- Krim, Krim.
Il tourna ses yeux vers moi, l'air hautin et suspicieux.
- Viens, j'ai quelque chose pour toi, dis-je.
Entrant dans ma chambre sans attendre sa réponse, je m'avançais près des sièges pour l'inviter à s'assoir. Me retournant, je vis Krim entrer dans la chambre m'observant.
- Que puis-je faire pour vous aider?
- Krim, assis-toi, dis-je, lui présentant de la main un fauteuil.
Avec lenteur et méfiance il s'assit.
- Ca fait trois jours que je suis enfermée ici sans pouvoir parler à personne. Partageons les biscuits que la servante m'a apporté.
Pendant que je servais le thé, je sentais son regard m'analyser. Légèrement mal à l'aise, j'entama une conversation.
- Tu m'as encore vouvoyé, j'aimerai que tu ne le fasses plus.
-...
Le silence me culpabilisait de l'avoir invité. Peut-être ne m'aimait-il pas? En aucun cas je voudrais lui forcer un sentiment d'amitié mais comment faire?
-... Le Duc n'accepterait pas que je vous tutoie.
Son intervention me surpris, mais cela me donna de l'espoir.
- Le Duc?
-... Duc Haysen, dit-il.
- Haysen ... sais-tu quand je pourrais le voir?
- Non. Il se réapproprie le duché, cela demande du temps.
- Mmh, je comprend.
Voyant Krim les bras croisés et ferme dans ses réponses je décida d'assouplir l'atmosphère.
- Tiens, dis-je, lui tendant un biscuit qu'il prit. Tutoie moi, ce sera plus confortable pour moi et Haysen n'est pas obligé de l'apprendre. Je doute de tout manière que cela le dérange.
-...
Nous mangions les biscuits et buvions notre thé dans le silence. Je n'osais plus engager la conversation de peur de le faire fuir ou qu'il me réponde sèchement.
-... T'avais vraiment peur de la souris?
Je leva les yeux surprise de sa question. L'expression de son visage était passible et désintéressée. Je ne pouvais m'empêcher de sourire et répondis " Pourquoi? Penses-tu que je jouais la comédie?".
- Je ne sais pas... tu riais trop à mon avis.
- Haha, peut-être. Ton sérieux me laissait sans voix.
A ces mots, il prit un biscuit de plus et croquait dedans avec agacement. Je ne comprenais pas sa réaction et observais son visage quand j'aperçu le bout de ses oreilles devenir rouges. Amusée de sa gène et timidité, j'en profita pour le titiller d'avantage.
- Que fait un jeune garçon comme garde? Ne devrais-tu pas t'occuper de choses plus simples? Comme par exemple ta famille? Ca doit t'ennuyer de surveiller une jeune femme.
-... Je ne suis pas un jeune garçon mais un homme, dit-il d'un air sérieux.
- Mais 19 ans c'est jeune.
- Assez vieux pour que je fasse la guerre. De quelle famille voulez vous que je m'occupe, je n'en n'ai plus depuis mes 11 ans. Et oui, c'est d'un ennui extrême de surveiller une jeune femme jour et nuit mais que voulez-vous? Ce sont les ordres. Bien que de divertir une jeune femme n'en soit pas un, dit-il en se levant. Malgré votre âge, vous ne vous retenez pas sur les enfantillages qui vont font rire. Ne m'appelez plus pour une souris ou pour des biscuits.
- Ah Krim... excuse moi je ne voulais pas t'offenser... Krim!
Il sorti et ferma la porte derrière lui. Qu'ai-je fait? Nous avions bien commencé pourtant. Pourquoi s'est-il vexé aussi facilement? J'avais remarqué qu'il ne m'appréciait pas, j'aurai du prendre mes précautions pour l'approcher...
Déçue de cet échec je ruminais la situation. Comment pourrai-je améliorer notre relation? Peut-être devrais-je m'excuser de nouveau? Mais je n'ai aucune garanti qu'il me pardonne. Les heures passaient et je débattais en moi les différentes manières de regagner la sympathie de Krim.
La servante m'apporta mon repas et je mangeais seule, encore et encore seule. J'étais agacée de cette situation où je dois attendre, craindre et encore attendre. Quel était mon but? Je n'en avais pas. Je n'ai même pas le droit d'en avoir un. Ma vie dépendait de mon père, puis d'Issan et maintenant d'Haysen. Le rejet que j'avais pour cette injustice montait en moi. Fatiguée de mon impuissance je décida fermement d'inviter Krim à entrer pour m'excuser de nouveau.
Lorsque j'ouvris la porte, un torse musclé, habillé d'une chemise entrouverte se trouvait devant mes yeux. Prise par surprise je recula et leva les yeux. Ce ne peut être Krim. Effectivement ce n'était pas lui. L'homme qui me faisait face avait le regard perçant, le même que ce mystérieux homme lors de la nuit du siège il y a trois jours.
- Haysen? demandai-je.
Sur le côté je voyais Krim me regarder avec dédain, il tourna la tête et parti. Quant à l'homme en face de moi, il entra et s'assit sur le sofa.
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Deux Ans Après Notre Mariage
RomansaAprès ma mort, mon âme s'est retrouvée prisonnière du corps de Iridessa Salem. Fille du Comte Zed Salem, mon père arrangea mon mariage avec le Duc Haysen Valder afin d'obtenir la dote sauvant ainsi les affaires de mon père et son titre nobiliaire. ...