Deux jours passèrent depuis le diner que j'avais partagé avec Haysen. Nous n'avions pas eu le temps de nous rencontrer depuis, mais je l'apercevais quelques fois, dans les couloirs ou la cour. Haysen était occupé à organiser la cour pour la condamnation en public d'Issan et de la mienne.
Près de la fenêtre, je regardais le ciel et les étoiles scintillantes. Admirant leur beauté, je tentais de réaliser que demain, je serai fouettée et humilié pour un crime que je n'avais pas commis. Je ne pouvais me préparer à cette situation, qui me paressait irréelle.
La porte de la chambre s'ouvrit puis Haysen entra.
- Iridessa.
Il s'avança jusqu'à moi et avec douceur posa sa main sur ma joue.
- A quoi pensez-vous?
Posant ma main sur la sienne, je blottis ma joue de plus belle dans sa paume. Après un instant, je répondis : "A demain."
Depuis notre diner, j'avais développé une certaine crainte envers Haysen, réalisant qu'il m'était totalement inconnu. Mais j'avais aussi compris, ces derniers jours, qu'il était le seul pouvant me sauver, me soutenir, qu'il était le seul en qui je pouvais compter pour ma survie. Je prie donc la décision de ne pas m'en faire un ennemi. Bien qu'il m'effrayait quelque peu, il était mon époux, et un époux qui se présentait à moi avec de bonnes intentions. Il fallait simplement, que je ne le mette pas en colère. Il désirait une femme fidèle, alors je lui donnerai ce qu'il souhaite. J'apprendrais à m'adapter, je le satisferai et ainsi je survivrai. S'il vient à être comblé par mes efforts d'épouse, il me protégera.
- Ne vous en faites pas, dit-il embrassant mon front, à peine la journée de demain aura-t-elle commencé qu'elle se terminera.
Facile à dire, pensais-je. J'en voulait toujours à Haysen, de ne pas m'épargner la torture que je subirai demain. Mais je ne devais pas faiblir, il ne s'agissait pour moi que d'une énième épreuve, mais cette épreuve pourrait m'absoudre de péchés dont je suis accusée, et ainsi je pourrais vivre une vie simple et tranquille. Je n'étais plus dupe, il fallait que je joue mon rôle à la perfection et que j'attire les bonnes grâces d'Haysen. Après qu'il ait parlé, j'enlaça sa taille de mes bras et plongea ma tête dans son torse. Serrant un peu plus ma prise, je tirais sa chemise vers le bas. En réponse, il me prit dans ses bras également.
Un moment passa. Je devais l'admettre, être enlacée était agréable, bien plus que je ne l'aurai pensé. Ce nouveau rôle que je m'étais attribuée pouvait me permettre de lui montrer ma vulnérabilité sans crainte. Je pourrais pleurer de tristesse ou de peur d'avant Haysen, il me consolera tant que je l'intéresse. Pour la première fois, je réalisais, par la chaleur de son corps, que je n'étais plus seule. Qu'un homme était prêt à me défendre, à me protéger, me nourrir et m'enlacer.
- Iridessa.
Entendant mon nom, je compris qu'il fallait que je relâche ma prise. Je desserrais mes bras l'entourant et leva la tête vers lui.
- Il faut vous reposer pour demain.
- ...
Son sourire était léger et bienfaisant, mais sans aucune tristesse ou pitié pour mon sort.
- Voulez-vous bien dormir ici ce soir?
Surpris, Haysen me regarda pendant un moment, sans rien dire.
- Si vous le voulez, répondit-il.
Il prit ma main et nous nous dirigeâmes vers le lit. Il m'invita à m'allonger, fit le tour du lit pour ensuite s'installer. Il était droit, les mains sur son ventre, sa tête tournée, me regardant. Sous la couverture, je m'approcha de lui, lui qui ne me lâchait pas du regard, puis pris sa main droite, leva son bras pour y poser ma tête. Je passa ma main le long de son torse, toujours les yeux bloqués dans les siens. Il ne bougeait ni ne parlait. Sans réaction, il attendait et se laissait faire.
- Bonne nuit, Haysen, dis-je.
Je ferma les yeux, dont la lourdeur m'était difficile à supporter. Peu à peu, je sentais mon corps s'enfoncer dans le sommeil. Dans mon assoupissement, j'entendis la voix suave d'Haysen me disant "Bonne nuit".
***
- Madame. Madame, réveillez-vous.
Ouvrant mes yeux, je réalisais qu'Haysen était parti. Au pied du lit, Ophélia m'appelait.
- Ophélia?
- Madame, vous devez vous préparer.
Ophélia savait ce qui allait m'attendre de cette journée. Son sourire était plein d'une triste tendresse. Elle m'aida à prendre mon bain, m'habiller et me coiffer. Ma robe était simple et sobre. Mes cheveux furent attachés d'une simple tresse à l'arrière. Etrangement, j'étais très calme. Je ne ressentais aucune anxiété. A vrai dire, tout me paressait irréel, comme si j'étais spectatrice de ma propre vie et de mon propre corps.
On frappa à la porte.
- Madame, il est l'heure, m'annonça le garde.
Un faible rire s'échappa de moi. "Il est l'heure". Je n'étais pas condamnée à mort, mais c'était tout comme.
- Allons-y, répondis-je.
J'avais remarqué les airs surpris du garde et d'Ophélia. Je me sentais fière, fière de n'être coupable de rien même si le monde pensait que j'avais trompé Haysen avec son frère. Je préférais garder la tête haute avant qu'on ne me force à être dans un état misérable, par mes pleurs, mes cris et mes suppliques. Traversant les couloirs, les quelques serviteurs qui travaillaient, me regardaient avec curiosité et pitié. Certaines chuchotaient à mon propos, mais je les ignorais. Arrivée à la porte principale du château, j'entendais les bruits sourd de la foule.
Une peur soudaine s'était emparée de moi. J'avais été calme depuis tout ce temps, mais l'idée que des centaines de personnes attendent de me voir punir m'effrayait.
- Madame, dit le garde, je vous prie de m'excuser, mais je vais devoir lier vos mains avec cette code.
- Pardon?? m'exclamais-je, surprise.
- S'il vous plaît, tendez vos mains pour que je puisse les attach...
- Non.
A mon grand étonnement, Krim intervient.
- Vous vous adressez à Madame la duchesse. Et il ne s'agit pas d'une condamnation à mort ou d'un divorce. Vous devrez, après aujourd'hui, rester fidèle au serment d'allégeance envers notre duc et son épouse.
Krim se retourna vers moi pendant que le garde s'écarta honteusement.
- Madame, dit Krim, permettez moi de vous conduire.
Krim me tendit sa main, que je prie. Il la serra quelque peu et se tourna faisant face aux portes fermées. Mon départ était imminent, et une fois de plus, la réalité me frappa. Je me suis mise à trembler, mes pensées abandonnées à la peur.
- Ne craignez rien, Madame.
Choquée par cette parole, je regarda Krim d'un air confus et presque rancunier. Il ignorait mon regard instant, quand soudain les portes s'ouvrirent.
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Deux Ans Après Notre Mariage
RomanceAprès ma mort, mon âme s'est retrouvée prisonnière du corps de Iridessa Salem. Fille du Comte Zed Salem, mon père arrangea mon mariage avec le Duc Haysen Valder afin d'obtenir la dote sauvant ainsi les affaires de mon père et son titre nobiliaire. ...