Constatant l'attente de ma main tendue vers lui, il la prit mécaniquement et la regarda. Un instant passa, il serra de sa main chaude la mienne pour la porter à ses lèvres. Il l'a baisa lentement puis relevant sa tête, un sourire discret mais chaleureux embellit son visage. Surprise, le rouge monta à mes joues.
-Iridessa, murmura-t-il s'approchant de moi, vos joues sont rouges.
Bien que la situation m'embarrassait, je trouvais plaisant la chaleur de sa paume, la gravité de sa voix et enfin son imposante présence. Je m'accrochais à sa main faiblement mais avec assez de fermeté pour ne pas la laisser s'échapper.
- Iridessa... vos oreilles sont rougies, murmura-t-il près de mon oreille droite. Votre cou l'est aussi...
Je sentais la caresse de ses lèvres effleurer ma peau le long de mon cou pour se poser d'un baiser sur mon épaule découverte par son autre main. De sa bouche, il butina ma peau. Par embarrassement, je mordais faiblement mon index et me voyant le faire il dit: "Permettez moi.". Il prit ma main pour la mettre sur ses lèvres. Après un doux baiser, il captura mes yeux dans les siens.
- Haha, Iridessa, vos yeux dévorent mes lèvres.
A cette parole, je m'écarta, poussée par l'embarras de mes désirs découverts. Mon visage tourné vers le champs, je sentis derrière moi une mèche de mes cheveux tirée vers l'arrière.
- Dînons ensemble, ce soir.
Tournant ma tête vers lui, il tenait ma mèche de cheveux.
- Il est temps de respecter vos conditions, n'est-ce pas?
- Mes conditions ? demandai-je.
- Ne vous en souvenez vous pas? Le soir même du mariage, nous avions signé un contrat de confiance où nous avions posé nos conditions. Vous souhaitiez que nous partagions trois repas par semaine.
- Ah! Oui je m'en souviens.
- Haha, très bien. Alors c'est convenu ? Mangeons ensemble ce soir.
- ...très bien, répondais-je timidement.
Après un moment où il scrutait mon visage d'un air amusé par ma réaction, il dit soudainement "Permettez-moi." posant ainsi sa tête sur mes cuisses.
- Réveillez moi dès que vous trouvez l'ennui.
Le voyant fermer les yeux, ma main se posa sur sa tête, par ce geste je sentis le poids de sa tête s'accentuer.
- Mettez-vous à l'aise, je vous prie, dis-je.
Après un dernier regard, il ferma enfin les yeux posant cette fois-ci tout le poids de sa tête.
Le temps passait et je ne faisais rien, rien que de vivre le moment présent dans son entièreté. Le soleil et le vent chaud nous parfumaient des fleurs du champs. Le clame régnait sur cet endroit et mon cœur, habituellement agité, s'abandonna à la sérénité. Haysen dormait, nos chevaux broutaient l'herbe au pied du chêne et je respirais cet air odorant de verdure et de vie.
***
La météo s'était refroidie et le ciel s'était assombris de nuage gris. Peut-être allait-il pleuvoir? Il faut sans doute que je réveille Haysen. Baissant mes yeux sur Haysen endormit, je remarqua qu'il fronçait les sourcils. Des goutes de sueurs suintaient de son front, posant ma main dessus je sentis une chaleur inquiétante.
-Haysen? Réveillez-vous.
Je répéta son nom plusieurs fois mais en vain. Je pris alors son épaule et la secoua légèrement.
-Haysen, il commence à faire tard, nous devons repartir... Haysen, réveillez vous.
J'insistais mais mes tentatives ne réussirent pas. Au contraire, l'expression d'Haysen s'était empirée. Il transpirait de plus en plus, sa mâchoire crispée et ses sourcils froncés déformaient le haut de son nez.
- Hmmh...
Sa respiration devenait plus forte et des sons inaudibles s'échappaient de sa bouche.
-Haysen! dis-je, secouant avec plus de force son épaule. Hays-...
... Rouvrant mes yeux, j'étais allongée sur le sol. Au-dessus de moi, les gouttes de sueur coulaient le long de son visage pour tomber sur le mien. Ses yeux remplis de haine me menaçaient. Mon poignet gauche qu'il plaquait au sol avec force commença à sentir les fourmis l'envahirent. Nos respirations saccadées par la peur et la surprise s'accordaient.
-Haysen, Haysen vous me faites mal... dis-je au bord des larmes.
Son visage s'illumina à mes paroles, un temps de réalisation l'amena finalement à lâcher mon bras et à s'éloigner de moi. Un moment allongée sur le sol, je repris mes esprits. Mon poignet était douloureux et mon dos me faisait mal depuis le choc lorsqu'il m'y avait projeté contre le sol. Une fois prête, je me rassis. Il était là, la main sur son front, cachant ses yeux. Son torse respirait avec autant de violence qu'il y a quelques minutes. L'interrogeant sur sa condition, je m'approcha de lui.
- H-Haysen, vous allez bien? demandais-je, posant ma main sur son épaule.
Dans un élan violent, il rejeta ma main par un geste de son bras gauche. Nous nous regardions étonnés, ses yeux écarquillés, je le regardait avec surprise et incompréhension.
- Hahh, excusez-moi, dit-il d'un ton agacé. Excusez-moi, je n'ai pas voulu vous faire mal... ni que vous me voyez dans cet état là, conclu-t-il cette dernière partie de la phrase en murmurant.
-... Ca ne fait rien, allez-vous bien?
- Ne vous en faites pas, rien d'inquiétant.
Suite à cette phrase, il se leva et dit: "Nous devons rentrer. Il va bientôt pleuvoir."
- Mais, m'exclamais-je en me levant, êtes-vous sûr d'être en état de monter à cheval??
Reprenant le licol de son cheval, il répondit: "Je vous ai dit, ne vous en faites pas. Reprenez votre monture, nous partons." Ce ton sec avec lequel il s'adressait à moi se différenciait brutalement de la manière dont j'avais pris l'habitude de l'entendre me parler. Silencieusement, je monta à cheval et nous repartîmes.
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Deux Ans Après Notre Mariage
RomanceAprès ma mort, mon âme s'est retrouvée prisonnière du corps de Iridessa Salem. Fille du Comte Zed Salem, mon père arrangea mon mariage avec le Duc Haysen Valder afin d'obtenir la dote sauvant ainsi les affaires de mon père et son titre nobiliaire. ...