Là dernière fois que j'étais sortie en ville, je n'étais accompagnée que d'un garde qui était sous les ordres d'Issan. Mais cette fois-ci, Krim et Ophélia m'accompagnaient. Cette dernière sortie ne m'avait pas laissé un très bon souvenir, et il me fallait absolument de la compagnie pour oublier ma rencontre avec la pauvre Laria dans les rues de la ville.
Le carrosse tanguait, Ophélia était assise à mes côtés, faisant face à Krim. Krim était toujours fermé, me laissant difficilement accès à ses pensées ou ses intentions. Mais aujourd'hui, pleine d'ambitions, j'étais déterminée à briser sa coquille.
- Madame, cela fait longtemps que vous n'êtes pas sortie! Où désireriez-vous aller?! me demanda Ophélia toute précipitée.
- Mmh, j'ai entendu des servantes parler d'une boulangerie qui proposait de délicieux pains. S'aurais-tu où elle se trouve ?
- Oh! Vous parlez sans doute de la boulangerie tenue par la famille Virann! Bien sûr! Leurs pains sont délicieux! Je vous conseille de gouter ceux fourrés à la crème et aux raisins secs! Vous savez-....
Ophélia, plus excitée et impatiente que je ne l'étais, me décrivis une bonne partie des produits que la boulangerie pouvait proposer à ses clients. Son énergie me déroutait parfois, mais son bon fond calmait mes doutes et appréhensions. Alors je l'écoutais débiter sur des tas de sujets. Quelques fois, il lui arrivait de ne presque jamais parler, mais je devinais bien que cela était dû à la fatigue. J'admirais sa manière d'être toujours gaie et entreprenante.
Un raclement de gorge interrompu Ophélia. Krim la regardait froidement, comme pour lui prévenir qu'il fallait qu'elle arrête. Ophélia pouvait paraître naïve, mais c'était tout le contraire. J'avais aperçu en elle une certaine capacité et un talent à ressentir les émotions et ambiances, ainsi elle pouvait agir et manipuler de son mieux ses interlocuteurs pour avantager la situation dans son sens ou dans le mien.
Arrivés au village, nous descendîmes du carrosse pour nous balader dans les ruelles et sur la place centrale. Je prenais du plaisir à discuter avec Ophélia des vitrines ou collations que nous mangions. Un peu plus en retrait, Krim nous suivait dans le silence, désintéressé de nos conversations.
- Ah, s'exclama Ophélia!
- Qui a-t-il?
-Ah, Madame, ce n'est rien... Je viens de d'apercevoir mon frère au loin.
- Mmh, veux-tu aller le voir?
Ophélia insistait qu'il n'était pas nécessaire pour elle d'aller le saluer, mais je savais qu'il lui arrivait de ne pas voir sa famille pendant de longues semaines à cause de son travail au château. Après l'avoir convaincue avec insistance, elle partit le saluer.
- Krim! Ophélia restera avec sa famille jusqu'à l'heure de notre retour. Y a-t-il un endroit où aimerais-tu aller?
-... Non.
- Haha, très bien. Suis moi.
Dans un premier temps, j'hésitais à l'ennuyer en l'emmenant dans les merceries et autres boutiques d'arts féminins, mais pendant que nous marchions, je vis au loin la vitrine d'un magasin d'armes. Une fois entrés dans la boutique, Krim me demanda ce que je voulais faire dans un tel endroit. Pendant que je caressais de mes doigts les lames à disposition sur la table de présentation, je répondis :
- J'aimerai m'acheter une arme de défense, et peut-être aussi trouver un présent pour Haysen. Aurais-tu une recommandation pour moi?
D'un air pensif, Krim regarda autour de lui. Enfin, il me présenta une dague dont le pommeau était orné d'une pierre verte.
- Celle-ci est élégante et facile à dissimuler, me dit-il.
- J'aime beaucoup, merci!
