SOUS SON EMPRISE [ Dark Romance ]

Chapitre 15

Malia

Je quitte ma chambre une heure après, avec l'esprit légèrement embrumé. Beaucoup embrumé. J'ai vidé ma bouteille. J'avance dans le manoir pour rejoindre la cuisine. En chemin je croise Nina qui me souhaite une bonne nuit en m'informant que les garçons sont partis. Parfait ! Mon estomac gargouille énergiquement, mais ce n'est pas de la nourriture qu'il me faut. Pour l'instant, tout ce que je peux faire, c'est boire pour oublier, pour échapper à cette réalité qui me dévore de l'intérieur. J'ai peur de ne jamais sortir d'ici, de ne jamais retrouver ma liberté, de rester enfermée dans ce cauchemar pour toujours.

J'allume les lumières de la réserve pour y chercher plusieurs bouteilles d'alcool fort. Un whisky dans une main, de la Vodka dans l'autre je ressors pour aller dans le salon. Je veux oublier ma vie de merde. Je claque les bouteilles sur la table basse en m'agenouillant sur le tapis pour les ouvrir.

— Opium ! Viens mon bébé !

J'appelle mon chat en buvant directement la vodka à la bouteille. Je chauffe de plus en plus, mon esprit se détend au rythme de mes gorgées. Putain de merde ! Cette vodka va me faire péter les neurones ! Elle est vachement forte. Mon bébé arrive en lâchant un grand bâillement pour se frotter contre moi.

— J'ai besoin d'un câlin, soupiré-je en le soulevant pour plonger ma tête dans son magnifique pelage soyeux. Il faut que je quitte cet endroit. Tu le sais pas vrai ? Et toi tu dois partir si jamais je disparais. Te trouver une nouvelle famille pour prendre soin de toi. Tu seras toujours mon bébé d'amour.

Pendant de longue minute je le serre contre mon cœur en l'embrassant et le câlinant. Je l'aime de toutes mes forces et notre séparation va être un déchirement.

— Sauve-toi dès que la porte est ouverte. Toi tu as encore le choix. Trouve-toi une belle petite chatte et fais-lui plein de bébé.

J'éclate de rire en embrassant son petit nez humide parce que je commence clairement à être bourrée. Opium est castré ! Je le pose sur un coussin en inspirant profondément avant de reprendre ma bouteille pour me soûler et avancer jusqu'au piano d'Élio. La nuit quand je n'arrive pas à dormir je viens ici pour jouer. Et ce soir j'en ai très envie. C'est plus fort que moi j'en ai besoin. Je m'installe sur le siège en relevant le clapet. Je ressens toujours ce moment d'excitation quand je suis face à un instrument. Celui qui te prend aux tripes, qui fait vibrer ton être entier et apaise tes peines. Je pose la bouteille sur le haut du piano en essuyant ma bouche du revers de la main, inspirant profondément avant de poser mes doigts sur les touches. Les premières notes d'une de mes musiques préférées résonnent, celle que mon père chantait pour ma mère régulièrement.

La plus belle chanson d'amour à mes yeux.

"All of me" de John Legend.

La mélodie est sublime, mais les paroles sont incontestablement les plus belles. Je dois la chanter. La mélodie me ramène à une époque où ma vie était si différente. Où j'étais libre de faire mes choix, d'aimer qui je voulais, et de rêver de l'avenir. Maintenant, je suis ici, prisonnière dans ce manoir, retenue par un bracelet électronique à la cheville. Je n'ai plus le moindre contrôle de ma propre vie.

"What would I do without your smart mouth"
"Que ferais-je sans ta charmante bouche"

"Drawing me in, and you kicking me out"
"Tu m'attires et tu me vires"

"Got my head spinning, no kidding, I can't pin you down"
"Tu me fais tourner la tête, sans blague, j'arrive pas à te cerner"