Je l'aperçus légèrement embarrassé, puis je m'écartai pour regarder les autres armes à disposition. Tout en me questionnant sur ce que je pourrai offrir à Haysen, mes yeux se posèrent sur de petites trouvailles.
***
En sortant de la boutique après avoir effectué mes achats, Krim et moi reprirent notre balade.
- ... Tu sais, tu n'auras pas besoin de cette dague quand je suis à tes côtés. Je suis apte à te protéger si c'est ce que tu crains.
"..." Je le regardais surprise, ne m'étant absolument pas attendue à ce doute qu'il pouvait avoir.
- Je ne te sous-estime pas, Krim, lui dis-je avec un sourire. C'est simplement que ces deux dernières années m'ont fait réaliser que le danger peut apparaître n'importe où et à n'importe quel moment. J'espère, bien sûr, ne jamais me retrouver dans de pareilles situations.
Krim ne me répondit pas, mais je sais qu'il fut attentif à mes paroles. Je dirigeai alors notre promenade vers la fontaine et m'y assise, Krim faisant de même.
- ... Tu crains qu'il ne revienne?
Cette fois-ci non plus, je ne m'attendais pas à sa question. Le lendemain de mon procès, Issan fut de nouveau jugé pour ses nouveaux crimes qui venaient d'être mis en lumière. Je n'avais pas désiré être présente, car même si je le détestais, je ne souhaitais pas assister à son exécution si tel aurait été sa sanction. J'envoya alors Ophélia, afin qu'elle puisse me raconter dans les détails ce qu'il allait se passer. Finalement, la sanction choisie aurait peut-être été moins souhaitable à la mort, surtout pour Issan dont la fierté était démesurée.
Issan, après jugement, fut condamné à quatre châtiments: la révocation de son nom et de son héritage; la flagellation, deux-cent coups de fouets pour pénitence; le supplice de la langue coupée, pour le punir de ses paroles honteuses envers la duchesse; et enfin, l'exile éternel.
- Non. Maintenant qu'Haysen est là, nous aurons le temps de nous préparer et de nous protéger si jamais il devait retourner en guerre. Et puis, je doute qu'Issan puisse rallier du monde à sa cause, si jamais il décide de ne pas abandonner. Ne pouvant plus user de sa parole ni de son titre, je doute qu'il puisse revenir.
L'orientation que prenait notre discussion semblait ternir l'ambiance.
- Ah, Krim! Voilà pour toi!
Je tendis un paquet dont il s'empara. En ouvrant celui-ci, Krim glissa un regard dans la pochette ouverte, agréablement surpris, il me sourit.
- Alors, tu aimes??
- Oui. Merci.
- Tu as remarqué? Cette dague est identique à la mienne. Je l'ai prise, d'ailleurs, car la pierre qui orne le pommeau est de la même couleur que tes yeux bruns.
Krim, surprit une fois de plus, ne plus alors cacher son embarras. Posant sa main sur sa bouche, comme pour cacher son visage, il évitait mon regard. En tournant sa tête à mon opposé, ses oreilles rougies se dissimulaient dans les ondulations de ses cheveux.
Salut tout le monde! Ça fait un an maintenant que j'ai commencé à écrire cette histoire, merci aux fidèles!! J'avais promis, il y a quelques mois, que je sortirai un chapitre par semaine, c'est malheureusement plus difficile que je ne le pensais. Mais sachez que même si je peux avoir du retard, je n'abandonnerai pas cette histoire, et espère vous voir lire le chapitre final, en espérant que l'histoire vous intéresse toujours autant. Merci encore et je vous souhaite un bon été!! <33
PS: je ne reçois plus les notifications des commentaires... J'essayerai d'être plus vigilante pour vous répondre!
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Deux Ans Après Notre Mariage
RomansaAprès ma mort, mon âme s'est retrouvée prisonnière du corps de Iridessa Salem. Fille du Comte Zed Salem, mon père arrangea mon mariage avec le Duc Haysen Valder afin d'obtenir la dote sauvant ainsi les affaires de mon père et son titre nobiliaire. ...